Chapitre 24 - PDV Aiden Cleenart -

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La déception a été ma première émotion de la journée, la colère l'a suivi de très près. Je me suis remémoré une nouvelle fois cette scène qui c'était déroulé un peu plus tôt dans la matinée ; l'air faussement navré de Thomas Araujo lorsqu'il m'a expliqué qu'il me serait impossible de me rendre à Paris avant la semaine prochaine. Pour un simple problème de communication. Une affaire qui aurait pu être réglé si ces idiots avaient pris la peine de m'écouter. Mais au lieu de ça, il avait fallu envoyé je ne sais pas avec un communiqué courir jusqu'à Boston pour plaider en ma faveur.

Je me suis retenu d'expédier les cahiers qui traînaient sur mon bureau sur le sol. De toute manière, en y réfléchissant bien, à quoi bon ? Cela ne changera rien à la situation.

Je suis sorti dehors afin de prendre un peu l'air avant que la chaleur ne devienne trop étouffante. Au loin, assis sur le banc en dessous du palmier, Raven Stall paraissait somnoler à l'ombre ; une activité dans laquelle depuis l'intervention, il excellait. Je me suis approché de lui, mettant de côté ma mauvaise humeur...

-Salut l'ami ! l'ai-je appelé en lui tendant une poignée de main.

Il a eu un léger sursaut.

-Oh, tu dois être Aiden Cleenart, si je ne m'abuse. Le grand héritier du clan Cleenart !

Tant de flatteries... tout cela s'avérait être suspect.

-Merci. Et toi tu est Raven, n'est-ce pas, le fils prodigue. J'ai pas mal entendu parlé de tes exploits sur le ring.

-En personne. Que me vaux l'honneur de cette discussion ?

-Je ne t'ai jamais remercié, pour ce que tu as fait... pour Ellie.

Il a ri.

-Comme je lui ai dit, je ne l'ai pas fait pour elle, mais parce que j'en avais l'ordre. Mais ravi d'avoir pu aider.

Je n'ai retenu qu'une partie de l'histoire.

-Vous avez discuté ?

-Ouais, hier matin, quand vous étiez à la messe, à prier pour ce dégénéré de Douglas Barne ! Paix à son âme... du moins, s'il en possédait une !

Il a feinté un semblant de prière avant de montrer du menton une silhouette qui s'approchait de nous. Raven a soupiré tout en s'étirant :

-Tiens, quand on parle du loup, le voilà qui arrive.

En effet, voilà Ellie, vêtue d'une vieille combinaison trouée et les cheveux aux vent, me faisant un petit signe. J'ai quitté le banc, laissant Raven qui avait déjà repris sa méditation. Elle m'a gratifié d'un sourire radieux. La fine brise a porté à mes narines sa succulente odeur, et je commençais à m'y habituer, à cette nouvelle fragrance plus animale que les autres. Ellie s'est logée dans mes bras après un rapide baiser.

-Tu vas terriblement me manquer, a-t-elle murmuré dans un soupir, tu es sûr que tu ne peux pas venir avec nous ?

Elle sait. Elle sait que je dois l'abandonner, et son air dépité m'a fendu le cur. J'ai soufflé à mon tour, et me voilà retombé dans ma mauvaise humeur.

-Hélas, c'est impossible, j'en ai bien peur...

Elle est restée un petit moment, la tête baissée, des mèches voletant dans les fines rafales avec une fougue farouche. Je lui ai relevé le menton afin de pouvoir croiser ses yeux émeraudes dans les miens ; sa santé m'inquiétait, car même si elle faisait bonne figure, son regard triste ne mentait pas, et je pouvais la comprendre, depuis notre rencontre, elle était ancrée dans un deuil perpétuel, un véritable cercle vicieux. À voir ses iris translucides, cela ne finirait jamais. Ses parents... son père... et sa mère à présent. Elle me rendait triste sa mélancolie, mais malheureusement je doutais pouvoir y faire quoi que ce soit.

Âme d'Argent : L'Orpheline Où les histoires vivent. Découvrez maintenant