11. Au grand Cirque

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Je suis le funambule qui trébuche sur sa corde et s'effondre dans un bruit sourd qui résonne, résonne, résonne dans la pièce vide et morne.

Je suis le clown qui rit et d'un coup cesse, son visage se froisse comme une feuille de papier et ses jambes sous lui sont coupées et il a l'air de pleurer même s'il continue de sourire ; personne ne l'a jamais vu si heureux.

Je suis le trapéziste qui aime son anneau comme il aimerait sa femme, et il crie en s'envoyant en l'air, d'un air euphorique et presque désespéré, le néant l'engloutit un instant - c'est la grâce inespérée.

Je suis le magicien qui, télépathe, sort de vos esprits vos petits mondes malsains et les étale sur le papier, magnifique consistance que cette 2D, vos yeux se ferment malgré vous pour écouter l'appel enchanteur d'une vie que vous connaissez à peine.

Je suis le dresseur de lion, l'animal faible et morbide qui le regarde de deux yeux mélancoliques et le supplie de l'emmener n'importe où, ailleurs, entre eux le dialogue a des airs de requiem aux accents de triomphe, ne me laisse jamais seul qu'il murmure.

Je suis la danseuse au corps agile et souple qui ondoie sur la piste sur des airs d'orient, une tige de roseau qui ploie et déploie ses volants avec une langueur brutale et fatiguée, ses paupières sont lourdes et la musique entraînante, juste un jour encore se répète-t-elle chaque jour.

Je suis un fou, aha, purjile et batalanque, véranle et tetriscope, je glisse des mots insensés au hasard pour me sentir sensé, et je regarde les autres fous sur la piste avec des yeux hagards et un sentiment de supériorité que les lueurs de la nuit viendront éteindre, en attendant, rions ! Je suis au-dessus d'eux.

Et d'un même cri nous tissons l'infiniOnde histórias criam vida. Descubra agora