Différente - T1

Vingt-quatrième Chapitre - Réécrit

Alors que je mange lentement en réfléchissant, Jake débarque dans la pièce. Nous nous fixons quelques secondes, avant qu'il ne se décide à prendre la parole en se servant des pâtes.

— Comment ça va ? lance le loup-garou en s'asseyant en face de moi..

— Ça va.

Je ne souhaite pas lui parler. Pas pour l'instant.

— Ça n'a pas l'air d'aller si bien que ça. De quoi tu as parlé avec Zac ?

Comme d'habitude, il sait lire en moi. C'est à la fois exaspérant et agréable, de quoi m'agacer. Je lève les yeux vers lui, et mon cœur fait un bond au moment où je croise son regard de jais. Je déteste ça, je me déteste de m'être laissée embarquer dans son jeu. J'ai l'impression que plus l'impossible s'affirme, plus j'en ai envie.

— Rien d'important, fais-je en haussant les épaules.

— Allez, dis moi, je vois bien que c'est pas rien, souffle-t-il avec un petit sourire.

Je ferme les yeux un instant, et soupire longuement.

— Arrête, Jake. Arrête. S'il te plaît.

Il a un mouvement de recul, et je vois son regard se durcir.

— Arrêter quoi ?

— De faire comme si de rien n'était. Cette... tension, c'est insupportable, mais c'est pas une raison pour l'ignorer.

— Mais quelle tension ? Je croyais qu'on avait mis les choses au clair.

J'écarquille les yeux, et hoquette.

— T'es à l'ouest, hein, Jake. J'ai pas envie de te parler si c'est pour que tu fasses l'aveugle.

Je déglutis. Ces mots sont durs et je les dis avec tellement de violence que cela me blesse au plus profond. Et le regard noir que Jake me lance est encore plus blessant. Sa mâchoire se contracte.

— D'accord, crache-t-il presque en se relevant brutalement de sa chaise.

Il balance son assiette dans l'évier d'un coup violent.

— Si tu ne veux plus qu'on se parle, on ne se parle plus. Aucun problème.

Il remet sa chaise en place et ne daigne pas me regarder avant de sortir de la pièce. J'entends rapidement la porte d'entrée claquer avec brutalité. Je tremble de tout mon long. Cette fois, mon cœur a vraiment pris un coup. J'avale ma salive avec difficulté. Pourquoi faut-il qu'il ne comprenne rien ? Ça me paraît pourtant assez évident qu'on n'allait pas pouvoir tout de suite passer à autre chose, mais il préfère faire l'autruche.

J'entends des pas rapides se diriger vers la cuisine, et aperçois rapidement les visages de Joyce et Zac, interloqués. Je secoue la tête et me masse les tempes. Je ne préfère pas leur expliquer, et je jette rapidement le reste de repas que j'avais dans mon assiette, avant de hausser les épaules et de me diriger rapidement vers ma chambre.

Après quelques temps dans ma chambre, affalée sur mon lit à m'efforcer de me calmer en inspirant longuement, j'entends frapper à ma porte. J'invite alors Joyce a entrer, et elle s'assied en tailleur en face de moi.

— Bon, il s'est passé quoi ? s'enquiert-elle.

— Je lui ai dit que je ne voulais pas lui parler s'il faisait comme si de rien n'était, et il s'est énervé, soupiré-je. Je ne l'avais jamais vu comme ça, il doit me détester... C'est mieux comme ça, j'imagine.

Joyce souffle lentement.

— Il ne te déteste pas du tout. Jake est quelqu'un de très fier, alors quand il est confronté à une situation comme ça, il préfère être froid pour ne pas montrer qu'il est blessé. Il a réagi comme ça parce qu'il tient beaucoup à toi, et qu'il a vu qu'il t'avait peut-être fait plus de mal qu'il ne le pensait. C'est un de ses défauts, il ne veut jamais montrer ce qu'il ressent vraiment.