Chapitre 12

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Je sais, je suis en retard mais bon. Mercredi j'avais mon deuxième brevet blanc le matin, orthodontiste l'après-midi, et cours de théâtre le soir. Du coup... j'ai oublié. Bonne lecture !

PDV Astrid

Le lendemain, en allant nourrir Tempête en compagnie d'Harold qui portait le panier, nous eûmes la surprise de découvrir que Krokmou et Sheireen dormaient avec elle. Harold me jeta un regard interrogatif, auquel je répondis par un haussement d'épaules ignorant.

- Krokmou ? Qu'est-ce que tu fais là mon grand ?

En entendant la voix d'Harold, le dragon noir se réveilla et se jeta sur son dragonnier, en lui léchant le visage, surexcité. Harold, qui d'habitude l'aurait disputé, se joint à son excitation. Cela faisait longtemps que son dragon n'avait pas fait ça, et Harold savait très bien pourquoi. Son dragon n'aimait pas être chef, et cette responsabilité lui pesait. Depuis qu'il était chef, il avait perdu tout son entrain. Mais s'il était comme ça ce matin, c'est qu'il n'était certainement plus chef, ou que quelque chose le rendait tellement heureux qu'il avait oublié qu'il était chef.

- Oh, tu sais mon grand ! On est tout le temps ensembles, mais tu m'as tellement manqué ! Si tu savais comme ça me déprimais de te voir si morose tous les jours !

Krokmou se releva et son visage s'éclaira d'un grand sourire.

- Je suis heureux de retrouver le Krokmou d'avant ! finit Harold.

Je souriais face à la scène. Moi aussi j'avais bien perçu que Krokmou n'aimait pas la vie que lui avait imposée cette prophétie. Il aimait beaucoup plus celle qu'il avait en compagnie d'Harold.

Krokmou, de nouveau heureux, tendis son aileron pour les vols solos devant Harold avec un regard qui signifiait clairement « maintenant j'ai plus besoin de ça enlève le ou je le casse ». Harold s'exécuta en vitesse. Cet aileron était très difficile à fabriquer. Aussitôt débarrassé, Krokmou galopa vers la hutte d'Harold et bondit par la fenêtre. Nous entendîmes des objets tomber dans toute la pièce, avant que Krokmou ne trouve ce qu'il cherchait et qu'il revienne, son aileron et son équipement à la gueule. Il freina brusquement devant Harold et déposa l'aileron qui lui permettait de voler seulement avec quelqu'un sur le dos. Puis il battit de la queue joyeusement, attendant qu'Harold l'équipe.

- Krokmou ! T'as tout cassé ! se plaignit Harold.

Je lui donnais un coup dans l'épaule et il s'esclaffa. Krokmou et Harold redevenait enfin le duo qu'ils étaient avant.

***

Un autre mois passa. Pour vous situer dans le temps, cela faisait quatre mois que nous étions revenus à la Rive après l'expédition des Furies Nocturnes. La Rive était remplie de dragons de partout, de toutes les tailles, de toutes les formes, mais avec tous un même objectif : défendre la Rive quand ce fameux chasseur de dragons apparaitrait. Ils formaient une armée de quatre cents trente-sept dragons précisément. Quatre cents trente-sept dragons prêts à mourir pour protéger les Furies Nocturnes, que le chasseur voulait à tous prix détruire, pour une raison que l'on ignorait.

PDV Inconnu

Huit mois que nous recherchions les Furies Nocturnes. Huit mois affreusement longs, et pourtant si courts quand on a passé toute sa vie à chercher ces dragons si rares. Ces dragons... Je les maudissais. Ces dragons... m'avaient tout pris. Je me souvenais encore nettement de ce jour où ils étaient arrivés dans mon village natal.

Je n'étais alors qu'un gamin de 15 ans, qui avait encore tout à apprendre de la vie. Je me baladais dans la rue, tranquillement, riant en compagnie de mes amis. Les Furies Nocturnes étaient arrivées, par centaines. Elles avaient tout détruit, tout. Du haut de mes 15 ans, j'avais vu mourir autour de moi mes amis, tous les villageois, mon père et ma mère, et l'être qui comptait le plus au monde à mes yeux : ma petite sœur, Jayda. Dévorée par un de ces êtres maléfiques que sont les Furies Nocturnes. J'avais été l'unique survivant de ce massacre gratuit et inutile. Nous n'avions jamais fait de mal aux dragons, et ceux-ci nous avaient tous tués. Moi aussi j'étais mort ce jour-là, intérieurement.

Depuis ce jour-là, je vouais aux Furies Nocturnes une haine aussi profonde que grandissante. Je m'étais juré que les Furies nocturnes périraient toutes, pour venger mon village, mais aussi et surtout ma petite sœur.

En trois ans, j'avais réuni plus de quatre cents bateaux pour détruire cette vermine. Je passais de nids en nids, détruisant tout sur mon passage, comme ces dragons mortels m'avaient détruit aussi bien que mon village sur le leur. Cela faisait trente ans que mon travail consistait uniquement en ça. Grâce à moi, les Furies Nocturnes se firent de plus en plus rares, et bientôt on les considéra comme éteintes. Mais il restait encore un nid à détruire. Un nid qui n'avait certainement pas participé au carnage de mon peuple, mais qu'il fallait détruire quand même pour éradiquer définitivement ces dragons.

J'avais mis plus de cinq ans à le trouver, et quand enfin j'y étais parvenu, elles m'avaient filé entre les doigts, guidées par une des leurs. Et après huit nouveaux mois de recherche, je les avais de nouveau retrouvées. J'allais enfin pouvoir terminer ma vengeance.

***

PDV Harold

Je me levais, encore ensommeillé, pour aller nourrir Krokmou et Tempête. Trainant les sacs de poisson, je m'arrêtai un instant pour regarder la mer. Et je ne percutais pas tout de suite en voyant ce que je voyais. Est-ce que... non... Déjà ?!! Mais... mais ils n'étaient pas censés arrivés avant au moins un mois de plus !! Cela faisait seulement cinq mois !! Complètement paniqué, je délaissais les sacs et appelais Krokmou en imitant le cri d'une Fury Nocturne. Il arriva quelques secondes plus tard, ayant discerné ma peur dans ma voix.

- Krokmou ! Situation de crise !!

Je sautais sur son dos et il se dirigea immédiatement vers la corne d'alarme. Il se posa et je descendais aussi rapidement que j'étais monté. J'inspirais profondément et soufflai dans la corne. Un bruit résonna sur toute l'île, et tous se réveillèrent. Krokmou leva la tête vers le ciel et rugit tout en lançant ses ondes. La Rive sauta sur ses pieds, et immédiatement tous les dragons quittèrent le sol, formant une nuée au-dessus de l'île. Les dragonniers vinrent se joindre à moi sur la butte de terre où l'on avait placé la corne d'alarme. Même Astrid, à qui j'avais pourtant défendu de monter sur Tempête, était là.

- Qu'est-ce qu'il se passe, Harold ?!! cria Varek complétement paniqué.

Je tendis le doigt vers l'horizon, et sur tous les visages la peur se dessina.

- Mais... Tu avais dit qu'ils seraient là seulement dans six mois ! Et là ça fait que cinq ! gueula Rustik.

- Oui et bien je me suis trompé ! Ils seront aux portes de la Rive avant la fin de la journée ! Il ne faut pas qu'ils l'atteignent !! Tout le monde à son poste !! Astrid, retournes dans la hutte !

- Mais Harold !

- Y a pas de mais Astrid ! Tu savais depuis le début que tu ne pourrais pas combattre et tu risques d'être blessée ! Retournes dans la hutte !

Tous les dragonniers se séparèrent, chacun dirigeant la section de dragons qui lui était attribué. Ceux-ci suivirent le ou la dragonnier(ère) qui devait les diriger. Ainsi, au bout de quelques minutes, j'étais à la tête de toutes les Furies Nocturnes, de Vipères, de Cauchemars Monstrueux, de Gronks, et des Chants Funestes. Les jumeaux dirigeaient exclusivement les Hideux Braguettaures, en raison de leurs techniques de combats différentes de celles des autres espèces. Sinon, chaque dragonnier ou dragonnière dirigeait une légion de dragons de toutes les espèces.

Krokmou et moi étions restés au sol et je criais dans ma corne :

- Dragonniers et dragons ! L'ennemi pour lequel nous nous entrainons depuis cinq mois est à notre porte ! Nous ne voulons pas qu'il atteigne la Rive ! Si un combat doit avoir lieu, ce sera loin de l'île ! Si nous ne voulons pas qu'ils s'approchent, nous devons aller nous-même vers eux ! Dagur et Rustik ! A mes côtés ! Varek, Elia, les jumeaux, et Ingrid ! Derrière ! C'EST LA GUERRE !!

La Grande Fury de la NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant