18. Ipséité

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C'est une pièce morne aux contours froids aigris
Et ses angles brutaux coupent dans le corps nu
Affaissé sans un mot sur un canapé-lit
C'est une Eve tranquille au paradis déchu.

Aujourd'hui elle est reine d'un pays d'Orient
Sous le pinceau de l'autre elle se pare de teintes
De vermeille et de ciel, d'ocre ou bien d'absinthe
Sa peau fluide scintille et c'est un firmament.

Elle a passé trois ans sur ce vieux canapé
Le peintre ne connait pas le son de sa voix
Ni son nom si son âge ni ses nombreux péchés
Mais il connait par cœur la forme de ses doigts.

Elle n'est rien qu'une ombre passant entre ces murs
Pour incarner des morts et des femmes martyrs
Son visage change, son regard se fait dur
Sur la toile sanglante elle s'offre pour se haïr.

Et tout change en elle quand il le lui demande
Et de simple femelle elle devient déesse
Parfois après des heures elle oublie ses tourmentes
Elle oublie la douleur, c'est presque une promesse.

Et quand tout est fini il repose son arme
Ce pinceau bien-aimé qui trace dans son âme
Elle a besoin d'un temps pour savoir qui elle est
Car cette pièce morne suspend l'ipséité.

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⏰ Last updated: May 08, 2019 ⏰

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