Je suis tombé amoureux pendant qu'elle lisait, comme on s'endort : d'abord doucement et puis tout d'un coup
#183 le 17/11
22 janvier 2017 - 13 novembre 2017
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APPARTEMENT PEREZ
CAROLINA PEREZ
19 OCTOBRE 2016
On a parfois l'impression que le monde est fait de choses qu'on subit. Les tremblements de terre, les inondations, les guerres, la télé-réalité... Mais il est important de se souvenir qu'il y a des choses qu'on maîtrise, comme le pardon, la deuxième chance, les nouveaux départs. Parce que la seule chose qui transforme le désert de solitude qu'est le monde en un endroit merveilleux, c'est l'amour. L'amour sous toutes ses formes. L'amour nous donne de l'espoir. De l'espoir pour le nouvel an. C'est ça le soir du réveillon pour moi. L'espoir... et une méga fête.
D'après moi, on peut rarement être heureux pendant un long moment. Tout est éphémère et l'épanouissement aussi. Après avoir été heureux pendant quelques semaines, on nous frappait dans le cœur. Antoine faisait face à un coup dur et moi par la même occasion. Il avait la chose venir, il l'avait pressenti et puis, elle lui avait dit. Victoire était de retour. Pas pour une petite dispute de quelques minutes. Non, pour de bon.
Antoine a reçu une lettre ce matin lui apportant une mauvaise nouvelle. On lui annonçait que Victoire avait demandé la garde exclusive de Nolan. Il avait toujours su qu'elle allait faire quelque chose et elle l'avait prévenu, mais il espérait tant bien que mal qu'elle ne fasse rien. Malheureusement, il se retrouvait complètement abattu. Depuis de longues heures, il est allongé sur mon lit, sa tête sur mon ventre, restant silencieux.
La douleur peut se manifester sous différentes formes. Ça peut être un simple petit pincement, une légère irritation, une douleur lancinante, une douleur que l'on supporte tous les jours et avec laquelle on vit quotidiennement. Et il y a le genre de douleur que l'on ne peut pas ignorer. Une douleur si grande qu'elle bloque tout le reste. Elle fait disparaître le reste du monde, t'enterrant encore un peu plus. Elle fait tout disparaître. Jusqu'à ce que la seule chose à laquelle on pense, c'est à quel point on souffre.
La façon dont on gère notre douleur dépend de nous. On tente de l'anesthésier, de la surmonter. On l'éteint et l'ignore tant bien que mal. Et pour certains d'entre nous, la meilleure façon de gérer la douleur, c'est de foncer tête baissée. La douleur... Vous devez arriver à la surmonter. Espérer qu'elle disparaisse d'elle-même. Espérer que la blessure qui la cause se referme. Il n'y a pas de solutions, pas de remèdes miracles malheureusement. On doit respirer à fond et attendre qu'elle s'estompe. Attendre...
Attendre, c'est ce que l'on fait depuis qu'Antoine est arrivé avec une mine dépitée à l'appartement. Qu'est-ce que l'on attend ? J'en sais foutrement rien. Le déluge ? Un appel ? Un réveil pour comprendre que tout ça était un simple cauchemar ? Aucune idée...
Je continue de passer mes doigts dans les cheveux du châtain qui me tourne toujours le visage. Le voir dans cet état, me faire transmettre sa peur, sa douleur me met dans le même état que le sien. Je ne connais pas cette Victoire, mais je ne veux pas qu'elle prenne Nolan au tatoué. Ça le rendrait beaucoup trop vulnérable, mais surtout, il ne s'en remettrait pas et je peux le comprendre.
