Chapitre 9

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PDV Astrid

Je regardais le ciel parsemé de petits nuages blancs. Harold me tenait la main, nous étions allongés côte côte sur la couverture.

- Tu as faim ? me demanda-t-il soudainement, brisant le silence.

- Un peu, avouais-je.

Nos "exercices" m'avaient affamés.

- J'espère que tu vas aimer ! s'exclama-t-il joyeusement.

Il sortit un plat recouvert par un torchon du panier.

- Je ne sais pas si c'est moi qui l'ai inventé, mais ce qui est sûr, c'est que tu n'en as jamais mangé !

Il enleva le torchon et j'aperçus ce qui ressemblait à des morceaux de pains, mais en plus foncé et moins ordonné. Comme si on avait fait des petites miettes et qu'on les avait assemblées ensembles.

- J'ai appelé ça des cromesquis au fromage !

- C'est quoi, exactement ? demandais-je, curieuse.

- C'est un morceau de fromage enrobé de pain mélangé avec des noix concassées. Je les ai fait cuire dans de l'huile bouillante. Tu goûtes ?

- Volontiers !

Je croquais dans le cromesquis qu'il tenait sans même prendre le temps de le prendre dans mes mains. Je mâchais doucement, et il me regarda, attendant mon verdict. C'était délicieux ! Moi qui pensais tout connaître du fromage !

- C'est trop bon ! commentais-je joyeusement. C'est quoi comme fromage ?

- Fromage de mouton ! J'en ai aussi au fromage de yack, si tu veux goûter !

- Oui !!

Il me tendit un deuxième cromesquis que je mordais là encore sans qu'il ne quitte ses doigts.

- Ils sont tous les deux très bons, mais j'ai une petite préférence pour celui au fromage de mouton !

- J'en ai aussi mais avec du blanc de poulet à l'intérieur !

Il me fit goûter le dernier cromesquis, et je poussais un soupir de contentement en le mangeant. C'était de loin le meilleur de tous, quoi que puisse en dire Kranedur.

- Ce cromesquis-là est trop bon ! m'exclamais-je.

- Ah non ! Celui-là, je l'ai appelé nuggets !

- Pourquoi ? m'étonnais-je.

- Ça sonnait bien.

Je riais. Il se joint à moi. Ce n'était pas spécialement drôle, mais c'était un moyen de témoigner notre bonheur. Comme dessert, il avait préparé des petits gâteux de fruits, délicieux eux aussi.

- Je ne te savais pas aussi bon cuisinier !

- Normal, d'habitude c'est Ingrid ou Varek qui préparent le repas !

- Tu devrais cuisiner plus souvent... murmurais-je.

Il m'embrassa furtivement, puis se passa la main derrière la tête, dans les cheveux. Il semblait stressé, tout à coup.

- Je... euh... Astrid, si je t'ai emmenée ici, c'est pas seulement pour qu'on passe du temps ensemble. En fait, je...

Je ne répondis pas, mais l'encourageais à continuer d'un signe de tête, curieuse. Il fouilla dans sa poche et en sortit une petite boîte en bois sculpté. Oh mon Thor... Est-ce que c'était ce que je croyais ? Il ouvrit l'écrin et prononça quelques mots d'une voix hésitante, timide.

- Je... Milady... Euh... Me ferez-vous l'honneur de devenir ma femme ?

Je ne répondis pas, bouche bée. Ce moment était le deuxième plus heureux de mon existence, après notre premier baiser. J'étais infiniment heureuse, plus que ça même, mais je ne trouvais pas les mots. Harold s'éclairci la gorge, gêné de ne pas m'entendre répondre. Je ne parlais pas pour autant.

- Euh...

Je le coupais en l'embrassant. Ma réponse était oui, bien évidemment ! Evidemment que je voulais l'épouser, devenir sa femme ! Il répondit au baiser puis nous nous séparâmes pour reprendre notre souffle.

- Et donc, ça veut dire oui ?

- Non, bien sûr que non ! répondis-je sarcastiquement. J'aime mille fois mieux épouser Rustik !

- Milady ! fit mine de s'énerver Harold.

- Oui ? répondis-je d'une voix innocente.

- Je t'aime...

Il m'embrassa de nouveau, puis ma passa la bague contenue dans la boîte au doigt. Je ne la regardais pas tout de suite, trop occupée à ne pas perdre pied. Quand il cessa enfin sa délicieuse torture, je baissais mon regard vers mon annulaire, et vis la bague. C'était un chef-d'œuvre de beauté, plus que tout ce qu'il avait pu inventer. De douces courbes, des arabesques, une pierre brillante accrochée dessus... Je mettais la main devant la bouche. Cette bague me faisait réaliser que j'étais maintenant sa fiancée. Les larmes me montèrent aux yeux, pour une fois, je ne les retenais pas. J'étais la fiancée d'Harold ! Il était vraiment à moi ! Et j'étais réellement, officiellement, délicieusement liée à lui !

Les joues humides, je relevais la tête vers Harold et me jetais à son cou.

- Je t'aime tellement... murmurais-je.

- On sera ensemble, pour toujours !

***

PDV Elia

Cela faisait quelques heures qu'Harold et Astrid étaient absents. Nous avions dû faire toutes leurs tâches quotidiennes à leur place, où plutôt celles d'Harold, car Astrid n'en avait de toute façon plus. Fatiguée, je remontais dans ma hutte après le repas. Je projetais de passer l'après-midi à dormir, bien au chaud dans mon lit. Sheireen étais parti s'amuser avec ses amis dragons, dont Tempête, qui s'ennuyait à mourir sans Astrid. Krokmou, quant à lui, n'était de toute façon plus souvent avec Harold, trop occupé par son rôle de chef. Il en était fier, mais il me semblais qu'il en avait en même temps marre. Les Furies étaient gentilles, mais elles le sollicitaient souvent pour rien.

Je pris ma douche. Dagur avait changé ma brosse après l'accident, et me l'avait offerte personnellement. Elle était toute simple, mais j'y tenais beaucoup, sûrement à cause de ce qu'elle représentait. L'ancienne avait été jetée. Je me rhabillais dans une tenue plus confortable que ma jupe de métal et ma combinaison de cuir. Je me blottis dans mes couvertures, même s'il faisait plutôt bon ; j'étais du genre frisquette. Je fermais les yeux...

Je n'arrivais pas à m'endormir. Des pensées m'empêchaient de trouver le sommeil. Elles n'étaient pas désagréables, loin de là, mais je n'aimais pas rester dans mon lit si je ne dormais pas. Je pensais à Dagur, sans grand étonnement. Depuis que je j'avais dormi dans la même pièce que lui pour la première fois, dès je ne faisais plus rien, il revenait automatiquement dans ma tête. Je pensais à son caractère enjoué, son côté timide et réservé en ma présence, ses sourires lumineux, et bien sûr, à sa beauté physique. Il m'arrivait même d'imaginer des choses... plutôt intimes.

Est-ce que j'étais amoureuse de lui ? Je ne savais pas, puisque je n'avais jamais éprouvé ce sentiment. Ce qui était sûr, c'est qu'il ne me laissait pas indifférente. En sa présence, je me sentais changée, unique. Quand je croisais son regard ou que je passais à proximité de lui, mon cœur s'emballait. Quand je le voyais torse nu, ce qui arrivait assez souvent vu que nous partagions la même chambre, une chaleur indescriptible envahissait le bas de mon ventre. Quand il me souriait, des papillons tourbillonnaient dans mon estomac. Il faudrait que je demande conseil à Astrid. Pas à Ingrid, car celle-ci ferait tout pour me forcer à avouer mes sentiments incertains pour Dagur à celui-ci. Depuis notre discussion, ce soir-là, dans l'étable, j'avais l'impression qu'elle essayait de nous caser ensembles.

J'allais enfin réussir à m'endormir quand un grincement plutôt faible du plancher me sorti de ma torpeur. C'était sans doute Ingrid. Dagur n'aurait pas pris autant de précautions pour ne faire aucun bruit. Je ne pris donc pas la peine d'ouvrir les yeux.

La Grande Fury de la NuitDonde viven las historias. Descúbrelo ahora