Court séjour retour

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Désolée pour le retard, j'espère que vous passez de bonnes vacances, et félicitation à tous les bacheliers ! :) Bonne lecture  !


         Les recherches n'avaient rien donné et la petite Emelï restait introuvable. Aïkida avec Athkor, et Othar avec Eshkhan, accompagnés d'une troupe d'elfes et de combattants doués pour retrouver des pistes, avaient passé l'après-midi sur le champ de bataille. Mais rien. Aucune trace, aucun indice, aucune odeur, aucun enfoncement dans la terre. Rien. Elle avait complètement disparue. Les recherches s'étaient ensuite approfondies dans les bois alentours, mais la petite Ar-Feiniel restait introuvable.

         Au fur et à mesures que les heures étaient passées, le visage d'Aïkida s'était crispé pour ensuite devenir impénétrable, froid et distant. Mais il n'y avait pas eu une seule grimace d'abandon. Ses yeux bleus n'avaient été cernés que par une détermination indestructible.

        Elle retrouverait sa sœur, même si cela devait lui prendre des années.

        Leeroy quant à lui, ne s'était pas joint aux recherches. Il avait passé la journée dans la bibliothèque, accompagné d'Alex. Les deux jeunes hommes ne s'entendaient pas plus que cela, mais leur mission commune leur avait fait oublié tout ressentiment. Lorsque le soleil avait commencé sa descente vertigineuse vers la nuit, le jeune blond s'était retiré dans les appartements de son frère de combat.

        En face du lit de Tarek, Leeroy attendait. Le dragonnier avait dormi toute la journée, et son frère d'arme n'attendait plus que son réveil pour pouvoir discuter avec lui.

        Soudain un gémissement tira le jeune blond de ses pensées.

— Tu es enfin réveillé ! s'exclama-t-il.

— Il paraît. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? soupira le jeune brun en se massant le crâne.

— Tu ne te souviens pas ?

Tarek s'assit sur son lit en posant ses pieds au sol. Il prit sa tête entre ses mains et appuya ses coudes sur ses cuisses, tentant de se souvenir de la matinée.

— Je crois que je me souviens d'une statue qui me parlait, c'était assez bizarre.

Leeroy soupira et s'adossa contre le dossier de sa chaise en bois.

— Le soleil était à peine levé que tu étais déjà ivre mort.

— Je ne m'en souviens plus.

— Évidemment... soupira-t-il. Tu sais que ce n'est pas la bonne solution.

Tarek ne répondit pas, le visage enfoui dans ses mains. Leeroy ajouta d'une voix compatissante :

— Tu sais, tu ne pourras pas te cacher dans l'alcool toute ta vie. Il faudra que tu affronte la vérité.

Le jeune brun releva la tête vers son ami et déclara d'une voix grave :

— Leeroy, je ne fais que ça, affronter la vérité., jour et nuit. Tu sais ce que c'est, toi ? Tu c'est ce que c'est de vivre avec ce vide qui t'empêche de respirer, qui te compresse les poumons et qui t'étrangle ? À chaque respiration, chaque souffle, cet étau invisible qui se resserre, tu ne connais ? Tu le vis ? Ce vide qui ne me quittera jamais ? Tu sais ce que c'est de vivre une agonie perpétuelle ? Tu sais ce que c'est ? Non, évidemment tu ne sais pas, personne ne sait.

— Tarek, tu... tenta Leeroy.

— Attend laisse-moi finir, coupa le jeune brun en levant la main. J'ai encore un peu d'alcool dans le sang alors écoute bien ce que je n'aurai pas le courage de cracher sans. Tu te souviens à quel point ça faisait mal lorsque le Masque Noir nous a coupé de nos dragons lors de la séance de torture d'Aïkida ? Tu te souviens à quel point tu te sentais seul ? Sans ta dragonne ? Et bien non, tu n'étais pas seul. Tu ne l'as jamais été. Ce lien qui unit un dragonnier et son dragon est invincible tant que les deux êtres sont vivants. Le lien n'était pas rompu, mais seulement atténué, presque imperceptible. Mais il était bel et bien là. Tu te souviens de ce vide ? De ce sentiment de solitude ? Et bien je vis bien pire depuis quelques jours. La douleur est multipliée, la solitude est intensifiée et le vide ne fait que creuser mon âme. Il n'y a plus rien, ce n'est plus que le néant. Sans nous en rendre compte, nous avions toujours ce lien avec nos dragons, nous savions qu'ils étaient en vie, et c'est pour ça que nous ne sommes pas inquiétés. L'inconscient était plus fort. Mais là Leeroy, il n'y a plus rien du tout. Je ne ressens plus rien, seulement ce trou béant dans ma poitrine qui ne se comblera jamais. Cette impression de tomber et de sombrer à chaque instant, ce haut de cœur lors d'une chute, je les vis chaque jour, chaque minute et chaque seconde. Je ne vole plus sans Brusanth, je chute, je tombe à jamais dans un gouffre éternel.

La Fille Gelée et la Face CachéeWhere stories live. Discover now