1 - "Tu n'étais pas obligé."

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Je serrais contre moi mon précieux Pokémon, mon meilleur ami. Le petit Zorua gigotait joyeusement dans mes bras de jeune homme aux longs cheveux verts. J'étais toujours ravi de passer du temps avec mon ami d'enfance, mon frere de coeur bien que je sois humain et lui Pokémon. Je m'en fichais. L'amitié humain-Pokémon était possible et je devais le prouver à mes confrères, citoyens d'Unys.

Je reposais le Zorua par terre et partit me balader vers Meanville. Cette grande capitale m'avait fait rêver étant petit, ses montagnes russes, ses attractions, tout. Mais ce que je préférais, c'était la grande roue. J'avais une vue imprenable sur toute la région et pouvais admirer Unys et la nature sans être dérangé. J'arrivai devant l'attraction et trouvai avec surprise un jeune homme devant l'entrée. Il nourrissait son Gruikui avec quelques Baies, mais soudain, il se tourna vers moi.

Il avait de grands yeux bruns, brillant légèrement, de la même couleur que ses cheveux, un brun légèrement clair comme le bois des forêts où j'avais grandi. Il était légèrement plus petit que moi et caressait d'une main câline la fourrure de son Pokémon. Il rayonnait. Je le sentais, ce Dresseur dégageait une aura de bien être et de confiance énorme. Ses Pokémons devaient se sentir si bien avec lui. Zorua avait du sentir cette aura car il courut vers le jeune homme dont le Gruikui sauta des bras. Je tentai de rattraper mon ami :

-Zorua ! Attends !

Je tendis la main vers lui pour le reprendre contre moi mais mon pied se tordit. Je grimaça de douleur et tomba à terre. J'enlevais ma chaussure pour observer l'étendue de ma blessure. J'avais la cheville plutôt enflée et la bouger me faisait atrocement souffrir. De plus, mon pantalon d'un blanc gris immaculé était désormais légèrement déchiré et maculé de sang au niveau des genoux. Je soupirai. Qu'allais-je dire à père quand il rentrerait ? Je n'avais pas le droit de m'aventurer trop près des grandes villes. Je tentai de me relever, en vain. C'est alors qu'une main apparut dans mon champ de vision. Je levais les yeux vers cette main et vis le jeune homme qui me tendait la main pour m'aider à me relever. Je pris sa main et m'appuyai un peu sur son épaule.

-Eh bien ! Tu t'es pas raté. On va monter, je vais te faire un bandage.

-Hein mais...

-Allez je te paye le tour.

Le jeune homme avait une voix douce comme du Miel. Il avait cet accent chantant que nous avons ici à Unys, mais couplé à sa voix, l'ensemble donnait un aspect si mélodique à ses paroles. Il m'aida à marcher jusqu'à l'entrée de la grande roue et nos Pokémon nous suivaient tous les deux. Zorua avait un petit air triste, il se sentait coupable d'être en partie responsable de ma blessure. Nous montâmes dans la navette et le jeune homme m'aida à m'asseoir sur une banquette.

-Merci... Tu n'étais pas obligé.

J'étais profondément gêné devant ce jeune homme particulièrement mignon et serviable qui m'avait quand même aidé. Il se mit à genoux devant moi et chercha une bande de gaze et quelque chose qui pourrait soulager la douleur.

-Tu t'es bien amoché quand même. Pourtant ton Pokémon n'avait rien à craindre de Grui. Il est très joueur mais surtout très gentil, ajouta d'un ton rieur en appliquant un baume sur ma cheville.

-Je sais je n'aime juste... Je n'aime pas vraiment que Zorua s'eloigne, dis-je en détournant les yeux. Je ne t'ai jamais vu par ici. Tu es nouveau ?

-Hum... Dans la région non. Je suis né et j'ai grandi à Renouet. Mais avec Tcheren et Bianca, mes amis d'enfance, on a commencé nos voyages initiatiques dans la région, à la demande du Professeur Keteleeria. Ça fait une semaine que je me suis installé à Méanville. Et toi ?

Je ne savais pas vraiment quoi dire. Comment lui expliquer ma situation familiale très compliqué ?

-J'ai... Grandi dans un petit village... Pavonnay. J'ai toujours grandi avec les Pokémon et Zorua est mon meilleur ami. Je ne connais pas ma mère. Je crois que je l'ai perdu quand j'étais encore bébé. Je ne m'en souviens plus.

La seule information fausse était que j'avais grandi à Pavonnay. C'etait une belle ville mais je n'y étais jamais allé. Comment lui expliquer que... Je ne pouvais le dire à personne. Et surtout pas lui.

-Oh. Désolé. J'aurais pas du demander. Dis, on parle mais je connais toujours pas ton nom.

Le jeune homme se releva et me sourit avec une joie de vivre agréable.

-Moi c'est Black. Et toi ?

-Euh... Natural Harmonia. Mais tu peux m'appeler N. Je préfère.

-Moi aussi. Non pas que Natural ne soit pas cool, c'est même plutôt stylé mais... N est plus mystérieux. Et facile à prononcer.

Black se tourna vers la vue que nous avions depuis la cabine. Un magnifique soleil couchant donnait à la ville de superbes nuances d'orange et de rouge. Je ne l'avais jamais vu comme ça. C'etait tout bonnement superbe, avec les arbres d'automne qui avaient leurs parures dorées et oranges également.

-Waw... On dirait les images de Rosalia avec la Tour Chetiflor ! Tu l'as déjà vu N ?

-Non... Je n'avais jamais quitté Pavonnay avant... C'est beau ?

-Sublime oui ! Toutes ces nuances... C'est génial.

-Hmm...

-T'es pas très bavard toi, souleva Black en haussant un sourcil.

J'avais repris Zorua sur mes genoux et le caressais avec douceur.

-Pas spécialement.

Nous restâmes silencieux pendant le reste du trajet. A l'arrivée, Black m'aida à sortir de l'attraction et me proposa de me ramener jusque chez moi. Je déclinais poliment son invitation. Je ne devais pas lui apporter d'autres problèmes. S'ils le trouvaient avec moi... Il serait fichu. Et je tenais à le revoir. Ce Dresseur la était spécial. C'était... C'était la représentation de mon Idéal. Une personne douce, gentille, amicale, serviable et respectueuse des Pokémon. Son Gruikui était vraiment heureux avec Black, il me le disait dans chacun de ses regards.

-Bon... À la prochaine N !

Black me salua et partit vers le cœur de Méanville, suivi de son Pokémon. Je soupirais de soulagement. Il ne risquait rien. Ça irait. Je repartis en boitillant tant bien que mal vers les bois près du Pont de l'Inconnu. Le Bois des Illusions. Un paradis pour mon ami. Mais aussi un lieu chargé de souvenirs tristes pour lui. Il y avait perdu sa mère, capturée par un Dresseur malintentionné, avec qui il avait grandi. Personne n'avait voulu de lui à cause de sa petite taille chétive. Il était seul. Comme moi. Dans les bois, un Gueriaigle me proposa de monter sur son dos. Je connaissais bien ce Pokémon. Lui avait été abandonné par son Dresseur dans la forêt. Je l'aimais bien lui aussi. J'aimais particulièrement voler sur son dos, me sentir libre, passer mes doigts dans ses plumes. Pour finalement atterrir près de chez moi, le voir repartir attendre ce Dresseur qui ne reviendrait jamais. Je m'avançais sans trop m'appuyer sur ma cheville douloureuse vers la grande porte. Je n'eus pas besoin de toquer.

-Seigneur N, nous vous attendions.


Idéal et Réalité - Fanfiction IsshuShippingWhere stories live. Discover now