Différente - T1

Huitième Chapitre 1/2 - Réécrit

Nous sommes Lundi, et je viens de rentrer du lycée. Depuis quatre jours, j'attends patiemment, sans rien faire ni demander, sans vraiment adresser la parole à Jake ou Joyce. Je me suis enfermée dans une sorte de bulle de réflexion, et chaque jour de nouvelles questions et appréhensions apparaissent dans mon esprit. J'imagine que je retourne à Érédia ce soir, bien que je n'ai pas osé poser la question. En moi se livre une lutte de plus en plus complexe. Je suis à la fois excitée et impatiente de commencer ma nouvelle existence en tant que « Silencieuse de Sang Pur », et affreusement effrayée et terrassée par l'ampleur que tout cela prend.

Je soupire. M'habituerai-je jamais à ma nouvelle vie ?

Les heures passent, et je perds petit à petit le semblant d'espoir que j'avais. Il est bientôt vingt heures, et je suis en train de manger. Je n'ai aucun moyen de contacter Jake et Joyce, et n'ai comme solution à mon problème que l'attente.

J'ai pris une douche et me suis habillée, prête à les accueillir, mais j'hésite à présent à abandonner.

Une fois mon repas terminé, j'allume la télévision et tente de me distraire du mieux que je peux. Il est presque sûr que je n'irai pas à Érédia ce soir. Mais...

— Salut ! retentit alors derrière moi.

Je me retourne en un sursaut, et laisse mon soulagement échapper en apercevant Jake.

— Ça fait des heures que j'attends, je pensais que c'était mort, râlé-je en me levant.

— Désolé, répond le beau brun avec un léger sourire. On devait attendre que Zac ait fini sa journée.

— Où est Joyce ?

— Partie chercher ses affaires, elle nous rejoint après. T'as préparé un sac ?

Je hoche lentement la tête, et vais chercher ledit sac en l'accrochant fermement à mon dos, prête pour un séjour à Érédia d'une longueur indéterminée.

— On y va ? fais-je.

Si je ne me presse pas, je ne suis pas sûre d'avoir le courage d'y retourner. Je ne suis plus sûre de rien.

Jake esquisse un sourire, et me tend la main, que je prends après un instant d'hésitation. Je frissonne quand mes doigts entrent en contact avec les siens, et je ferme les yeux sans le regarder. Je l'entends pouffer légèrement, et ravale difficilement ma salive.

Quelques secondes plus tard, la sensation qui commence à m'être familière me fait perdre l'équilibre et je serre les paupières.

Lorsque je rouvre les yeux, je reconnais dans la pénombre l'escalier extérieur de la maison de Zachariah, et inspire profondément. Tout commence maintenant.

Nous montons l'escalier lentement, et Jake ouvre la porte en appelant Zachariah. C'est à ce moment que je me rends compte que nos mains sont toujours liées, et que je détache mes doigts des siens d'un geste brusque. Jake se retourne vers moi, interloqué et s'en rend visiblement compte lui aussi. Je crois déceler un sourire en coin sur des lèvres, mais n'ai pas le temps d'interpréter son expression, Zachariah apparaît dans le couloir.

— Heureux de vous revoir ! sourit celui-ci. Comment tu vas, Heaven ?

— Ça va, réponds-je en haussant les épaules, hésitante.

Il engage rapidement la conversation, expliquant que Joyce arrivera sûrement dans quelques minutes, et me propose une visite expéditive de la maison. À ma gauche, le salon que je connais déjà, et à ma droite, la cuisine. La sorte d'infirmerie est du même côté, près de son bureau, quelques mètres au bout du couloir, qui apparemment se finit sur une vaste bibliothèque que je me promets d'explorer plus tard. J'aperçois dans un coin un escalier qui descend, mais n'ose pas demander sur quoi il mène.