24.

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La bûche avalée en moins de temps qu'il en a fallu à ma mère pour la confectionner, je sens Ken étouffer et me presser de sortir. Je me dirige vers la chambre et il me suit. Il ne doit pas vouloir rester au salon sous l'œil protecteur du paternel.

- Qu'est-ce que tu fais ? Retourne au salon.

- Pourquoi ?

- J'aimerais me changer, je t'ai dit.

- Je t'ai déjà vue en petite tenue.

- Ouais bah justement, et je lui ferme au nez la porte.

- C'était plutôt sympa, marmonne-t-il derrière la porte.

- Pff, t'es trop con. Ici c'est le repaire du dindon, alors un dindon en sous-vêtements, je ne suis pas sûre que ce soit ce que tu veuilles voir ce soir non ?

Il se met à faire la poule derrière la porte de ma chambre. L'imitation est presque parfaite, je me tords de rire tandis que je m'acharne sur la fermeture éclair de la robe. M'entendant jurer, il ose rentrer dans la chambre. La robe ayant filé entre temps, ultra embarrassée en sous-vêtements, et par pure vengeance, je lui envoie dans la gueule ma Doc défoncée. Il rit. Enfin je sais même pas si c'est la peine de le préciser à chaque fois. Ce mec ne sait que sourire ou rire. Peut-être tirer la gueule, mais trop rarement pour le noter.

- Tu veux pas imiter le "glou-glou" du dindon pendant que tu y es, je le défie.

Bon, après nos trois mille défis depuis nos débuts, il décide de se calmer et de ne pas le relever. Mauviette.

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La nuit froide et silencieuse, tous les gens étant en famille, nous enveloppe alors qu'on sort de la rue où j'habite. Et laisse Ken prendre une bouffée d'air frais, comme si ça avait été irrespirable chez mes parents. Mais je ne pense pas qu'il s'agisse de mes parents. Seulement que ce mec ne vit que quand il marche dans les rues noires de Paris. Son esprit comme emprisonné quand il est à l'intérieur a besoin d'air. C'est comme ça que son processus d'écriture fonctionne la plupart du temps. Mais je ne l'ai jamais vu à l'œuvre. Ni même lu vraiment ces œuvres. Je sais des autres que son appartement est jonché de papiers noircis par sa plume rageuse ou rêveuse, selon l'humeur du Fennec.

- Ken, je peux te poser une question.

A son tour de lever les yeux au ciel pour la millième de fois de la soirée. Ensemble, c'est notre geste préféré. Mais faut qu'il fasse gaffe, dans cette rue, y a toujours des courants d'air.

- Si c'est encore sur ton histoire d'ex, oublie.

- Non, rien à voir, j'oublie j'ai bien compris. Pourquoi un Fennec ? C'est un animal du désert, avec de grandes oreilles, tout doux, qui se planque dans le sable.

- C'est tout moi ça c'est pour ça. A part p'tet pour les oreilles.

- Si on regarde de plus près...

- Qu'est-ce qu'elles ont mes oreilles ?

Devant sa mine faussement dépitée, j'éclate de rire en le voyant faire semblant que ma remarque l'atteigne. Puis il se jette sur moi et passe son bras fin autour de mes épaules. Derrière moi, son torse contre mon dos, il pose ses lèvres sur une de mes oreilles en y glissant :

- Les tiennes sont mignonnes, mais putain qu'est-ce que tu leur infliges comme merde à l'année !

- Non, mais t'es sérieux, tu t'attaques à moi comme ça, gratuitement ? Petit salopiaud, va !

- Salopiaud ? Putain mais t'es la seule meuf à Paname à connaître un mot pareil !

- Sûrement pas, non !

De Rock et de FeuWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu