Les flèches

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         Suron eut juste le temps d'entendre un ordre de la part du cavalier avant de sombrer dans l'inconscience.

— Amenez le au Roi et au Prince.


        Malgré l'obscurité de la nuit, les quelques rayons qu'offrait la lune avaient permis à Hyamendacil d'assister à la scène qui venait de se dérouler plusieurs mètres plus bas.

— TIREZ !! hurla-t-il à l'intention des archers qui se tenaient à ses côtés sur une épaisse branche d'un vieil arbre.

La pluie meurtrière s'abattit sur l'ennemi au sol. Mais le cavalier et les deux soldats qui emmenèrent Suron y échappèrent, protégés par leurs boucliers. Le cheval non plus ne fut pas blessé.

— Nous n'avons plus de flèches ! hurla un elfe pour se faire entendre par son supérieur.

L'ancien Chef Soldat serra les mâchoires mais n'eut pas le temps de maugréer plus.

        Un elfe couvert de doré se jeta sur lui. Hyamendacil eut juste le temps d'esquiver l'attaque et d'assener un puissant revers de coude à son adversaire, l'envoyant ainsi chuter dans le vide pour atterrir sur l'un de ses confrères quelques mètres plus bas.

Ses yeux fouillèrent de nouveau la fourmilière qui grouillait de parasites à la recherche de son coéquipier. Lorsqu'il aperçut enfin Othar, il rangea son épée dans son fourreau et s'écria :

— Túrin ! Tu prends les commandes ! Je descends !

Il reçut un hochement de tête de la part de l'archer qui lui avait parlé un peu plus tôt et qui s'empressa de vociférer de nouveaux ordres à ses compagnons.

        Hyamendacil quant à lui, se mit à courir vers le large tronc d'arbre et commença sa descente. Rapide et habile, s'agrippant à l'épaisse écorce, il ne lui fallut que quelques minutes pour rejoindre la terre ferme, recouverte de boue glissante et traîtresse. Il put dégainer de nouveau son épée, saisissant un poignard dans son autre main, et se rua dans la bataille.

        Mais il n'attaquait pas, il se contentait de se défendre, d'essuyer les coups tandis qu'il avançait en jouant des coudes, effleurant de peu les lames meurtrières.

        À bout de souffle, il réussit enfin à rejoindre Othar.

        Ce dernier avait perdu son casque, dévoilant son visage aux lueurs de la lune. Son crâne, tout comme sa peau et ses oreilles pointues, était recouvert de sang, de boue et de sueur que la pluie avait cessé de rincer. Son regard était dangereux, noir d'une force qui faisait frissonner chacun de ses ennemis. Ses mâchoires carrées étaient serrées alors que tous ses muscles étaient tendus, tirant sur cette épée elfique pour lui faire commettre les crimes les plus terribles. Sans cesse en mouvement, faisant fi de ses blessures et oubliant la douleur de son genoux ensanglanté, le jeune elfe faisait honneur aux rumeurs. Aux côtés de son loup qui déchiquetait quiconque osait s'approcher, Othar combattait, plongé dans la violence de la bataille.

        Tout n'était plus que sang, boue, hurlements et mort. Si vous aviez la chance de garder l'équilibre sur le sol glissant, vous risquiez à tout moment de trébucher sur un cadavre camouflé dans la nuit. Il était de plus en plus difficile de distinguer l'ennemi de l'ami, leurs armures initialement dorées désormais couvertes de boue et de sang, se fondant dans l'obscurité. Parmi les malheureux qui avaient perdu la vie, se trouvaient également des chevaux et des loups, eux aussi piétinés par la marée sanglante qui inondait les terres des elfes.

La Fille Gelée et la Face CachéeWhere stories live. Discover now