Alpha et Omega [PaUsE]

Solitude

Je me relevais le lendemain en pleine forme. Rien n'avait troublé mon sommeil. Les os du faon étaient toujours devant moi, et je grignotais le maigre reste de viande en guise de déjeuner. Je décidais ensuite de me promener dans la forêt, histoire que j'enregistre les chemins principaux et prenne des repères.

Les arbres étaient roux, c'était l'automne. Je trottinai joyeusement, fière de m'être libérée de la Meute et de ma dépendance. Je repérais deux ruisseaux, dont un près de ma tanière. Je remarquais aussi une grande prairie où les arbres avaient été coupés par les hommes. Les lapins et rongeurs y étaient nombreux, et je m'appropriais ce territoire comme "terrain de chasse principal".

Je mangeais une petite souris, que j'avais attrapée après plusieurs tentatives. Décidément j'avais eu beaucoup de chance avec le faon.

Je regardai les arbres bruns à l'orée de la prairie. Cela me fit penser à mes parents. La dernière fois que je les avais vus, c'était l'automne de mes 3 ans. Après ils avaient disparu, et j'avais été recueillie dans la Meute par Émérite. Émérite.... J'étais triste de penser à mes parents et de me rappeler la trahison de la louve. Nous étions tellement amies avant. Mais bon, c'était fini.

Quand j'étais louveteau, je m'étais donnée la mission de retrouver mes parents. Mais avec le temps j'avais abandonné, car je n'avais ni indices ni espoir, j'avais encaissé les possiblités de la cause de leur disparition et cela m'avait définitivement stoppée dans ma quête. 

Je décidais de penser à autre chose. Je retournais dans la forêt et m'allongeais une fois de plus à l'entrée de la tanière. Quel était mon destin, maintenant que j'étais seule  ? Rien d'exceptionnel n'était prévu jusque là.

Je m'endormis, pas fatiguée mais désireuse d'oublier les derniers jours. 

A mon réveil, j'étais plus que reposée. Je fis une courte promenade à travers les bois, en pensant  à ce que je pouvais faire pour effacer ma solitude. Il était hors de question que je regagne une autre Meute, hors de question que  je reste seule à déprimer, et hors de question que je demande des conseils à qui que ce soit ; c'était mon problème à moi.

A ce moment-là, j'entendis la voix. Approche-toi du Nord. Tu nous rejoindras car tu es comme nous. Quelque chose va t'arriver dans peu de temps normalement. Tu resteras calme et iras vers le Nord, nous t'aiderons car pendant ta "transformation" je ne pourrais plus te conseiller. Courage !

Qu'est-ce que me racontait encore cette voix ? Je n'avais rien compris du discours mélodieux, et pendant toute sa durée j'étais restée immobile, à essayer de comprendre les mots. Mais je sentais que quelque chose allait se passer au fond de moi. Ma vie n'était peut-être pas destinée  à errer dans la forêt en solitaire finalement....