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« Je ne savais pas que tu écrivais à ce point bien Elizabeth ! s'exclama Ingrid en me voyant. »

Mon sourire s'élargit en sentant mon coeur battre à tout rompre. J'avais si peu dormi les deux nuits qui avaient précédés dû à l'excès d'anxiété et d'excitation vis-à-vis de ce rendez-vous. Je lui avais donc envoyé mon manuscrit en réponse à son mail et elle m'avait informé qu'elle le lirait dimanche. Elle me fit signe de m'asseoir face à elle.

« Je suis complètement tombée amoureuse de ton manuscrit, me dit-elle droit dans les yeux. J'ai vraiment eu l'impression de regarder un film, le récit étant projeté dans notre lecteur visuel grâce à l'utilisation de tous les sens et puis cet art fin que tu as d'envoûter le lecteur dès le début mais bonté divine, pourquoi n'es-tu pas venue me voir plus tôt ? J'imagine que tu as pu développer ce talent en écrivant des articles et des nouvelles mais c'est tout de même très très épatant pour un premier manuscrit. Il y a quelques modifications à faire mais elles sont vraiment minimes. Je ne peux assez te féliciter pour ton travail de qualité. De plus, le schéma narratif est très envoûtant. »

Je ris doucement alors que ma main alla automatiquement frotter ma nuque. Alors qu'elle me souriait chaleureusement, je ne pus me retenir de me sentir gênée à la suite de ses propos; je suspectais un certain excès de gentillesse de sa part même si une incroyable joie vint dominer mes émotions.

« Je suis sûre que tu exagères.
- Mais bien sûr que non Elizabeth, tu as vraiment du talent et pour tout te dire, je suis plus que ravie que tu aies décidé de venir ici. »

Trop d'émotions envahissant mon corps, je ne pus soudainement plus sortir un mot de ma bouche. Je ne pensais pas que j'allais être à ce point touché par un tel avis. Parallèlement, tout ceci me rappelait énormément mon père étant donné que nous en parlions énormément. Il était le premier à écouter toutes les idées de schémas narratifs que j'avais l'espoir de mettre à l'écrit. 

« Et je t'ai aussi imprimé ça très tôt ce matin, me dit-elle en sortant une boîte de son tiroir. Je n'ai normalement pas le droit de l'imprimer ici avec notre imprimante avant les modifications et cetera mais j'ai tenu à te donner en main propre ton premier jet d'Ordinary Love, me dit-elle en me tendant la boîte. »

Je fronçai des sourcils ne comprenant pas où elle voulait en venir jusqu'au moment où j'ouvris la boîte et tombai sur un roman en format papier. Je sentis rapidement des larmes couler le long de mes joues l'instant où je vis Ordinary Love - Elizabeth Pierce écrit noir sur blanc sur la première page de couverture. L'afflux de larmes ne s'arrêta pas, au contraire, cela se transforma en une fontaine à eau. Je commençai à trembler alors que les poils sur mes avant-bras se redressèrent. J'avais l'impression d'être devenue immobile et sentis des picotements au niveau de ma gorge et une vague de chaleur prendre possession de mon corps. Mon plus grand rêve venait de se réaliser.

«Orchidoclaste... chuchotai-je en arrêtant de pleurer.
- Alors ça te plaît ? me demanda mon interlocutrice. »

J'inspirai profondément en me rendant compte que c'était mon livre que je tenais entre mes mains. La toute première impression de mon premier roman. 

« Si ça me plait ? répétai-je machinalement. Mais bien sûr que ça me plaît ! Je vois mon rêve depuis enfant de tenir mon propre roman entre mes mains se réaliser bonté divine ! »

Je me levai et lui fis une énorme étreinte sur le coup de l'émotion avant de me rasseoir pour feuilleter les pages - mes pages. Après des milliers de remerciements, une discussion sur l'amélioration du manuscrit, le protocole à venir et un esprit toujours dans les nuages, je respirai un grand coup avant de me lever et de me diriger vers la sortie tout en disant au revoir à Ingrid. Au moment où je me retournai pour regarder la direction dans laquelle je marchais, je vis une masse corporelle vêtue de noir à deux secondes de me rentrer dedans, sa boisson en main. Bien trop préoccupée par la survie de mon roman, mon premier réflexe fut de le lever le plus haut possible. Et ce fut avec une main en l'air que je lui rentrai dedans, sa boisson, froide, à mon plus grand bonheur, se déversa sur mes habits. La force de collision fut importante étant donné qu'il ne regardait non plus la direction dans laquelle il marchait. Je glissai sur deux mètres mais fus heureuse de voir mon roman sauvé. 

Love on Notes [Publié avec &H]Where stories live. Discover now