『벅 지 민』
† Âmes sensibles s'abstenir †
Depuis le début, il n'était que poussière, un être si insignifiant du monde, sans grande utilité. Un humain que personne n'appréciait, c'était quelqu'un qui était né pour être objet de bien des souffrances. U...
Suzy était partie au travail laissant le jeune homme seul chez elle. Jimin avait passé la journée enfermé dans le noir complet de la chambre d'amis.
Il s'était vêtu d'un sweat noir extra-large et avait troqué son jean noir contre un jogging de la même couleur. Il était resté en boule les mains sur la tête, le corps contre le mur. Il n'avait pas mangé, prenant un repas seulement le soir, et il s'apprêtait à se laver.
La douleur ce jour-là était particulièrement vive. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas retrouvé seul. Et les ombres se réjouissaient qu'il le soit enfin. Même si celles-ci aimaient se nourrir de Suzy et des autres gens, elles adoraient par-dessus tout le punir. Et il avait besoin d'être puni selon les règles qu'elles avaient établies.
Il sentait la sentence arriver, c'est pour ça qu'il se dirigeait vers la salle de bain. Parce que sous l'eau, il pouvait pleurer sans qu'on voie ses larmes, il pouvait crier sans qu'on l'entende, il pouvait saigner sans laisser de traces.
Jimin se déshabilla et entra dans la douche. Une lame dans ses doigts, de l'autre main il actionna le jet d'eau. Avant de se doucher, il avait pris soin de fermer les volets métalliques, laissant tout de même un faible rayon de lumière.
Il s'asseyait par terre, l'eau tombait sur ses cheveux, coulant ensuite sur son visage. Les larmes se mêlèrent rapidement à l'eau.
Jimin criait tellement il souffrait, c'était comme si chacun de ses organes explosait un par un. Son cerveau semblait surchargé de données, lui provoquant une atroce migraine. Il avait l'impression que ses neurones cédaient, qu'on lui perforait la peau à coup de poignard partout dans la chair.
Il pourrissait de l'intérieur et ne pouvait rien faire contre les ombres, il pouvait qu'endurer. Elles l'obligeaient à se détériorer lui-même, le rendant fou.
Il pleurait, criait, se taillait les veines, tentant en vain de surpasser la douleur. Son cœur était meurtri.
Jimin prit la lame dans ses doigts fins, il l'approcha de sa cheville gauche, il la posa dessus sans la faire glisser. Il rejeta la tête en arrière ses cheveux mouillés venaient se heurter contre le carrelage froid. Il fermait les yeux, deux larmes coulèrent simultanément sur ses joues, il laissa échapper un gémissement. La lame entra dans sa peau crayeuse, elle glissa vers la gauche, formant une ligne droite. La première goutte de sang se mit à couler le long de sa cheville pour venir s'écraser sur le sol, celle-ci suivie par d'autres dans la minute suivante.
Le sang se mêlait rapidement à l'eau, mais Jimin ne se sentait pas mieux. C'était pire, parce qu'il saignait, pour elles. Ces monstres aimaient le sang, plus particulièrement le sien. Le voir couler, de sa couleur terne était une jouissance pour ces êtres infâmes.
– Je vous en supplie, laissez-moi, articulait Jimin entre deux violents sanglots.
Il lâcha la lame, ses doigts ne supportant plus de la tenir. Des voix se mirent à raisonner dans la pièce.
– Tu nous appartiens Jimin.
Nouveau sanglot.
– Je suis épuisé, je n'ai plus de force... , ajoutait le garçon.
– Tu sembles rayonnant pourtant, ricanaient-elles.
Tremblements.
– Je vous donnerai tout si vous partez.
– Tu nous appartiens Jimin, nous ne te laisserons jamais.
Chair de poule.
– Pourquoi moi, criait-il à bout de forces.
– Tu as le goût du paradis Jimin ! s'exclamaient-elles.
– Mais je ne veux pas ! Je ne veux plus !
– Tu nous appartiens Park Jimin, à la vie à la mort !
Les voix lui vrillèrent les tympans. Il le savait à présent, elles étaient furieuses.
Les ombres le forcèrent à se lever. Sous leur commandement, il sortit de la douche, mit rapidement ses habits. Il se dirigea dans la cuisine, il s'accroupit et caressa le sol du bout des doigts.
– Écrit !
Les voix avaient parlé.
L'index du coréen se posa sur sa blessure qui continuait de suinter, il récupéra une goutte de sang et commença à l'étaler machinalement sur le sol. Plusieurs gouttes plus tard, après avoir peint son malheur, il tomba à terre. Ses yeux se fermèrent doucement et il plongea dans le sommeil, il s'était simplement évanoui.
Suzy arrivait chez elle après une journée de travail chargée. Elle posa son manteau sur le canapé et se rendit dans la cuisine afin de se préparer un thé. La maison était calme et plongée dans le noir. Elle n'ouvrait pas les rideaux, car elle savait que son protégé n'aimait pas la lumière. Son cœur se mit soudainement à battre comme un fou quand le portrait du coréen s'afficha dans son esprit. La jeune femme porta une main à son cœur et murmura doucement :
– Pourquoi continues-tu à me troubler ?
Elle s'approchait du comptoir et découvrit avec horreur que Jimin était étalé par terre, le corps endormi. Que faisait-il là ? Mais ce n'était pas le plus étrange. La jeune femme fit un pas en arrière et butta contre le plan de travail. Elle tomba les fesses à terre, la tête contre le meuble, une main portée à sa bouche. Elle réalisa choquée qu'un mot était écrit à côté du corps du noiraud. C'était d'une couleur rouge, et ça ressemblait à du sang.
Des larmes coulèrent sur ses joues lisses, elle n'avait jamais rien vu d'aussi effrayant de toute sa vie. La pièce était plongée dans l'obscurité, on distinguait à peine les traits de Jimin ni l'écriture au sol. Pourquoi, comment avait-il fait ça ?
Le corps de la jeune femme fut secoué de tremblements, elle s'approcha de l'écriture et éclaira le sol à l'aide de la torche de son portable. Elle découvrit épouvantée ce qui était inscrit sur le sol de sa cuisine.
Shadows.
Il avait écrit « ombres » avec son propre sang.
Suzy se rua sur Jimin, elle le secouait dans tous les sens, criant son prénom. Il ne réagissait pas, paniquée, elle appela les urgences.
Rapidement, les secours arrivèrent, ils furent transportés à l'hôpital. Jimin était finalement allongé dans un lit et les docteurs venaient de l'examiner.
Après lui avoir donné quelques médicaments ainsi que des vitamines, ils déclaraient que ce n'était qu'un simple malaise, dû à la perte de sang. Il pourrait sortir dans les jours qui suivaient. Suzy se faisait un sang d'encre. Elle avait peur de le perdre. Elle s'était terriblement attachée au point de l'aimer. Elle ne supporterait pas qu'il la quitte, elle n'était pas encore prête. Elle espérait toujours qu'elle pourrait le faire changer, le rendre heureux.
– Tu vivras heureux Jimin, fais-moi confiance. Peu importe ce qu'elles pensent, tes ombres s'envoleront, elles partiront avant qu'il ne soit trop tard. Résiste encore un peu, pour moi, déclarait Suzy les larmes aux yeux.
Leurs mains étaient liées, Suzy caressait celle de Jimin, il avait la peau tellement douce et à la fois tellement claire.
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