5. Prison

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Silence, tout est silence, dans un monde fait de pleurs et de violence, monde que tu as contribué à construire – regrettes-tu, maintenant, là de ton trou, ce qui t'a mené au silence et à ces quatre murs et à leur contenance désespérément vide et silencieuse, regrettes-tu dis-moi ? La torpeur mortelle t'effraie-t-elle, l'isolement te terrifie-t-il, cela y penses-tu ou songes-tu plutôt au monde dehors que tu hais et que tu veux revoir de toutes tes forces ? Qu'est-ce que tu hais le plus, dis-moi, dis-moi, entre ta responsabilité qui pèse sur tes épaules comme le silence, silence, répété par l'écho, ou celle diluée dans la masse de misère et de colère qui règne sur ce que tu appelles encore maison ? Dis-moi, dis-moi, préfères-tu ta culpabilité ou ta colère, le silence ou la haine, qu'est le meilleur, qu'est le moins pire ?

Le moins pire, le pire, tout cela n'a plus d'importance désormais – car vient s'ajouter au poids de tes fardeaux cette indécision qui te ronge, ne sais-tu pas ce que tu veux, l'as-tu jamais su ? Voulais-tu quitter le monde au point de le rendre pire encore, voulais-tu l'améliorer jusqu'à être contraint de le quitter ? Dis-moi, dis-moi encore, quelle est cette voix qui te torture depuis que tu es ici, quelle est cette voix qui traverse les barreaux jusqu'à s'infiltrer dans ton crâne, qui sort de ton crâne pour infiltrer la prison, qui est cet endroit que tu hais, qui est ce dehors que tu exècres ? Quelle est cette folie qui te ronge, dis-moi petit homme, n'est-ce pas moi, moi que tu entends ? N'est-ce pas moi surtout la porte vers l'oubli, vers le non-sens puisque le sens te fait si mal, dis-moi petit homme ! Suis-moi, suis-moi, la route n'est plus longue et si facile, suis-moi, suis-moi et ne me dis plus rien car désormais le rien est moi et je deviens le rien...

Adieu, petit homme.


Et d'un même cri nous tissons l'infiniWhere stories live. Discover now