Chapitre 20

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Non. Ce n'était pas possible. Inimaginable. Pourquoi ? Alors qu'elle venait d'entendre ses frères, Percy et Andrew, crier son prénom, une flèche s'approchait d'elle à vive allure. Elle ne l'avait pourtant pas quitter des yeux mais tellement rapide que Rosalie ne pensait avoir le temps de bouger surtout avec son assaillante qui se relevait. C'était alors résolue qu'elle avait regardé la flèche se diriger vers elle. Cependant, la suite n'était pas prévue. Jamais elle ne l'aurait toléré. Une silhouette entra dans son champ de vision et la flèche frappa cette silhouette de plein fouet. Il fallu plusieurs battements de cils à la jeune fille pour prendre conscience de ce qu'il venait de se passer.

Andrew. La silhouette était Andrew. Elle le comprit au moment même où son frère tomba dans un nuage de poussière sur le sol. Il s'était interposé. Il avait pris la flèche à sa place. Il mourrait.

La colère assaillit le cœur de la fille de Poséidon. Son cœur ne souhaitait qu'une chose, rejoindre son frère au plus vite. Rien ni personne ne l'en empêcherait. Certainement pas cette blondasse du nom d'Aurore qui l'avait tenu occupé quelques minutes auparavant. Elle se retourna vers la blonde, l'épée à la main et d'une vitesse inimaginable, plongea le corps en fer dans celui de chair de la jeune adolescente. Une plaie béante trônait sur la blonde tandis que Rosalie se détournait déjà pour rejoindre son frère. Elle courrait, son épée bien en main avec le seul but de rejoindre son frère mortellement blessé. En chemin, elle croisa ses alliés tout comme ses ennemis qui tentèrent de lui barrer le chemin en l'attaquant mais Rosalie avait eu un bon professeur et les para habilement. Bien que Clarisse ne soit pas là, elle avait retenu ses enseignements et les mettait en pratique. Son but était clair, rejoindre Andrew.

Au temple duquel la flèche venait d'être tirée, un combat faisait rage entre deux grands leaders. Le Fils de Poséidon ne pouvait pardonner l'auteur de cette flèche de l'avoir décoché. Bien que sa sœur n'est pas été touchée, elle était tout de même blessée psychologiquement par le fait qu'Andrew l'ait reçu à sa place. Jamais Percy ne pourrait pardonner le leader des Persées ce qu'il venait de faire. Quant à Jeremy, celui-ci était bien décidé à ce que son projet réussisse. Il fallait que la puissance de Zeus soit absolue. Il le devait, pour Achille. Ainsi, tout deux se menait une lutte sans merci. La finalité était tacite pour chacun. L'un d'eux n'en sortirait pas vivant et chacun souhaitait que la place du mort soit l'autre. Cependant, Jeremy n'était pas un demi-dieux. De plus, Percy n'était pas d'humeur à perdre un combat. Il repensait à toutes ses précédentes victoires mais celle ci était bien plus importante. Il refusait que l'assassin du bien aimé frère de Rosalie s'en sorte. Il devait mourir pour que Rosalie puisse vivre en paix. Bien que habile de ses mains avec une épée, Jeremy ne pût parer le coup rapide de Percy qui lui transperça le cœur comme il venait de le faire auparavant avec Andrew. Le corps du chef des Persées tomba au sol, dans un bruit sourd tandis que les pierres blanches se maculaient de rouge. Percy ne s'attarda pas sur le mort et tourna son regard vers sa jeune sœur qui avait déjà rejoint Andrew.

La tête de son frère reposait doucement sur ses cuisses tandis qu'elle pleurait au dessus de son visage. Une main était posée tout près de son corps où une flèche s'était glissée. Rosalie ne croyait pas ce qu'elle voyait face à elle. Son frère aîné, son roc mourrait face à elle. Les larmes ne tarissaient pas tandis que de ses dernières forces, Andrew posa sa main sur la joue de sa sœur, essuyant l'une de ses larmes.

« Ro ... Rosalie ... »

Une quinte de toux prit d'assaut Andrew. Sa poitrine se remplissait petit à petit de sang sans qu'il ne puisse rien faire. Sans que personne ne puisse faire quelque chose.

« J'ai ... m-mal ... Z-Zaza ... M-ma p-poitrine ... J-Je vais m-mour-... »

A nouveau une quinte de toux l'enveloppa. Rosalie ne cessait de pleurer tout en s'excusant. Elle s'excusait de n'avoir pas pu le sauver. Elle se détestait pour ne pas avoir réussi à tenir sa promesse. Elle refusait qu'il meurt et ceux depuis toujours alors pourquoi cette prophétie s'était réalisée. C'était de sa faute, elle apportait le malheur autour d'elle. C'était de sa faute si son frère mourrait dans ses bras sans qu'elle ne puisse rien faire.

« C-Ce n'est p-pas t-ta f-faute ... J-Je ... V-voulais te sauver ... J-Je s-suis t-ton f-frère, t-ton R-Roc ... Hm ... Zaza ... C-C'était m-mon choix. Je n-ne me s-serais pas p-pardonner s-sinon ... P-Petite S-Soeur ... J-Je t'aime ... »

La voix d'Andrew se mourrait dans un dernier râle de souffrance. Rosalie ouvrit de grands yeux stupéfaits avant d'appeler dans un murmure son frère. Tout d'abord un simple murmure puis voyant qu'il ne lui répondait plus, elle le dit de plus en plus fort pendant que ses larmes coulaient à cœur meurtri sur ses frêles joues de porcelaine.

Pourquoi fallait-il que la souffrance marque chacune des quêtes octroyées aux sang-mêlés ? Rongée par la souffrance de perdre la moitié de son âme, son protecteur, son tout et son rien, la jeune enfant de Poséidon ne pouvait relâcher la pression de ses bras autour du corps sans vie de l'homme qu'elle connaissait depuis sa naissance. Son frère, bien qu'adoptif restait son frère. Ce frère qu'elle connaissait depuis toujours, qui l'avait vu sourire pour la première fois. Ce frère qui avait vu sa première dent tomber. Ce frère qui s'était battu contre ceux la faisant pleurer. Ce frère qui riait lorsqu'elle se plaignait de la neige recouvrant le lac face à leur maison. Ce frère dormant avec elle chaque nuit où la lune disparaissait pour ne faire apparaître que les ténèbres et les cauchemars. Ce frère que Rosalie aime, aimait et aimerait pour toujours. Elle ne pouvait l'abandonner. Son corps refroidissait pourtant devenant de plus en plus blanc. Des gouttes salées s'écrasaient sur les jours creusés du jeune homme. Il avait dit à sa petite sœur de vivre, vivre pour lui, pour que survive son amour. Mais ... Comment pouvait-elle faire  ? Comment  ?

Prenant conscience de ses pensées, une sourde colère la submergea et ce fût avec ses entrailles les plus profondes qu'elle exprima sa douleur. Elle cria jusqu'à ce que sa voix se meurt, jusqu'à ce que la fatigue l'envahisse et la face s'écrouler. Alors que chacun écoutait ce cri déchirant, tous comprirent aisément qu'un flot de sentiment prenait la jeune fille en otage. La douleur de perdre son frère. La colère de n'avoir pu le sauver. De ne pas avoir été suffisamment rapide. La fureur de n'avoir pu empêcher cette maudite prophétie à son encontre. La tristesse d'avoir perdu l'autre partie d'elle-même. Et finalement, tandis qu'elle sentit le froid du corps d'Andrew contre elle, Rosalie ne sentit plus qu'un immense trou. Si grand qu'elle avait l'impression que son cœur disparaissait au plus profond de celui-ci. Une sensation de perte immense. Finalement, simplement, le vide.


Daughter of Poseidon Tome I : La pomme de la Discorde.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant