『벅 지 민』
† Âmes sensibles s'abstenir †
Depuis le début, il n'était que poussière, un être si insignifiant du monde, sans grande utilité. Un humain que personne n'appréciait, c'était quelqu'un qui était né pour être objet de bien des souffrances. U...
La pièce était toujours plongée dans l'obscurité. La salle de bain comportait un petit lavabo, tout blanc, tout propre. Il y avait seulement un bidon de savon sur le rebord.
Le carrelage était noir sur le sol et les murs, les fenêtres étaient fermées et les rideaux métalliques étaient ouverts d'un petit centimètre seulement. Malgré ce qu'on pourrait s'imaginer sur l'hygiène de Jimin, il était quelqu'un de propre. Il lavait son appartement tous les jours pour s'occuper quand il se sentait mal, pour essayer d'oublier la douleur. La salle de bain sentait donc très bon.
Le coréen était accroupi dans la douche, la tête dans ses bras, il était nu. Seule une lame de rasoir traînait par terre.
Ses cheveux noir de jais pendaient dans le vide, son dos courbé montrait tous ses muscles tendus, ses cuisses aux apparences musclées étaient repliées contre son torse. Un être ne possédant plus d'âme et plus tard, plus de corps.
Il avait envie de se mutiler. Comme tous les moments où il se trouvait sous la douche. Mais il repensait sans cesse à elle. Suzy. Cette merveilleuse coréenne qui s'attachait à lui comme une sangsue. Il s'était livré, mais il ne le regrettait pas. Comme elle était spéciale, elle avait le droit de savoir ce qu'il ressentait à ses côtés, son rôle dans leur amitié ?
Une amitié ? Ce mot n'avait pas franchi les barrières de son cerveau depuis des années. Il avait oublié ce que c'était que d'aimer une personne.
Il résistait afin de ne pas laisser la lame courir et transpercer sa peau blanche. Il donna un coup de pied dedans, l'objet termina sa course loin des yeux, loin de la peau, loin du cœur.
Mettant les mains sur sa tête, priant pour qu'on le laisse tranquille, Jimin devenait fou,. Les ombres étaient particulièrement en colère quand elles avaient compris qu'il ne le ferait pas ce soir.
Son corps entier était pris de violents tremblements. Il bougeait de l'avant vers l'arrière, toujours roulé en boule sur le carrelage froid de la douche.
Des cris étouffés emplissaient la pièce, comblant le vide et le silence de mort qui s'abattait autour de lui.
À bout de souffle et de force, il n'en avait d'ailleurs pas beaucoup, Jimin trouva quand même le courage de se lever. Il enfila rapidement un caleçon, un sweat large à capuche noir ainsi qu'un jean slim noir.
Il sortait de l'appartement en courant, un mal de crâne aux trousses, il arriva devant la porte de sa voisine de pallier. Il sonna et une femme ouvrit.
– Bonjour, vous êtes le voisin non ?
– Pouvez, pouvez-vous me prêter un téléphone, bafouillait-il.
Ses lèvres tremblaient, il semblait au bord de l'implosion, ses yeux rouges paraissaient sortir de leurs orbites.
Elle semblait étonnée de le voir, en effet, elle avait aperçu le jeune homme que quelques fois depuis qu'il avait emménagé. La vieille dame fronçait les sourcils, mais obtempéra.
Elle revint quelques secondes plus tard avec un petit smartphone.
Jimin le prit dans ses petites mains puis sortit un papier de sa poche. Il avait attrapé le morceau en sortant de chez lui. C'était le numéro de téléphone à Suzy. Elle le lui avait laissé, l'implorant de l'accepter au cas où, il aurait besoin de lui téléphoner.
Au début, Jimin avait fait une boulette du papier, trouvant cette idée absurde et ridicule à souhait. Mais finalement, la jeune femme avait eu raison. Là, tout de suite, il avait besoin d'elle.
Le garçon aux allures étranges composait les numéros un par un, avec un peu de difficulté. Et ça sonnait. Il portait l'appareil à son oreille, tapant du pied, rongeant son ongle à l'aide de sa main libre.
– Allô, on entendait une voix féminine de l'autre côté.
– Suzy, c'est Jimin, murmurait-il.
De retour chez lui, Jimin était allongé et recroquevillé dans son lit, la pièce toujours plongée dans l'obscurité, on ne pouvait même pas en apercevoir la couleur des murs. De toute façon, il n'y avait rien de bien intéressant. Seulement une commode contenant ses affaires, un tapis pour ses insomnies passées au sol et de long rideaux de velours camouflant les grandes fenêtres de sa chambre.
Il pleurait, criait, son nez coulait et ses yeux devenaient de plus en plus petits à cause des larmes. Il se balançait comme un enfant, les mains collées contre ses oreilles, comme pour essayer de faire taire ces voix du mal qui lui vrillaient toute la journée aux tympans. Il était comme un fou.
Suzy arriva, dix minutes s'étaient écoulées depuis l'appel de Jimin. La jeune femme au cœur pur s'était immédiatement inquiétée, la voix de son protégé craquait à l'autre bout du fil. Elle était contente qu'il se soit finalement résigné à l'appeler, mais elle avait peur pour lui.
Voir le garçon se détruire alors qu'elle était presque impuissante la rendait malade. Elle n'avait jamais éprouvé ce sentiment auparavant envers un garçon. Ça paraissait si étrange, et s'était si soudain qu'elle ne savait pas comment le gérer.
Jimin continuait de souffrir, paralysé par la douleur, il n'avait même pas remarqué que Suzy avait fait irruption dans sa chambre, dans son intimité. Personne n'était jamais entré ici, elle était la première.
Alors qu'il pensait que son heure avait sonné, de longs bras fins et réconfortants se mirent à l'enlacer. Une chaleur se dispersa dans tout le corps du jeune homme. Son cœur se retrouva d'un coup moins lourd et sa tête se vidait peu à peu des monstres. Il soufflait presque. Ce n'était pas du bien-être, seulement un peu de soulagement. Le toucher à Suzy était magique, elle était magique.
Jimin n'osait pas la regarder, il avait peur de croiser ses deux billes noires innocentes, il avait peur qu'elle juge ses larmes. Alors il se laissait aller à cette douce chaleur, respirant à plein nez l'odeur de fleur qui émanait des cheveux de la jeune femme. C'était tellement agréable qu'il s'endormit au bout d'un certain temps. Il redevenait Jimin, l'homme mignon qu'on avait envie de désirer. Un homme si attractif qu'il n'en avait même pas conscience.
Suzy réalisa son geste trop tard, elle était en train d'enlacer cet homme. Ça lui faisait tout drôle. Mais elle aussi trouvait ça tellement agréable.
Ils finirent par dormir dans les bras de l'autre, tout deux appréciant leur proximité.
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