Chapitre 3 : De gré ou de force

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 - Vous n'allez pas me virer ? Demanda Clarke d'une petite voix.

- Bien que l'envie m'ait légèrement démangé quand je me suis rendue compte qu'il manquait la cannelle dans mon café... Non, je ne vais pas vous virer.

Clarke souffla de soulagement. Si sa patronne l'avait mis à la porte, elle n'aurait pu compter sur sa possible avance et se serait réellement retrouvée à la rue.

- En réalité, et ça me fait un peu de mal de le dire mais j'ai besoin de vous.

Clarke haussa un sourcil, intriguée. À l'accoutumée, Lexa Woodsen ne faisait que la mépriser. Elle devait être son assistante et découvrir de fond en comble le métier de rédactrice en chef d'un magazine féminin, mais la brune aux yeux verts en avait décidé autrement et l'assignait aux tâches les plus déplaisantes. « C'est pour vous faire les pieds », « Apprenez que tout ne tombe pas tout cru dans la bouche » ne cessait-elle de lui répéter, la renvoyant sans cesse à sa condition sociale : celle d'une petite fille riche, un peu capricieuse à qui on avait toujours tout donné.

- Ma compagne m'a quitté hier soir, reprit Lexa, et quand je dis quitté, c'est quitté.

- Désolée, murmura Clarke.

- Le réel problème n'est pas là. À vrai dire, je dois me rendre chez ma famille pour les fêtes, et j'avais promis à ma grand-mère, qui est malade au passage, que je serais accompagnée car je cite « ça serait mon plus beau cadeau de Noël ». Or me voilà fraîchement célibataire et par conséquence dans de beaux draps.

- Très bien... Je ne vois pas comment vous aider Miss Woodsen mais je ferais mon possible.

- Oh bien sûr que si vous allez m'aider : vous allez venir avec moi.

- Pardon ? demanda Clarke.

- J'ai besoin d'une fiancée pendant une semaine, vous avez besoin d'argent, je crois que le marché est plus qu'équitable, annonça Lexa le plus normalement du monde.

La blonde explosa de rire. Elle rit jusqu'à ce que des larmes s'échappent de ses yeux et que son ventre se torde au point de lui faire mal, alors que Lexa l'observait toujours aussi sérieusement, la fixant de son regard perçant et attendant qu'elle se calme. Clarke sécha peu a peu ses larmes d'un revers de main, avant de s'apercevoir que sa patronne, elle, n'était absolument pas d'humeur à plaisanter.

- Attendez, je récapitule... dit elle après s'être ressaisie. Vous voulez que je remplace votre compagne qui a pris la fuite juste avant les vacances de Noël en famille contre de l'argent... Wow, wow, wow, avec tout mon respect Miss Woodsen, mais c'est de la prostitution ! Je refuse ! s'écria Clarke, choquée par ce pacte du diable.

Lexa leva les yeux au ciel. « De la prostitution », tout de suite les grands mots, pensa-t-elle. En était-ce ? Non, pas du tout, enfin si un petit peu quand même. Mais pour cette fois elle se devait d'aller au-delà de ses principes, les yeux attendris de sa grand-mère et son petit coeur empli de bonheur en valait largement la peine.

- Clarke, Clarke, Clarke... Votre wagon est attaché de gré ou de force au mien...

- J'ai cru que c'était un pacte, je dois donner mon accord pour un pacte !

- Et bien j'ai menti, c'est un pacte forcé, répondit Woodsen sur le ton de l'indifférence, de toute manière si vous ne le faites pas vous serez virée, et bien sûr vous pourrez dire au revoir à votre avance, et donc plus d'appartement. Je vois déjà les gros titres, « l'héritière Griffin croisée dans un squat du Bronx »... Et en plus de cela, ça serait réellement dommage de ruiner tout ce que vous avez fait pour peut-être obtenir un emploi valorisant chez Women... Sérieusement... Une petite fille riche ne se serait pas abaissée à me ramener une boîte de tampons à deux heures du matin, ou traîner mon chat chez le véto, ou alors parcourir toute la ville pour retrouver à l'identique ma tasse préférée, et j'en passe.

Clarke se mit à réfléchir, Lexa lui menait la vie dur, et si elle refusait, tout ce qu'elle avait subit ne servirait à rien, et en plus de cela elle perdrait son appartement. Finalement dans l'équation elle avait sûrement plus à gagner qu'à perdre. Néanmoins, voir Lexa Woodsen dans une telle situation l'amusait, cette fois-ci, c'était elle, Clarke Griffin, qui avait le pouvoir sur la grande patronne de Women Magazine.

- Je vais y réfléchir.

- Je ne vous laisse pas le choix, mais pour la forme, je vous donne une heure, histoire de déterminer votre avenir. Voilà le montant du chèque, peut-être que ça vous aidera à vous décider.

Lexa inscrivit le montant sur le chèque et le tendit à Clarke dont les yeux se mirent à briller. Sans un mot, feintant d'avoir toujours le pouvoir sur sa supérieure, elle quitta le bureau, alors que Lexa savait parfaitement, que les quelques zéros écrits à l'encre noir avait fait mouche. Satisfaite, elle s'enfonça dans son fauteuil en cuir capitonné, son stylo à la bouche et regarda Clarke quitter son aquarium.

Sans attendre, Clarke téléphona à Raven. Elle devait lui parler de tout cela et même si au final elle savait qu'elle n'avait pas tellement le choix de se soumettre à la volonté de la grande Lexa Woodsen, il fallait tout de même qu'une personne aux idées presque claires lui dise quoi faire.

- Allo ?

- Rae, c'est moi, soupira Clarke, alors qu'elle pouvait entendre son amie manger des chips.

- Je sais que c'est toi, n'oublie pas que ton nom s'affiche sur l'écran, en revanche, pourquoi tant de désespoir...

- Je déteste Woodsen.

- Wow ! Breaking News ! Je plaisante, c'est pas nouveau ça...

- Elle m'a proposé un truc... Tu sais, je devais demander une avance ?

- Mouais, répondit la latina tout en continuant de mâcher bruyamment.

- Elle a mis sur la table un chèque de 30 000$...

- T'es passée sous le bureau Griffin ?! S'exclama Raven en s'étouffant.

- Non mais... En échange je dois passer une semaine avec elle, dans sa famille, et jouer à la fiancée parfaite pour faire plaisir à sa grand-mère parce que Jennifer l'a abandonné !

- Argent contre compagnie, c'est de la prostitution... Et en plus c'est de la surexploitation parce que t'aurais même pas Noël en jour de congé.

- Je sais !

- Mais ta boss est ultra bonne... Je te jure que je n'aurais pas réfléchis pas à deux fois si elle m'avait fait cette proposition ! Non mais sérieux Clarke ! Lexa Woodsen est une bombe, avoue-le.

- J'avoue mais...

- Pas de mais ! Ses grands yeux verts, cette chevelure brune et soyeuse, ce corps à se damner, ses lèvres pulpeuses...

- Stop.

- Non mais en plus de ça, tu ne passes jamais Noël avec tes parents, et vu le montant du chèque qu'elle a posé sur la table, tu vas passer une semaine dans ton univers bien riche et guindé ! Ça ne te changera pas trop d'air, cette semaine sera un parcours de santé pour toi ! ACCEPTE !

- Je crois que je n'ai pas le choix de toute manière, si je refuse je suis virée.

- ACCEPTE DOUBLEMENT !

Sur ces derniers mots, Clarke raccrocha et soupira. Finalement, de bout en bout Woodsen avait eu les cartes en main. Penaude et se sachant vaincue, elle ne laissa pas l'heure filer et se rendit dans le bureau de sa patronne.

- C'est d'accord, prononça Clarke feignant d'être totalement sûre de ce dans quoi elle s'embarquait.

- Vous m'en voyez ravie ! Nous décollons après demain pour Juneau.

- Juneau ?!

Comment la très classe Lexa Woodsen pouvait-elle venir du fin fond de l'Alaska ? Se demanda Clarke, l'éternelle New-Yorkaise. En tout cas, ça, elle ne l'avait pas vu venir.

Le Pacte de NoëlKde žijí příběhy. Začni objevovat