Chapitre 14

279 24 4
                                    

PDV Astrid

En me rendant à l'étable, je pus voir l'étendue des dégâts. Je couvrais ma bouche de ma main et commençais à pleurer. Ce que je voyais aurait fait pleurer n'importe quel viking, ou du moins ceux qui avaient fait la paix avec les dragons. Ces-derniers se tenaient par centaines, serrés dans l'étable. La plupart avaient une flèche plantée, d'autres une hache, d'autres une aile amochée.

Je passais mon après-midi à recouvrir des dragons de bandages, à désinfecter des plaies, avant qu'Harold ne m'ordonne de retourner à la hutte, car je risquais de « choper une maladie ». Je regagnais donc notre hutte, en pestant. Je me sentais vraiment inutile.

PDV Harold

Deux jours passèrent selon le même schéma. Sauf que nous détruisions de moins en moins de bateaux, et que de plus en plus de dragons mourraient ou étaient inaptes à se battre. Je cherchais désespérément une solution, mais je n'en voyais aucune. En trois jours de bataille, nous avions perdu une vingtaine de dragons et une soixante-dizaine ne pouvait pas combattre. Les bateaux étaient au nombre d'environ trois cents vingt, et les dragons trois cents quarante. Nous n'étions pas en train de perdre, mais nous n'étions pas en position de force non plus. Tôt ou tard la guerre se finirait, en bien ou en mal. Si c'était en mal, c'était parce que nous étions tous morts, si c'était en bien, c'était parce que les trois quarts d'entre nous serions morts. Une Fury Nocturne était gravement blessée. Nous faisions notre possible pour la sauver, comme pour tous les autres dragons. Elle avait reçu un boulet sur les pattes avant et les ailes, si bien qu'elles étaient brisées.

Le quatrième jour, nous perdîmes encore vingt dragons de plus que nous honorâmes selon les traditions vikings. Mais nous n'avions coulés qu'une quinzaine de bateaux. Nous étions tous affaiblis. Le cinquième jour, j'essayais de marchander avec Alix, le chasseur de dragons, pour qu'il nous laisse en paix, mais il ne m'avait même pas écouté, et avait fait tuer encore une vingtaine de dragons. Nous étions clairement en train de perdre.

Sixième jour de bataille, je montais sur Krokmou et pensais à la prophétie. Nous étions censés gagner, pourquoi l'ennemi prenait-il l'avantage ? Nous avions tous le moral au plus bas, en particulier Krokmou, qui se sentait coupable de ne pas savoir protéger son clan, alors qu'il était la Grande Fury de la Nuit.

***

PDV Astrid

Sixième jour de bataille que je passais encore une fois à stresser dans la hutte, dans l'attente de savoir qui mourrait aujourd'hui. Pas mes amis, pitié. Je regrettais de ne pas pouvoir participer à la bataille.

Cela faisait une heure qu'Harold était parti, et je me tordais les mains, angoissée. Soudain, j'entendis des coups à la porte. Je me précipitais pour ouvrir. Harold était là !

- Har-

Je reculais d'un pas, tremblante de peur. Ce n'était pas Harold. C'était un grand homme blond, à la carrure impressionnante, encadré de deux autres hommes. Un sourire diabolique éclairait son visage. Je reculais encore, et il entra dans la pièce.

- Bien le bonjour mademoiselle ! s'exclama-t-il en faisant une révérence. Je me présente, je suis Alix !

Alix ! Le chef des chasseurs ! Et dire que j'avais voulu appeler mon enfant Alix... Je frissonnais, tandis qu'il avançait dans la pièce. Je couvrais mon ventre de ma main, par réflexe. Tâtonnant contre le mur, je cherchais le manche de ma hache. Je la brandis sous les yeux du chasseur.

- Oh mademoiselle... Pas de ça avec moi ! Oh, mais je vois qu'un petit oiseau va sortir ! Qui est l'heureux papa ?

Je ne répondis pas, et essayais de lui afficher le visage de la Astrid qui vient à bout de n'importe qui avec sa hache, alors qu'en réalité, j'étais morte de trouille.

La Grande Fury de la NuitWhere stories live. Discover now