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Je galère à le suivre. Aux grands maux, les grands remèdes, je me mets à trotter pour le rattraper. Arrivée à sa hauteur, je l'attrape par le bras et le somme de s'arrêter.

- Il t'arrive quoi, Mo ?

- Je te pose la même question.

- Bah je cours après toi, alors que je mesure 1 mètre trente, toi 2 mètres 10 alors qu'on est censés faire en-sem-ble ce shopping.

Le regard toujours fermé, il fait genre de me mesurer avec le plat de sa main. Je ris. Lui à peine.

- Bon, Mo, tu vas m'dire ?

- Ton Anthony, là, il te faisait de l'œil ?

Quel œil, d'ailleurs. Oups, pardon. Concentration.

- Mais non !

Mais si.

- Il fumait sa clope avec moi, on discutait, rien de spécial quoi.

- Arrête tes disquettes, Ambre. Vous vous bouffiez des yeux, je l'ai vu de loin.

- Généralement, les gens se regardent quand ils parlent ensemble. Mais t'es jaloux ou quoi, je demande en lui donnant une pichenette dans ses côtes.

- Moi non. Mais Ken oui. C'est vos bails frangines, si vous devez vous prendre la tête, c'est votre blème, si vous devez baiser comme des affamés pour vous réconcilier, tant mieux pour vous. Mais...

Je hais ces phrases qui se terminent par un Mais... J'attends que Sneaz continue sur sa lancée, quitte à m'en prendre plein la gueule. Mais de m'avoir vue faire la belle devant ce maudit ingé-son a l'air de le perturber plus que ce qu'il ne devrait. Par amitié ? Compassion ?

- Mais, reprend-il, Ken c'est mon poto, mon reufton de toujours. Je l'ai vu tomber pour une go une fois, et c'était pas beau à voir. Je veux pas le ramasser une deuxième fois à la p'tite cuillère, tu vois ?

Il me fait redescendre d'un coup, plusieurs étages, en haut desquels je pensais avoir ma place ces derniers jours. Je joue avec le feu, pour une fois pas celui de Ken. Avec le mien. Et si la chute de ces étages pouvait se faire en douceur grâce à des ailes, mais que celles-ci ont cramé, je finirais par m'écraser et ne pas savoir comment me relever.

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J'ai rassuré comme j'ai pu Sneaz en lui affirmant que ce mec n'est qu'un collègue, que je m'en bats les steaks de lui et son attirail d'ingé-son, mais surtout que je me démène comme une malade pour trouver le mode d'emploi « vivre une relation avec Ken ». Et qu'il n'est pas simple de le comprendre, ni de le suivre. Le mode d'emploi, pas Ken, hein ! Quoique...

On déambule avant de m'arrêter devant une boutique de téléphone, non sans que Sneaz se moque cruellement de mon reste indéfinissable de ce téléphone dernier cri qui m'a coûté un bras, deux jambes et un morceau d'oreille.

On ressort de cette boutique, où mon choix s'est porté sur un dinosaure de chez Nokia, avec des touches, la fonction appel et messages, réveil, horloge et Tetris. La classe quoi. Il me coûte 80 balles, tout de même mais c'est le prix pour un peu plus de liberté cellulaire.

Sneaz m'attend sur un banc en face de la grande fontaine derrière les Halles, dans le parc. Il est chargé de mettre en route mon téléphone pendant que je file au Monoprix nous prendre des sandwich triangle et des sodas.

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- Le bigo de Miss est prêt, m'informe Sneaz en me tendant ma nouvelle acquisition.

- Le repas de Monsieur est servi, je réplique en lui tendant son triangle au thon et sa bouteille de coca.

De Rock et de FeuDove le storie prendono vita. Scoprilo ora