2 - "Ne t'inquiètes pas, mon fils."

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Je soupirais encore. J'avais énormément de mal à m'habituer à cette appelation. Seigneur N... Je ne pouvais pas rester simplement N ? Je ne voulais pas être roi. Mais personne ne m'avait demandé mon avis. Je n'étais un peu qu'une décoration. Enfin. Je ne demandais que quelques heures de sortie par jour. J'en avais assez de rester dans cet endroit.

-Seigneur N, le sage Ghetis vous attend dans la salle du Conseil.

-Je m'y rend de ce pas, merci de m'avoir prévenu.

-Mais votre...

-Ce n'est rien, dis-je en coupant le garde-porte. Je m'en suis déjà occupé.

Je partis vers la salle où se trouvait Ghetis. C'était le seul sage que je connaissais depuis ma plus tendre enfance, et pour cause...

-Mon fils. Mon roi. Partir aussi longtemps, tu m'as beaucoup inquiété.

-Je sais, père... Je voulais juste faire un tour de grande roue à Méanville. Vous savez que cet endroit me tient particulièrement à coeur.

-Oui. Je sais. Mais tu dois faire attention. Tu es notre roi, désormais. Tu as des responsabilités, une organisation à gérer. Je veux bien que tu aies des passe-temps et des libertés, mais quand même. Et ta cheville...

-Ce n'est rien. Je m'en suis déjà occupé.

-Bon... Tu n'as croisé personne aujourd'hui ? Tu n'as pas essayé de parler avec ces Dresseurs qui exploitent les Pokémons ?

J'étais pris par surprise. Comme s'il savait que j'avais croisé Black. Si je lui parlais de ce jeune homme, je risquais de me retrouver coincé ici dans ce palais, et il aurait énormément de problèmes. Je n'aimais pas mentir mais bon.

-Non père je n'ai croisé personne. J'ai juste aperçu des gens dans le parc d'attractions, mais je n'ai parlé à aucun d'eux.

Ghetis parut sceptique et plissa les yeux comme s'il cherchait une preuve de la véracité de mes propos. Je restais le plus stoïque possible, complètement terrorisé face à ce père si imposant. Son regard noir me toisait, je me sentais tellement petit devant le sage qui m'avait élevé depuis mon plus jeune âge. Il était comme un père pour moi, bien que je me doutais qu'il n'était pas mon père biologique. Lui mentir était inconcevable. Néanmoins il soupira et reprit un air légèrement plus doux.

-Bien. Tu sais comment sont ces gens. Tu sais pourquoi nous nous battons, N. Pour que chaque Pokémon puisse être libre du joug de son Dresseur qui le rend malheureux à le tenir enfermé dans sa petite Pokéball. Nous t'avons élevé dans cette idée avec les autres sages, pour que tu deviennes un digne roi pour notre cause juste.

-Je sais père... Mais je ne me sens pas à la hauteur de cette tâche. Pourquoi ce n'est pas vous qui dirigez la Team Plasma ?

-J'aurais pu en effet. Mais je voulais que ce soit toi. Parce que tu es jeune. Tu représentes notre cause, une cause nouvelle et adressée à la jeunesse, pour l'avenir de ce monde. Et ne t'inquiète pas, mon fils.

Il me prit par les épaules et releva mes yeux pour que je puisse le regarder dans les yeux. Dans son unique oeil rouge. Il avait une expression de tendresse assez inhabituelle, mais étonnamment douce, et me souriait.

-Tu te débrouilles très bien. Mieux que ce que j'ai jamais imaginé.

-Merci, père. Puis-je me retirer dans ma chambre ?

-Bien sûr, vas te reposer. Il faut que ta cheville se répare un peu. Nous avons un grand rassemblement demain à Maillard. Tu dois être en état pour nous accompagner, même si tu ne montes pas sur l'estrade.

-Oui père. Passez une bonne nuit.

Je le salua d'une légère courbette et m'en alla dans ma chambre. Je poussai la porte lentement et entrai. Mon petit jardin secret. Zorua sortit de ma tignasse verte et sauta à terre, l'air tout heureux de pouvoir enfin jouer avec moi. J'ouvris mon petit coffre à jouets à côté de la piste de skateboard dans le fond de ma chambre. J'adorais faire du skate, mais vu l'état de ma blessure, j'allais éviter quelque temps de remonter sur une planche. Je sortis alors mes peluches Pokémon, et surtout ma préférée, la peluche Darumarond qui était comme mon doudou. Zorua sauta sur mon Darumarond et commença à jouer avec. Je ris doucement en câlinant un petit Moustillon en peluche.

-Dis Zorua... Tu le trouves comment Black ?

-Zoru ? (Le garçon qu'on a rencontré ?)

-Oui... Celui avec le Gruikui.

-Rua ! Zoruuuuuua ! (Il est très gentil ! Et puis son Pokémon l'est aussi !)

-Tant mieux...

-Zozo... ? (Tu penses qu'on le reverra... ?)

-J'espère. Même si pour le moment, on ne devrait pas chercher à le retrouver. Imagine que père remarque que je fréquente un Dresseur. Il risquerait de lui faire du mal. Et en plus il me punirait gravement en apprenant que je lui ai menti.

-Zooo... (Oui mais Gruikui est un pokémon si gentil...)

-Je sais. Et Black aussi. Mais restons discrets d'accord ? On le reverra, ne t'en fait pas. De toute façon il finira bien par venir par ici quand il voudra battre la Ligue.

-Zo ! Ruaaa ? (Oui c'est vrai ! Mais tu comptes lui dire ?)

-Quoi ? Que je suis le roi d'une organisation énorme qui persuade les Dresseurs de relâcher leurs Pokémons pour leur bien, parce qu'ils les utilisent pour leurs besoins personnels ? Zorua... Je ne pourrais pas. C'est bien trop gros. Et puis il ne me croira même pas j'en suis sûr !

J'enfonçais ma tête dans mes genoux. La timidité m'empêchait parfois de parler et d'agir. Je maudissais souvent cette incapacité à agir comme je l'entendais. Je n'avais pas hérité du courage et de l'aisance de mon père. Simplement de ses cheveux et de son nom. Je crois que cet aspect de ma personnalité me venait de ma mère. Je me demande si elle me regarde de là où elle est. Père dit que c'est la fièvre après l'accouchement qui l'a emportée. Qu'elle m'a prit dans ses bras, murmuré mon nom et puis qu'elle est morte en me câlinant. Je lâcha ma peluche et balança un ballon de basket dans le panier à l'opposé de la chambre. La balle rebondit sur l'arceau et entra dedans. Plutôt bien joué.

-Zorua. (N, il faudra que tu en parles un jour, que tu arrêtes de te sentir seul.)

-Mais je ne suis pas seul ! Tu es là, toi !

-Zooo... (Je sais, mais tu vas sûrement vouloir te trouver des amis humains...)

-Je...

-Zorua, rua... (Je te connais bien N, tu as envie d'avoir des amis humains et peut être même une petite amie ou un petit ami...)

-Mais non !

Je pris mon ami dans mes bras et le serrai contre moi très fort. Sa petite bouille triste était si mignonne mais ne me plaisait pas à voir. Je l'aimais tellement, après tout...

-Non Zorua. Je ne veux pas d'amis humains, et je ne te laisserais pas. Tu es mon ami. Le premier que j'ai jamais eu. Comment je pourrais te laisser ? Allez... Allons nous reposer...

Je bâillai à m'en décrocher la mâchoire. Je passai rapidement un pyjama très simpl et sauta dans les énormes coussins qui me servaient de lit. Je gardai mon Zorua contre moi et mon cube dans ma main. Je fermai doucement les yeux pour me laisser aller à de doux rêves.

Idéal et Réalité - Fanfiction IsshuShippingWhere stories live. Discover now