Chapitre 27 - Deuil

5.3K 284 34
                                    

Camila's Part : 

Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais allongée dans le lit de Dinah... J'avais perdu la notion du temps... Je ne faisais que me repasser les images des dernières semaines en boucle encore et encore, incapable de comprendre, de digérer et surtout, surtout de vivre normalement après ça. 

Je voyais la vie reprendre autour de moi cependant. Normani organisait les funérailles de Dinah, Lauren se reconstruisait petit à petit, elle avait recommencer à aller courir malgré le traumatisme, recommencer à s'habiller comme avant, se maquiller comme avant, c'était presque comme si elle n'avait jamais vécu des semaines enfermées dans une cave. Mais moi, moi qui pourtant avait vécu à la lumière, je ne pouvais pas reprendre ma vie. Parce qu'il ne restait plus rien de moi. J'avais perdu ma meilleure amie, la seule personne qui a toujours été là pour moi et qui me connaissait mieux que personne sur cette terre. Je ne peux tout simplement pas vivre sans elle, sans son sourire et sa bonne humeur pour me faire avancer. Je ne sais pas faire sans elle. C'est elle qui m'a toujours tout appris, comment m'habiller, me maquiller, me comporter, elle m'a apprit à vivre pleinement, tout simplement. Et sans elle, chantant à tue tête toutes les chansons passant à la radio, je ne pouvais pas me relever. Alors je restais à terre, blottie dans son lit, dans son pull, dans ses souvenirs, avec tout ce qui me restait d'elle. 

Malheureusement, elle n'était pas là seule chose que j'avais perdu ces dernières semaines. Ce batard m'avait aussi privé de mon corps et de ma capacité à avoir un avenir sans une partie de lui dedans. Il ne me restait plus de temps pour faire un choix sur ce bébé, je le savais mais comment pouvais-je garder en moi l'enfant de cette homme qui avait détruit ma vie. J'avais toujours voulu avoir des enfants, toujours. Mais pas comme ça. 

Je ne cessais de me demander comment j'en étais arrivé là, à ce moment là de mon existence, sans avenir. Est-ce que j'aurais pu faire quelque chose pour éviter tout ça..?

Lauren passa le pas de la porte et se rapprocha lentement de moi. Elle sentait bon le parfum et c'était terriblement agréable. Elle m'avait tant manqué pendant toutes ces semaines d'horreur et pourtant je n'avais pas réussi à la toucher depuis que nous étions rentrées. Je ne supportais aucun contact et elle respectait ce traumatisme. Elle était très tendre avec moi. Mais je refusais de vivre. Même avec elle. Elle se posa sur le lit, si magnifique que je peinais à respirer. 

Lauren : Le médecin a appelé... Il ne te reste qu'une semaine pour décider... Je crois qu'il faut qu'on en parle...

Je ne répondis rien. Je n'avais pas prononcé un mot depuis notre retour. Je ne savais même plus à quoi ressemblait ma voix. Je voyais dans les yeux de Lauren la compassion et l'amour qu'elle me portait, je voyais ses efforts pour ne pas me toucher, mais j'étais incapable de lui répondre. Ne me voyant pas bouger, elle s'installa en tailleur sur le lit, en face de moi.

Lauren : Tu sais quoi, je vais parler. Je veux que  tu saches que je te soutiendrais quel que soit ta décision. Peut être considères-tu que je n'ai pas d'avis  à avoir, mais je vais tout de même te le donner. Comme ça, tu auras peut être tous les éléments pour prendre une décision. Saches que si tu décides de ne pas garder ce bébé, je ne te  jugerais pas, je ne demanderais jamais des explications et plus jamais, je ne ferais référence à cet embryon. A l'inverse, si tu décides de garder cet enfant, je le traiterais uniquement et simplement comme le tien, comme un petit être qui vient de toi et qui, j'en suis sûre te ressemblera comme deux gouttes d'eau. Et, si tu veux toujours de moi dans ta vie, de quelque manière que ce soit, cet enfant sera l'enfant le plus heureux de la terre, parce que tu en seras sa mère et je m'en occuperais comme tel. Je veux aussi que tu saches que je resterais auprès de toi aussi longtemps que tu le souhaites. Je sais que cette épreuve n'est pas encore derrière nous et je sais qu'il nous faudra à tous du temps pour se reconstruire. Mais je veux être à tes côtés pour affronter tout ça... Quoi qu'il arrive. Souviens toi que tu n'es pas seule, je serais toujours là. Et je sais que Normani pense comme moi. On est une famille. Dysfonctionnelle, un peu bizarre, et probablement détruite à jamais, mais une famille quand même.

Elle reprit sa respiration. Me regarda enfin dans les yeux. Et je le vis. Sa douleur. Je la croyais presque remise, je la voyais reprendre sa vie comme si jamais nous n'avions perdu quelqu'un, comme si nous n'avions pas été séquestrées par un fou, comme si tout était normal. Mais là, je le voyais au fond de ses yeux. Ce vide, terriblement profond de la personne meurtrie, faisant écho au mien. Son regard resta rivé au mien, même lorsque ses yeux se remplirent de larmes. Voir la détresse dans ses yeux déclencha quelque chose en moi. 

Sans m'en rendre compte, je dépliais lentement mes bras d'autour de la couette de Dinah et me redressait, très lentement. Un léger étourdissement me fit me stopper, mais rapidement le flou de la pièce s'estompa et je retrouvais peu à peu des sensations dans mes membres. Lauren me regarda bouger, sans rien faire, un léger espoir dans le regard. Quand mes bras l'enlacèrent, elle se laissa aller contre moi, doucement. J'aurais voulu pleurer avec elle, c'est ce qui me semblait juste, mais j'étais bien trop amorphe pour une telle émotion. 

On resta ainsi pendant une période qui me parut une éternité jusqu'à l'entrée de Normani dans la pièce. Lauren se redressa un peu et je vis la tête de Normani surprise de me voir bouger. J'en étais la première surprise. 

Normani : Pardon de vous embêter... Le juge a appelé. Ils veulent que vous témoignez...

Lauren se redressa, essuya ses larmes et se tourna vers sa soeur. Son attitude avait changé du tout au tout et je la voyais à nouveau s'éloigner de moi. Elle allait de nouveau mieux. Je me rallongeais lentement, essayant d'oublier les voix autour de moi. Je refusais de témoigner, je refusais de sortir de cette pièce et de le revoir. Plus que jamais, je refusais de voir cet homme qui m'avait tout pris. 

Thérapie. (Camren Fiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant