SAVIOUR » a.griezmann

deux

MAISON GRIEZMANN

ANTOINE GRIEZMANN

MAI 2016

« A mon avis, les tragédies ça fait partie de la vie, on va pas baisser les bras parce qu'on est malheureux. Je me suis rendu compte dune chose : quand on vous brise le cœur, il faut se battre de toutes ses forces et s'accrocher à la vie, parce qu'elle continue quoiqu'il arrive et cette douleur qui vous déchire fait partie de la vie aussi tout comme la peur et le mal-être. Toutes ces sensations qui sont là pour nous rappeler que les choses s'arrangeront, ça vaut le coup de continuer à se battre. »

J'ai baissé les bras pendant quelques semaines. Tout ça, ce n'était pas pour moi. Enfin si, mais pas comme ça. On devait être deux. Vous savez, un père et une mère avec un enfant. Pas simplement un père et l'enfant. Je croyais que tout ça n'était qu'un cauchemar et que j'allais me réveiller d'un instant à l'autre. Le problème ? Je ne me suis jamais réveillé.

J'étais dans un piteux état, oui, je peux le dire. On venait de me briser le cœur sans raison alors que je pensais que tout allait bien. Alors oui, je savais que les choses avec la venue de Nolan n'allaient pas être simples, c'était une évidence, mais on devait être deux normalement et se soutenir. Je n'en revenais pas, et encore même aujourd'hui je ne comprends pas. Je n'ai plus jamais eu de nouvelle. Les seules choses qu'elle a laissé sont quelques mots sur un morceau de papier et notre bébé.

Mon entourage m'a fait prendre conscience que j'étais en train de foutre la merde dans ma vie, que je prenais les mauvaises décisions. J'ai remédié à tout ça avec eux. Ils ont toujours été là pour m'épauler et je ne pourrais jamais assez les remercier, parce que s'ils n'avaient pas été présents, je ne sais pas ce que je serais devenu et Nolan non plus. Alors je me suis relevé et je me suis battu. Je me suis battu pour ce petit qui n'avait rien demandé. Je me suis battu pour devenir un bon père tout en continuant le foot. J'ai trouvé un équilibre, et même si c'est difficile parfois, ce n'est pas grave. La vie continue, on trouvera une solution pour améliorer la situation et on se battra.

Je remets la photo dans la boîte et la referme. C'est le passé. Il ne faut pas que je m'attarde sur ça. Ce n'est pas bon. Je termine de préparer les affaires de Nolan. Je dois le déposer chez mes parents puisque j'ai été appelé pour jouer l'Euro dans mon pays natal. Nolan y restera tout le long du parcours de la France pendant la compétition et je pourrais le voir de temps en temps. Être séparé de lui pendant un long moment est une horreur. Et je ne mâche pas mes mots.

Son sac d'affaires prêt, je le descends au rez-de-chaussée et fais de même avec les miennes. Le taxi ne devrait pas tarder à arriver. Je jette un coup d'œil dans toutes les pièces pour êtes sûr de n'avoir rien oublié. Nolan est du genre à trimbaler ses affaires un peu partout et à les laisser en plan. Le taxi que j'ai appelé arrive. Je récupère mon fils qui était dans le salon et l'installe dans le véhicule.