3. Dans nos tours joyeux

28 4 1
                                    

Brûle.

Cesse donc de hurler, cesse de laisser les ombres envahir ton regard – ce que tu me cries par tes yeux (brûle, brûle, crève) est suffisamment clair. Oui, j'ai trahi, oui, j'ai menti et oui, sans doute t'ai-je horriblement blessée – qu'en sais-je ? Mais tu étais prévenue, n'est-ce pas ? Ne t'avais-je pas dit, mille fois répété, que je n'étais pas quelqu'un de bien ? Ou même, parce que c'est ridicule de croire que c'est ma nature et que je n'y peux rien, que je n'avais pas envie d'être quelqu'un de bien ?

Tu t'es engagée à tes risques et périls, ma jolie, malgré mes avertissements. Ne t'en prends qu'à toi-même. À quel point faut-il être naïve, dis-moi, pour penser pouvoir changer quelqu'un comme moi ? Tes illusions ont toujours été délicieusement douces – mais voilà, moi je peux en rire, toi tu n'es capable que de pleurer désormais.

Et – mais comme c'est ridicule ! – voilà que tu m'écoutes quand je te propose de recommencer à zéro, de nous laisser une chance, malgré la méfiance qui persiste – qui persistera toujours – tes yeux s'allument d'espoir. Allons bon, tu n'as donc pas compris ? Ou, au contraire, préfères-tu te voiler la face ? Cela n'a aucune importance. Tu as pris ton parti, celui de me laisser te détruire encore, et j'ai pris le mien, celui de te prendre tout ce que je peux jusqu'à ce que je m'en aille rassasié, te laissant avec tes larmes pour seul souvenir. Autant profiter de ce que tu m'offres encore, n'est-ce pas ? Douce, ma douce et naïve et ridicule amie – mais tu n'es pas une amie, chérie, une personne de plus à détruire c'est tout, au pire une personne que j'aime – mais tu ne veux pas d'amour de ma part, crois-moi, pas de cet amour-là.

Et voilà... Te voilà endormie au creux de mes bras, tes cheveux pour seul manteau, ta respiration douce qui se perd sur ma peau frissonnante – et voilà que je me demande – mais qui est le plus ridicule de nous deux ? Toi, qui choisis de tout me donner sans réserve, tout en sachant ce qui va arriver – oh, ne prétends pas que tu ne sais pas, ne prétends plus, le sommeil a fauché tes pensées apeurées mais j'ai eu le temps de les lire – ou moi qui continue en ayant conscience que je ne veux pas te perdre – tout en ayant besoin de te perdre et oh, quelle paire risible nous formons, tous les deux ! C'est à mourir de rire, vraiment, et je rirais sans doute, je suppose – si je ne pleurais déjà.

Allons, dors encore, ma douce. Demain se lève le soleil et avec lui tes doutes et tes peurs et nos vies malsaines, mais demain n'a plus lieu d'être tant que tu sommeilles dans mes bras – alors dors, dors encore.

Et d'un même cri nous tissons l'infiniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant