23.

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Bon allez, zou, un peu d'action quand même pour ce samedi soir ;) ;)

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Le soir de Noël arrive très vite. J'ai réussi à négocier pour ne pas travailler ce soir, mais doubler mon horaire demain, le 25. Je risque de me faire chier parce que les gens fêtent rarement Noël chez tonton Ronald's.

Tous les cadeaux emballés sous le sapin, je vais dans ma chambre pour me changer. Sur les bons conseils de ma sœur, que je n'écouterais plus jamais, je me suis achetée une robe. Dans une friperie vintage, je précise quand même. Elle fait très années 50, pin-up. Je l'ai choisie en coton bleu nuit, avec des pois noirs. Le jupon, en tulle donne un volume démesuré au bas de la robe, et me donne l'air d'un chou à la crème trop chargé. Mais bon. Ma sœur débarque dans ma chambre, sans toquer, et me passe une ceinture épaisse de cuir noir qui resserre ma taille. Et me fait signe que j'attende son retour. En revenant avec trois trousses différentes, elle me fait une sorte de chignon haut avec ma tignasse et laisse dépasser quelques mèches.

Devant son grand enthousiasme, je la laisse me déposer du mascara, un peu de poudre sur les joues et un trait de rouge à lèvres. Trop fière de son résultat, elle m'amène devant la glace de sa penderie. Et je ne me reconnais pas. Mais du tout. Et je ne sais pas si je dois aimer ce reflet nouveau que m'envoie le miroir, ou pas. En tout cas, heureusement qu'on est entre nous quatre ce soir, parce que je ne sortirais jamais de la vie comme ça. J'enfile mes docs et va au salon. Dans le canapé, je regarde les cadeaux et repère la boite RayBan que je n'ai pas pris la peine d'emballer.

Ken a fait le mort pendant toute la semaine. Moi aussi. Il n'a jamais répondu à mon message, et je ne lui en ai plus jamais écrit. Flav a évité la question toute la semaine, et ma sœur partie à la pêche aux infos ne m'a jamais donné satisfaction. Donc qu'il aille voir ailleurs si j'y suis.

Comme c'est Noël, mon père laisse libre court à ma mère pour ce qui concerne la musique. Edith Piaf nous assomme depuis une demi-heure, mais on prend sur nous. Ma mère nous ramène les petits fours au salon, et on trinque au crémant. Malgré la musique de fond insupportable, le fait de me retrouver en robe à Noël, avec mes parents et ma sœur, loin de tous les soucis, dans notre cocon douillet, et des canapés au saumon qui nous attendent, je mesure la chance que j'aie d'avoir pu surmonter les épreuves qu'a mis la vie sur mon chemin l'an dernier.

N'étant plus trop traditions, après l'entrée, ma sœur nous tanne pour qu'on ouvre les cadeaux. Et je me revois à 5 ans, devant attendre jusqu'au lendemain matin pour ouvrir mes cadeaux, déposés par le Père Noël en personne durant la nuit. J'avais beau chercher la cheminée, j'étais persuadée qu'il arrivait à se faufiler par un endroit de l'appartement pour venir déposer les cadeaux au pied du sapin.

Je vois au regard de mon père qu'il repense de manière nostalgique à la même chose que moi. Je m'accroche à son cou en lui glissant à l'oreille que ce sont des belles périodes que je n'oublierais jamais. En réponse muette de mon père, il presse ma main de la sienne. Les cadeaux sur la table basse, chacun prend ceux qui leur reviennent. C'est moi qui en ait le plus. Je lève les yeux au ciel, priant qu'aucun courant d'air ne se faufile dans l'appartement, et commence à ouvrir le premier.

Le plus gros est lourd mais mou. Je sens l'odeur particulière du cuir traverser le papier cadeau. Je déchire et trouve un blouson Schott en cuir vieilli, ultra vintage, qui a bien vécu et qui m'ira parfaitement. Une autre boite attend d'être ouverte : des nouvelles Docs Martens, violettes et imitation Croco. J'adore. Ma sœur précise que le prochain ne vient pas d'elle directement. Curieuse, je déchire le papier et tombe nez à nez avec... moi. Enfin, accompagnée de tous les garçons lors de l'open-mic au quartier des Halles. Je suis debout sur scène avec tout le monde, pendant que je charie Sneaz après sa vieille impro moisie. Et une petite tête hirsute, brune, au sourire ravageur ressort clairement du cadre. Ses yeux pétillent dans une seule direction, la mienne. Je retourne le cadre et tout le monde a apposé son autographe autour d'un message inscrit à l'encre noire : « pour la future pianiste la plus célèbre du monde ». J'éclate de rire, sous l'étonnement de mes parents. Le sourire aux lèvres, je remercie ma sœur silencieusement.

De Rock et de FeuWhere stories live. Discover now