Ça craint !

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J'entre dans ma voiture et tourne la clef. Single Ladies résonne dans l'habitacle. Je ne peux retenir un petit sourire satisfait.

Toujours là quand j'ai besoin d'elle.

Je prends ça comme un signe et commence déjà à bouger mes épaules en sortant de la rue. Je roule pour échapper à ce quotidien que je ne vivrai plus, à cette boule dans le ventre et dans ma gorge censée disparaitre maintenant. Je ne veux plus subir ce sentiment écrasant, affligeant, qui me ronge. Le trajet file avec la musique à fond, je traverse les rues que j'ai parcourues ces dernières années en me promettant d'oublier cette période de ma vie. Les autres automobilistes, trop lents parfois pour mon besoin de liberté, s'écartent même par magie. Je veux partir, vite et loin. Plus je roule, plus je me rends compte de ce qui vient de se passer. Ce n'est que lorsque je stationne ma voiture dans cette petite rue étroite du centre-ville, quelques minutes plus tard, que ma gêne revient au galop. J'observe un instant les gens autour de moi. Ça me fait drôle d'être ici. Je dérive sur la droite et fixe cette petite porte qui ouvre sur mon nouveau chez moi.

Enfin... pas tout à fait...

C'est étrange de retourner vivre chez ma mère. C'est vrai que j'ai quitté plutôt jeune le cocon familial, mais ça ne l'empêche pas d'être toujours là pour moi.

À dix-neuf ans, je suis partie vivre à l'autre bout de la ville, pour ensuite m'installer avec Matt. Et à vingt-deux ans, me revoilà au point de départ.

Ce sont ma sœur et ma mère qui ont débarqué le soir où je les ai appelés pour leur dire que Matt me quittait. Maman m'a pris dans ses bras comme si elle voulait aspirer toute ma souffrance en elle. Je ne suis pas très à l'aise, mais le point positif malgré tout, c'est que je profiterai un peu plus d'Eva. Ma sœur et nos moments rien qu'à nous m'ont manqué même si nous nous sommes éloignées durant un temps.

Ouais...

Oh Emma ! Ne me dit pas que tu vas encore pleurer comme une petite fille névrosée ?

Merde, hein !

J'ai été prise d'un malaise parce que j'aurais pu faire de meilleurs choix, sauf que je n'étais pas prête à affronter ma solitude – et je ne le suis toujours pas. Dans tous les cas, ma mère m'accueille les bras ouverts et ça suffit à me réchauffer le cœur.

En même temps, suite à son divorce avec mon père, c'est même naturel pour moi de revenir auprès d'elle. Mon père, quant à lui, est bien loin de tout ça. Je lui parle à peine tous les deux mois. Ce n'est pas que je n'en ai pas envie, c'est juste que la distance a fait son œuvre après la séparation de mes parents. Ça me fait d'ailleurs penser que je ne lui ai rien dit pour ma rupture. J'ignore ce qu'il va en penser, mais je suis persuadée qu'il ne portait pas Matt dans son cœur.

J'y pense encore en entrant dans l'immeuble. Je suis étonnée comme d'habitude. Je ne sais pas si Cynique et moi finirions par nous habituer à cette entrée digne d'un vieux film. J'ai à peine ouvert la porte qu'elle pouffe de rire. Je la comprends, le dépaysement est total. Entre le papier peint à fleurs et lambris en bois partout, sans oublier la moquette sur les marches en rouge pétant. Le genre de couleur qui pique les yeux et rend aveugle si on la fixe trop longtemps. On a l'impression que le temps s'est arrêté dans ce bâtiment. Je grimace puisqu'en plus de ça, il faut que je monte quatre étages à pieds.

Ça dépend... si on installe un truc pour les petits vieux où tu t'assois dessus et où ça monte tout seul, ça devrait le faire, non ?

Mouais... ça coûte cher ce machin ?

Ouais... mais non ! [TOME 1]Where stories live. Discover now