Dixième chapitre

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Une bribe de conversation me parvient alors que j'essaie de lutter contre le sommeil.

« J'espère qu'il la traitera comme une prisonnière, disait une voix que je reconnais comme étant celle de Liam.
- Pourquoi ? (c'est une voix inconnue)
- Elle le tuera dès qu'elle en aura l'occasion, poursuit l'Alpha châtain.
- Mais elle est quand même revenu le défendre d'après ce que j'ai compris.
- Après lui avoir tiré une flèche qui aurait pu le tuer. La prochaine fois, elle la lui plantera dans le cœur et essayera de le ranimer après.
- Assez, les interrompit une voix dominante. »

Celle de l'Alpha-né. Je n'ai pas le temps de réfléchir à cette discussion plus longtemps car malgré ma lutte acharnée, le sommeil m'emporte.

Je suis réveillée par un horrible haut-le-cœur. Mon estomac balance de haut en bas, il me semble qu'on le soulève puis le raplatit en l'espace de quelques secondes. J'ouvre lentement les yeux en contrôlant mon envie de régurgiter et essaie de me rappeler des événements de la veille.

Je me souviens du combat, des oméga hystériques autour du cadavre de Grover, de Zayn s'approchant, de ses mots. Ensuite une légère douleur puis... le trou noir. Je me remémore aussi une partie d'une conversation que j'ai entendu alors que j'étais encore dans les brumes du sommeil. Puis rien.

Je tente de me frotter les yeux et réalise aussitôt que je ne peux pas bouger bouger mes bras à ma guise. Au dessus de ma tête sont liés au bois par une énorme chaîne mes deux poignées croisés. Je tire sur mes liens pour tester leur solidité bien que je sais que c'est impossible que je ne les brise ou m'en extirpe.

Je panique alors légèrement et je regarde autour de moi pour essayer de deviner où je suis.

La bougie située sur la table à quelques mètres de moi projette une faible lumière et me permet tout juste de comprendre quelque chose que je sais déjà : l'endroit m'est complètement inconnu. Je baisse les yeux sur mon corps et soupire de soulagement en me rendant compte que mes pieds ne sont pas entravés. Ce qui me surprend c'est le vêtement que je porte.

Papa s'est toujours fait un devoir de nous instruire. Il disait que Instinctus avait tout mélangé. Le passé, le présent, le futur. Tout est entrecroisé. Il nous racontait divers histoires à propos de différentes époques se retrouvant toutes dans le présent. Tout était cumulé. Certains endroits dans le monde avait évolué et d'autres régressé. Certains « peuple » avaient développé l'informatique voyant là peut-être un échappatoire, un espoir de sauver le monde, d'autres avait favorisé le retour à des époques plus antérieures, comme le retour à la préhistoire pour survivre. Papa disait que c'était une forme d'anarchie, rien n'était plus organisé. Il nous considérait comme des reclus mais pas des sauvages car nous étions instruits.

Et donc c'est pour cela que je sais que ce que je porte est une robe, même si jusqu'ici, je ne cachais ma nudité qu'à l'aide de vieux linges, de fleurs issus de la nature ou de simples tuniques. Je me rappelle quand j'avais 12 ans : Séléné et ses yeux émerveillés quand elle a vu pour la première fois une robe dans un des papyrus que Papa gardait dans sa hutte. Elle est complètement tombé sous le charme du vêtement et à partir de là, porter une robe est devenu son rêve.

Moi en revanche, je n'ai pas apprécié ce vêtement car je n'arrivais pas à me visualiser me battre à l'intérieur. Il réduirait tout mes mouvements et avant même que je me lève, je serais morte. Mon idée était toute faite et pourtant la robe que je portais ne ressemblait en rien à celles qu'on nous avait maintes fois montré. Les manches sont longues et s'évasent, certes cependant elle n'est pas aussi longue que celles des schémas. Elle m'arrive juste sous les fesses ; le tissu est doux mais extrêmement fin ce qui laisse entrevoir tout ce qui se trouve en dessous - et je ne porte rien. J'ai l'impression d'être couverte et nue à la fois.

Instinctus - zjmWhere stories live. Discover now