Les douze

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Ne lâchez pas le fil de la folie...

Accrochez-vous...

Ça en vaut la peine.

Bonne lecture...

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Ça y est, on y est.

Je tire sur le frein à main et coupe le moteur. Je regarde un instant autour de moi et la rue me semble différente. Je crois surtout que je ne réalise pas très bien que je ne verrai plus cette petite rue. Je me détourne vers l'école maternelle sur ma droite pour me changer les idées, observant les enfants courir et jouer dans cette cour.

Ils ne m'amusent même plus.

Pourtant, il y a quelques semaines, je ne voulais surtout pas louper le petit brun qui s'accroche au grillage et s'époumone à faire croire qu'il est en prison. Je pense qu'en réalité, il a été mon dernier fou rire sincère. La bonne humeur m'a quitté depuis peu. Elle a été remplacée par un melting-pot de toutes les émotions négatives et quand bien même j'ai l'impression d'être folle depuis longtemps, en ce moment, cette folie s'est décuplée.

Parfois, ça me fait peur, parce qu'en une journée je peux passer d'un éclat de rire nerveux à des sanglots, à la honte, pour enfin terminer verte de rage en ayant envie de tout casser autour de moi. De toutes ces émotions, c'est encore Colère que je préfère. Je ne supporte plus cet état, mais je sais qu'aujourd'hui je mets fin ces crises.

Enfin... j'espère.

Je me secoue la tête pour éviter d'y penser et observe cette porte d'entrée. Je suis figée et me sens perdue. J'ai le sentiment d'être un légume qui attend de se faire découper en morceau et bouillir dans une casserole. Je soupire, l'attente est trop longue, mais bien sûr ! Il a fallu que je sois en avance.

Bravo ! Je te félicite ! Comme d'habitude...

Oh, ça va !

Je maudis la partie de moi qui a cette fichue manie. Si j'avais pour une fois choisi d'être en retard, je ne serais pas là, à trépigner dans ma voiture comme une idiote. Ça m'agace, c'est toujours la même histoire : j'arrive dix minutes avant l'heure, scrute les alentours en me mâchouillant le petit doigt. Toujours le droit en plus. Je le plains quand je réalise que ma peau commence à friper. Ça m'embête vraiment, mais je sais aussi que je ne peux rien y faire : la ponctualité, enfin, l'extrême ponctualité est ancrée dans mes gênes.

Ça et le fait que je n'arrive pas à mentir. J'ai l'impression que si je sors un bobard, une pancarte illuminée s'affiche dans mon dos en clignotant : coupable !

Aussitôt nerveuse, je me mets à paniquer. Je craque et révèle tout. C'est exaspérant... j'aimerais bien cacher certaines choses.

Enfin, choses...

Garder mon jardin un peu secret. J'y travaille un peu plus chaque jour, mais c'est difficile de se débarrasser de ces deux automatismes.

D'ailleurs, mon doigt commence à être un peu mou...

Je délaisse mon auriculaire et regarde mon tableau de bord.

Plus que vingt minutes et tu te sentira mieux...

Ouais... mais non ! [TOME 1]Where stories live. Discover now