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NdA: > italique + gras + guillemets = extrait des romans
> gras seulement = post-its

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Après m'être fait chauffer une soupe de poisson, je m'installai sur mon fauteuil de lecture, le bol à la main, et posai le livre que je venais d'emprunter sur mes genoux.

Mes yeux parcoururent avec hâte les premières pages du roman alors que je me penchais régulièrement au-dessus de ma soupe pour en boire quelques cuillères avant de reprendre la lecture. Je remarquai avec étonnement que Sarah Morgan avait un talent d'écrivaine exceptionnel, autant dans la finesse des descriptions que dans la complexité des personnages.

Et ce fut au début du deuxième chapitre que tout avait commencé.

« Il était à coup sûr incapable d'imaginer qu'on puisse manquer de confiance en soi au point de ne pas oser s'adresser à une femme que l'on trouvait attirante. Le même type d'homme que Rupert, en somme. »

Et c'était à ce moment précis, en tournant la page, que je vis une note sur un post-it de couleur beige avec des rayures blanches.

Je trouve ça plutôt injuste de sa part de le juger aussi vite. Même si on sait qu'elle est psychologue et donc qu'elle est à l'aise dans l'analyse les comportements humains, cela ne justifie tout de même pas sa comparaison hâtive. Comment pouvait-elle, justement elle qui méprise plus que tout le manque de respect envers autrui, osé lui manquer de respect en le jugeant si sèchement ? 

Une seule question résonna alors dans ma tête.

Mais de quoi je me mêle ?

Et qui pensait-il ou elle être pour écrire une note et la laisser dans un livre appartenant à la bibliothèque? Mais bon, la personne n'avait pas complètement tort sur ce point-là : elle s'était effectivement contentée de faire cette déduction sur un homme qu'elle n'avait qu'aperçu dans Central Park en faisant ses joggings matinaux.

En rejetant un coup d'œil au post-it, les courbures de l'écriture penchée me firent penser à une écriture plutôt masculine, comme l'écriture d'un docteur qui écrit lisiblement. En y réfléchissant, ce n'était peut-être pas le meilleur des exemples étant donné qu'il est peu probable que vous ayez déjà vu un docteur écrire lisiblement. Mais bon, cela ne changeait en rien la conclusion. Et puis, en tant que littéraire, j'en avais vu des écritures manuscrites; je me jugeai donc apte à penser que c'était un homme.

Tout en fronçant des sourcils, je me demandai si cet homme n'avait écrit que cette note ou s'il en avait laissé d'autres aussi. Tentée de feuilleter les pages, je me résous au dernier moment, me disant que ses notes pourraient me dévoiler les événements futurs. Je continuai donc tranquillement ma lecture.

Je n'eus pas besoin d'attendre longtemps pour trouver un autre post-it en bas de la page de droite, vers la fin du troisième chapitre. Après avoir lu la page de gauche et jusqu'au milieu de la droite, je m'attaquai minutieusement au paragraphe suivant, commenté par la petite note.

« Tu penses avoir de l'énergie sexuelle pour dix ? [demanda Molly]
- Tu veux faire le test ? [répondit Daniel]
- Jamais avant le petit déjeuner, non. »

Si le contexte avait été différent, je ne l'aurais pas dit mais étant donné que le lecteur sait qu'elle est dans un état extrême de panique, j'en tire la conclusion qu'elle me ressemble: se cacher derrière les conversations avec une pointe d'humour pour ne pas exposer son désarroi. Mais en tant que psychologue, c'est plutôt faible de sa part. Mais bon, ça a l'air d'être un personnage adorable, elle me fait penser à Lily. Depuis qu'elle sait parler, elle plaisante dès qu'elle est mal à l'aise, comme la fois où son enseignante l'avait sévèrement grondée d'avoir poussé un autre enfant et qu'elle s'était sentie si humiliée devant tout le monde, qu'elle avait dit "je n'y peux rien si mes envies de pipi me poussent à commettre des infractions". Naturellement, tout le monde a ri.

Love on Notes [Publié avec &H]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant