sous les étoiles (tome 2)

43. « la vérité »

18 octobre 2022
Paris, France

Felipe s'arrête un peu plus loin et bande les yeux d'Estrela pour qu'elle ne voit pas la suite. Ils changent de voiture pour éviter d'être retrouvés rapidement et cette fois-ci, ils montent tous les deux à l'arrière. Le partenaire de Felipe est à l'avant et conduit.

- « Tu sais, tu peux me dire où est-ce qu'on va, ce n'est pas comme si j'allais pouvoir appeler la police pour leur dire où je suis. » Dit Estrela.

- « Je sais que tu ne feras rien de stupide, soeurette mais je tiens tout de même à ce que ça reste une surprise. » Dit-il en souriant.

- « Je veux juste que tu ne fasses rien à Esteban et Eva. » Dit-elle.

- « Je t'ai déjà dit que je ne leur ferais rien. » Dit-il. « Ils sont innocents. »

Estrela est beaucoup plus rassurée mais elle a quand même peur qu'il ne tente quelque chose sur eux.

- « Je t'avoue que j'essaie de te cerner depuis que je sais que tu es le réel tueur mais je ne comprends jamais rien. » Dit-elle.

- « Pourtant, tout est très simple soeurette. »

Il ferme les yeux et repense au moment où il a appris la vérité sur lui-même. Ça l'avait anéanti mais il comprenait maintenant pourquoi il ne ressemblait pas à son père ni à sa mère. Il comprenait pourquoi il avait des yeux bleus alors que toute sa famille avait des yeux bruns. Il avait finalement compris pourquoi il ne se sentait jamais à sa place.

- « Mes parents m'ont abandonné et aujourd'hui, je fais tout pour qu'ils ressentent dans la peau ce que ça fait de souffrir. » Dit-il.

- « Ils ne t'ont jamais abandonné. » Répond Este en secouant la tête. « Tu leurs as été arraché par nos grands-parents et Lourdes et ils n'ont jamais eu les moyens financiers pour te retrouver. J'ai grandi dans la pauvreté, Fernando. »

Este ferme les yeux et repense à toutes ses années où elle n'a jamais pu avoir tout ce qu'elle voulait. Rien n'a jamais été facile pour sa famille mais ses parents se sacrifiaient constamment pour qu'elle et Jo puissent aller à l'école et puissent manger.

- « Je ne compte plus les fois où nos parents me regardaient manger alors qu'ils n'avaient mangé qu'un bout de pain, je ne compte plus les fois où je les voyais rentrer tard du travail pour qu'ils puissent gagner plus d'argent, je ne compte plus les fois où mes amis me donnaient un peu de leur collation parce que je n'avais pu manger qu'une seule petite pomme. » Dit-elle en laissant couler une larme. « La vie n'a jamais été facile pour nous parce que nos parents avaient fui le pays pour qu'ils puissent être ensemble et pour que leurs prochains enfants ne leur soient pas arrachés des bras. Ils n'arrivaient pratiquement pas à nous nourrir et ils passaient toutes leurs journées à travailler. Comment veux-tu qu'au milieu de la pauvreté et du travail, ils trouvent le moyen et l'argent de te retrouver ? »