A quand une 'tite Fury Nocturne ?

Chapitre 10

PDV Harold

Krokmou et Tempête revinrent quelques minutes après leur départ, ayant rempli toutes les gourdes d'eau, Thor seul sait comment, et Tempête avait rempli sa gueule d'eau fraiche, et la stockait sous sa langue, là où les dragons Vipère stockaient normalement la nourriture qu'ils réservaient à leurs petits à l'état sauvage. C'était une preuve que Tempête considérait Astrid comme sa famille. Elle attendit patiemment qu'on lui dise quoi faire.

- Merci Tempête ! Ça nous sera très utile. On n'a pas de récipient pour te décharger, donc tu devras garder cette eau dans ta bouche, dis-je.

Elle hocha la tête et se coucha près d'Astrid. Krokmou, quant à lui, rejoignit Sheireen dans sa ronde.

Je me saisis d'une des gourdes, déjà ouverte (oui, les dragons savent les remplir mais les fermer est un peu compliqué pour eux), et versait l'eau qu'elle contenait dans un bol, avant de sortir un bout de tissu épais d'une des sacoches d'on j'avais déchargé Krokmou. Je nettoyais doucement le visage d'Astrid dans l'espoir que le contact avec l'eau froide la réveillerait. Mais non, rien. Aucune réaction. Elia m'observait tandis que je faisais un deuxième essai.

- Tempête ? Tu peux recracher cette eau, ça ne fonctionne pas... annonçais-je.

- Tu sais... Gothi a aussi dit que pour faire le test de grossesse, il fallait que la personne soit endormie, afin que sa respiration et les battements de son cœur soient réguliers. C'est peut-être le bon moment pour essayer, non ? demanda soudainement Elia.

- Je ne sais pas trop... répondis-je, perdu. Je n'aime pas trop l'idée de le faire sans lui demander son avis.

- Parce que tu penses que si tu lui demandais son avis elle pourrait s'endormir comme ça, d'un claquement de doigts ?

- Oui, tu as raison...

L'éventualité qu'Astrid puisse être enceinte me laissait perplexe, et impuissant. Bien sûr, je serais content d'être père mais... C'était tellement... imprévu. Je ne savais pas vraiment comment j'allais régir si Astrid était vraiment enceinte.

- Ok... Faisons le test, déclarais-je.

Il fallait que nous soyons fixés. Elia fouilla un instant dans les affaires d'Astrid, avant d'en retirer une gourde en peau de yack. Je relevais la tunique de ma petite amie, laissant apparaitre son ventre ferme. Elia versa un peu d'un liquide pâteux et verdâtre, sûrement composé d'herbe en tous genres, sur le bas de son ventre, et l'étala.

- Et... Comment on sait si elle est enceinte ?

- Et bien... Normalement au bout de quelques minutes, si Astrid est enceinte, elle devrait se réveiller et... vomir.

- Quoi ? Mais c'est n'importe quoi ! m'énervais-je.

- C'est pas moi qui ai créé ce remède !

Je baissais d'un ton et demandais :

- Et si elle est pas enceinte ?

- Ça n'aura aucun effet.

- On doit attendre combien de temps ? m'inquiétais-je.

- Ça peut prendre jusqu'à une demi-heure, il faut être patient !

Je me tus et attendis en silence. Je souhaitais la voir se réveiller et vomir, car cela signifiait que j'allais être père, et aussi qu'elle n'était donc pas malade, et en même temps, je préférerais qu'elle ne se réveille pas, car je n'étais pas sûr d'être prêt à avoir un enfant.

Les minutes passèrent, longues, et Astrid ne se réveillait toujours pas. Si vous vous demandez comment nous arrivions à mesurer le temps, c'était grâce à une invention de mon cru. C'était ce j'avais appelé un sablier, un objet construit en verre avec une forme large aux extrémités, et qui s'affinait progressivement jusqu'au milieu. Il était rempli de sable et se retournait tout seul après une minute passée, avec un système qui comptait le nombre de retournements. Nous en étions actuellement à quatorze retournements, soit quatorze minutes.

Tempête grogna, comme pour se demander comment ça allait.

- Tout va bien, Tempête, ne t'inquiète pas. Elle va bientôt se réveiller, j'en suis sûr ! la rassurais-je même si je n'étais moi-même pas très convaincu.

Le silence se réinstalla. Neuf retournements plus tard, Astrid dormait toujours, et ne semblait pas prête à ouvrir les yeux. Je commençais à m'impatienter, quand soudain, Krokmou grogna contre la forêt.

- Qu'est-ce qu'il y a mon grand ? demandais-je, inquiet.

Il ne se retourna pas, concentré sur ce qu'il semblait apercevoir dans les bois. Je scrutais l'endroit en question et n'aperçus rien de particulier. Mais une forme sombre attira mon attention, et il me sembla qu'elle disparut dans un éclair noir. Krokmou grogna encore dans cette direction, avant de se retourner vers moi.

- Qu'est-ce que c'était mon grand ?

Mais au fond de moi, j'en avais une petite idée. Un éclair noir... Une Fury Nocturne ? Si c'était cela, c'était une excellente nouvelle ! Plus qu'excellente même ! Extraordinaire ! Mais... l'agressivité de Krokmou semblait montrer que quelque chose clochait. On verra ça plus tard... Soudainement, Astrid se réveilla et se redressa brusquement, le visage encore plus pâle qu'avant. Et, à mon plus grand bonheur, et en même temps à ma plus grande peur, elle se mit à vomir comme pas permit. Je la serrai dans mes bras.

- Oh Astrid ! Si tu savais comme je suis content !

- Ça te fait tant plaisir que ça, que je vomisse ? Sympa.

Puis elle sembla apercevoir la pâte sur son ventre et blêmit encore plus, si c'était possible.

- Elia... Ne me dis pas que...

Derrière moi, Elia hocha la tête. J'allais être père ! Père ! Nous allions avoir un enfant ! Un petit Harold ou une petite Astrid ! Un bébé !

- Oh mon Thor... Mais... je... comment ? Le remède ! s'exclama Astrid.

- Il n'a apparemment pas fonctionné ! m'exclamais-je, jubilant.

- Mais... Si je prenais ce remède, c'était justement parce que nous ne voulions pas d'enfant ! Enfin... Pas tout de suite !

- Tu ne veux pas ce bébé ? m'inquiétais-je.

- Si ! Enfin, c'est pas la question ! On n'est pas mariés ! Et les traditions ?

- Depuis quand est-ce que je respecte les traditions ? demandais-je d'un air malicieux.

- Tu ne les respectes pas... souffla Astrid. Donc... Je vais avoir un bébé ?

- Nous allons avoir un bébé ! Astrid c'est formidable ! m'exclamais-je, euphorique, en la serrant dans mes bras.

Je l'embrassais sur la bouche, puis je vis du coin de l'œil Elia qui semblait se retenir de vomir à son tour. A son tour... Je décollais immédiatement mes lèvres de celles d'Astrid, un goût acide à la bouche. Astrid me jeta un regard d'excuses et s'essuya la bouche avec la compresse que j'avais utilisé pour nettoyer son visage quelques dizaines de minutes auparavant.

- Désolée...

- C'est pas grave Astrid... Alors, comment on va l'appeler ?

- Euh... Harold ? Il est même pas encore né ! s'amusa Astrid.

- C'est que... je suis tellement content ! dis-je, les larmes aux yeux, bien que j'essayais de les retenir.

Un enfant... Notre enfant ! Serait-ce un garçon ? Ou une fille ? Tout ce qui comptait, c'est que nous allions êtres parents !