Douzième chapitre

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C'est bien la première fois que je vois de la surprise passer dans les yeux de celui qu'ils appellent leur « maitre. Ces deux mots énoncés. Notre bébé. C'est aussi une révélation pour moi-même cependant l'Alpha-né semble deux fois déstabilisé que moi même s'il affiche de nouveau son expression habituel quelques secondes après.

- Je ne les laisserai jamais faire, murmure-t-il sur un ton dur en effleurant ma joue.

Et son regard sincère m'abasourdit littéralement. J'entrevoie une minute une part humaine que je pensais inexistante chez ces monstres dénué de sentiments ou compassion cependant je chasse très vite cette idée, me rappelant de quoi ils sont capables.

Sa main sur ma joue remonte jusqu'à mes poignées, fermement entravés par les chaînes et il me fixe tel un faucon guettant les moindres gestes de sa proie.

- Je vais te libérer, m'apprend-il lentement. Si tu tentes quoi que ce soit, ce sont les tiens qui le payeront.

Je me raidis automatiquement et lui lance un regard haineux. L'idée qu'il puisse avoir une quelconque humanité encore caché en lui se désintègre entièrement.

Il exerce une forte pression sur mes liens et je reste stupéfaite en les entendant craquer et tomber. Je me frotte mes poignées endolories et me retiens de lui demander comment il a fait.

- Il nous reste quelques heures avant d'arriver à destination, tu dois te reposer.
- Je n'ai pas envie de dormir, je rétorque sèchement, mentant.
- Ce n'était pas une question, contre-t-il en se levant, me regardant désormais de haut.

J'ignore sa phrase et essaie de me relever cependant mes jambes, trop engourdies, me lâchent. Aussitôt Zayn m'attrape et me stabilise. Je le repousse et titube jusqu'à la table en bois où se trouve la bougie pour prendre appui. Mon corps entier me fait mal, je meurs de faim et de soif, je n'ai jamais été aussi faible.

Je respire profondément et avale ma salive cependant je suis tellement assoiffée que le simple fait de déglutir m'enflamme la gorge. Cette punition me réduit en miette sur le plan physique, mon corps a été poussé à l'extrême mais j'essaie vainement de montrer que je peux être plus forte que ça.

- Iris ! S'exclame Zayn et la minute d'après, la jeune femme coiffée d'une longue tresse apparaît en écartant le rideau.

Elle fixe directement son regard sur le seule homme de la pièce, m'ignorant complètement.

- Occupe-toi d'elle, lui ordonne ce dernier.

Son nez se retrousse tout comme le mien en entendant ces paroles.

- Je n'ai pas besoin-..
- Ne conteste pas ce que je dis, me coupe-t-il froidement et les ondes qui émanent de lui m'oblige à faire profil bas.

Je n'ai malheureusement pas de force.

- Et je te déconseille d'essayer de la tuer, ajoute-t-il en s'éloignant. Tu ne voudrais pas tuer le peu de vraie famille qu'il te reste.

Il s'en va dans la pièce qui m'est inconnu et dont je ne peux avoir un aperçu à cause du rideau. Je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche que la dénommée Iris le suit, me laissant statufiée suite à ses mots. Je reste immobile pendant de longues minutes et je suis si plongée dans mes pensées que je sursaute quand la jeune femme réapparaît. Mon attention se focalise – non pas sur elle mais sur ce qu'elle tient dans une de ses mains : un panier de fruits.

Elle me le tends et je ne me fais pas prier, lui arrachant presque des doigts. Encore trop faible pour me maintenir debout correctement, je m'assois et croque dans le premier fruit qui me passe sous la main. C'est une prune. Le jus coule rapidement dans gorge et je pousse un profond soupir.

Instinctus - zjmWhere stories live. Discover now