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Je mis un peu moins de cinq heures avant de pouvoir me rendre à Nice, le temps de trouver un vol La Rochelle-Nice de dernière minute. Ken, assis actuellement à ma droite sur le canapé chez mes parents, a décidé de m'accompagner. Nous sommes arrivés aux alentours de midi et nous avons passé le reste de la journée à l'hôpital. J'ai accompagné ma mère à la morgue afin de reconnaître le corps, qui s'avérait être celui du meilleur ami de mon grand frère. Benoît avait été placé en soins intensifs et n'ayant pas leurs papiers sur eux, les deux jeunes hommes avaient été confondus dans la précipitation des évènements. Malgré le soulagement intense qu'on avait ressentit ma famille et moi, il n'empéchait pas que Benoît était entre la vie et la mort et que son meilleur ami Teddy avait quitté ce monde.

- Tu veux une camomille ma louloute? Me demande ma mère en arrivant de la cuisine, essuyant ses mains à l'aide d'un torchon.
- Je veux bien maman, merci.
- Et toi un café sans sucre, comme d'habitude?
- Oui Marlène, sourit le grec en regardant ma mère s'éloigner.

Ma mère et mon père sont bien évidemment très heureux de revoir Ken parmis nous, et surtout à mes côtés. Ils avaient été tristes en apprenant que notre amitié battait de l'aile, alors apprendre qu'on se parlait de nouveau les avaient fait sauter de joie. En sentant le rappeur poser sa main sur ma cuisse, je tourne ma tête vers lui et lui offre un fin sourire, avant de poser ma tête contre son épaule et de fermer les yeux. J'ai envie de parler de ce qu'il s'est passé la nuit dernière avec lui, sur la plage, mais j'ai peur qu'il y ai un de nous qui ne soit pas dans la même optique que l'autre. Je lui parlerai sûrement un peu plus tard, lorsque j'aurais assez de courage et d'énergie pour assumer une conversation aussi sérieuse.

A vingt-deux heures, alors que je n'arrive pas à dormir, Ken entre dans ma chambre, referme la porte derrière lui et vient me rejoindre sous les draps. Il regarde silencieusement autour de lui, puis sourit en s'arrêtant sur mon "mur à polaroids". Il y en a une trentaine, dont une bonne dizaine de Ken et moi, que ce soit avant ou après son déménagement. Evidemment, plus on grandit, moins il n'y a de photos, mais je trouve que ça retrace plutôt bien l'évolution de notre amitié. La dernière photo date de ma fête de fiancailles, et je me rappelle que c'est Sneazzy qui avait prit la photo. Je portais une jolie robe blanche bustier et m'arrivant aux chevilles, assez simple, tandis que lui était vêtu d'un jean noir et d'une chemise blanche. Ce jour-là j'avais été si heureuse de le voir malgré le fait qu'il ne m'avait pas franchement calculé de la soirée. Il était partit sur les coups de minuit, prétextant un mal de tête mais j'avais appris par Barbara qu'il avait tout simplement de meilleurs plans que de soutenir sa meilleure amie : coucher avec Lisa, une ancienne amie à moi. Sur le coup, j'avais essayé de ne pas lui en vouloir. Mais plus il ignorait mes appels et mes messages les mois qui ont suivit, plus ma colère envers lui grandissait.

Ken se redresse et attrape le cadre qui repose sur ma table de chevet, qui est une photo de nos deux familles réunies, le jour de mes quatorze ans. Mes parents, mes frères et moi étions montés à Paris car mes parents voulaient m'offrir, en quelque sorte, mon meilleur ami comme cadeau étant donné que je ne l'avais pas vu depuis plusieurs mois. Ca avait été un week-end formidable, et ce souvenir me fit comprendre que je n'avais pas envie d'être autre chose que sa meilleure amie. J'attends alors que le brun ne repose le cadre, avant de me tourner vers lui et de m'asseoir en tailleur sur le lit, soupirant légèrement.

- J'ai pas envie que le fait qu'on ait couché ensemble change quelque chose entre nous, murmurais-je en triturant mes doigts. Je t'aime Ken, mais de la même manière dont je t'ai toujours aimé. Beaucoup de choses ont changé, et je ne te dis pas que je regrette d'avoir coucher avec toi car ça a été la meilleure nuit de toute ma vie. Mais malgré ça, je n'ai pas envie de gacher cette amitié qu'on vient à peine de retrouver. T'es mon meilleur ami depuis le bac à sable Ken, je ne peux pas me permettre de tout gacher pour une histoire de sexe et d'attirance.
- Donc j'suis une histoire de sexe et d'attirance pour toi?
- Non, c'est pas ce que j'ai voulu dire et tu le sais.
- Ouais. Je comprends ton point de vu et j'le respecte Anthé. On va rester potes écoute, de toute façon qu'est-ce qu'on aurait pu devenir d'autre? Un couple? Rit-il légèrement. Non mais toi et moi en couple sérieux, tu nous imagines? Ce serait vraiment improbable.
- Ouais, c'est clair, riais-je à mon tour. T'es carrément pas mon style de toute façon, c'est pour ça que je t'ai friendzone dès que j'ai su parler.
- Arrête un peu de mentir, t'as toujours été love de moi et de mon physique plus qu'avantageux.
- Physique plus qu'avantageux tu dis? Ne prends pas tes rêves pour la réalité Kennouille.
- Oh non putain, je t'ai déjà dis de plus m'appeler comme ça wesh, j'ai plus huit piges.
- Désolée Kenouille, souriais-je largement.
- Pas de soucis mon poussin d'amour.
- T'as pas le droit de ressortir le surnom que mon père me donnait, j'avais cinq ans, c'est pas juste.
- T'as commencé, assume tes actes mon poussin d'amour. Ou tu préfères peut-être ma bibiche? Ou ma louloute?
- Oh la ferme, marmonnais-je, avant de rire légèrement.

- Comment tu te sens? Demandais-je en prenant sa main dans la mienne, m'asseyant sur le bord du lit sans le quitter des yeux.
- T'as cru sincèrement que tu pouvais te débarasser de moi ou quoi? Rit difficilement un Benoit assez mal en point. Et arrête de me regarder comme ça, j'vais bien j'te dis, pas besoin d'être aux petits soins ou quoi.
- Même à deux doigts de caner t'es toujours aussi insolant, c'est dingue ça quand même, soufflais-je. De toute façon j'sais pas si tu t'es vu mais t'es super moche avec toutes tes égratignures alors j'éviterai de faire le mec à ta place.
- J'reste le plus beau de la famille donc commence pas à prendre la confiance.

Benoit à mit une semaine et quatre jours à se réveiller. Ken a dû repartir deux jours après son arrivée, parce que son Mekra l'a appelé pour lui indiquer qu'il ne pouvait pas rater plus de trois festivals. Il n'a pas voulu me laisser mais je l'ai un peu forcé, n'ayant pas envie qu'il ait des problèmes avec son travail par ma faute. Après avoir parlé avec mon frère pendant près de deux heures, je décide de rentrer à la maison, le laissant avec Evan et mes parents. Sur le chemin, je me balade un peu plus que nécessaire, repassant par quelques endroits qui me rappellent tant de souvenirs. En appercevant le parc où j'ai passé mon enfance à jouer avec Ken, je m'assois sur un banc et regarde les enfants jouer, assez nostalgique de vivre à présent si loin de Nice.

- Anthéa?

Cette voix que je pourrais reconnaître entre mille ne manque pas de m'assaillir un peu plus de souvenirs, tandis que je me tourne vers l'homme, le coeur lourd et les mains moites d'appréhension.

- Qu'est-ce que tu fais ici?
- Je suis venu rendre visite à ma famille, annoncais-je d'une voix neutre, pas très à l'aise.
- C'est super, lâche-t-il, ne semblant pas très à son aise lui non plus.
- Je dois rentrer d'ailleurs, je vais y aller. C'était chouette de te revoir, mentis-je en me levant précipitemment.
- Attends, soupire-t-il en attrapant mon avant bras, se rapprochant de moi jusqu'à n'être plus qu'à quelques centimètres de mon visage. Tu me manques. J'ai bien réfléchi ces derniers mois et j'ai compris que t'étais la femme de ma vie. Si tu me laisse faire je vais tout essayer pour me racheter. Quand je t'ai trompé, j'étais pas moi même. Je te l'ai déjà dis, j'avais bu et on s'était prit la tête.
- Naïm, s'il te plait arrête. Tu me l'as effectivement déjà dis et je t'ai aussi déjà répondu que je ne voulais plus jamais te voir.
- Nous deux ça peut pas se finir bébé, on est ensemble depuis presque une décénie et..
- Etait ensemble pour commencer car je suis célibataire maintenant, et je m'en fiche que ça fasse cinq ans ou même vingt ans. T'es plus personne pour moi maintenant d'accord?
- Je peux m'en prendre qu'à moi même de toute façon, constate-t-il. Je suis désolé, j'voulais pas te faire de mal, je suis toujours amoureux de toi ma Anthé, souffle le garçon en prenant mon visage entre ses mains, collant son front contre le mien. Si seulement tu acceptais de me laisser une seconde et dernière chance..

Je soupire légèrement et pince mes lèvres entre elles, ne sachant pas vraiment quoi lui répondre. Lui laisser une seconde chance serait une terrible erreur, je le sais, mais une partie de moi a envie de croire qu'il peut me rendre heureuse jusqu'à la fin de mes jours, et qu'il ne me trompera plus jamais.
Je recule en entendant mon téléphone sonner, et je le sors de ma poche pour voir qui tente de me joindre. En appercevant le nom de Ken à l'écran, je m'éloigne définitivement de mon ex-fiancé et secoue ma tête.

- Je suis désolée mais je ne peux pas te donner de seconde chance.

Et tout en décrochant mon téléphone, je m'éloigne de l'homme qui a partagé ma vie pendant de nombreuses années mais qui, à présent, ne représente qu'un souvenir à mes yeux.

Amitié Destructrice. ksWhere stories live. Discover now