Un brin d'homme

5 2 2
                                    

"Oyez oyez , gentes dames et nobles sieurs, le conte de Theobald Brin d'homme qui, malgré son corps aminci et ses poings tremblotants, a su apaiser le coeur des hommes pour éviter un funeste destin, celui de la guerre et de la désolation ! Nul n'a d'égal sa compassion et sa vertu, et les charitables se sont rangés à ses côtés ! Alors soyez toute ouïe, et écoutez l'histoire de notre sauveur !" 

-------

- Outch ! Diable soient ces plantes ! s'écria le garçon. Que mon père soit maudit de me laisser m'occuper des récoltes.

Le champ de pomme de terre, s'étendant sur un hectare, était parsemé de mauvaises herbes piquantes qui ne manquèrent pas d'irriter Theobald, dans les deux sens du terme.

- Que neni ! Puisque tu es si fort, père, viens t'en charger! 

- Allons mon garçon. Récolter les pommes de terres te fera gravir les échelons pour devenir, un homme, un vrai. Il serait du gâchis que je me charge d'un tel réjouissement alors que mon enfant a ici l'occasion de s'endurcir.

- Elles ont intérêt à être bien mijotées, ces maudites patates.

Après une interminable heure de récolte, le jeune garçon, âgé de 17 années, rejoint son paternel , dans une demeure composée de pierres et ornée d'un toit en bois de hêtre. Le feu de la cheminée crépitait et le couvert, en argile était positionné sur une petite table ronde.

- Bon appétit Théobald.

- Que ta faim soit satisfaite, Père.

Theobald est blond cheveux courts aux yeux bleus. Sa maigreur laisse entrevoir les contours de sa mâchoire. Des cernes apparents au seuil de ses paupières révèlent un visage fatigué. Son père est similaire à lui, si ce n'est que sa stature imposante lui apporte crédibilité et force le respect.

Après ce diner, l'heure de se pieuter arriva. Une fois rendu dans sa chambre, le jeune homme s'en allait fermer la porte avant que la main intrusive de son géniteur ne l'en empêche.

- Mon fils, j'ai à te parler.

- Ce discours vaut il tout l'or royal ?

- Les petites victoires de la vie forgent les héros de demain. Je suis conscient que la récolte que tu as effectué était une tache ardue pour toi. Ainsi, je te félicite. Bonne nuit.

- De même.

L'obscurité présente au sein de Beauval le Bourg ne laissait entrevoir que des lanternes accrochées à des clous fixés sur le mur d'une auberge. On pouvait distinguer sur la devanture quatre mots : Au Guet Du Val. Les paroles et élucubrations fusaient dans la pièce et malheureux étaient les voisins qui ne pouvait ouïr que les récits d'ivrognes, contant leur exploits ou ceux de leur ancêtre sur un fond musical de tambourin et flûte.


- Debout mon fillot ! 

- Si tôt ? Encore une récolte ?

- Non, les fruits en seront plus bénéfiques encore ! Lève toi donc !

- Si je ne le fais pas, tu vas encore m'attraper par le derrière du pantalon.

Une fois Théobald sorti avec son père, les voila empruntant un chemin. Un panneau où figurait "Grandflots" bordait ce dernier. 

- Ohé ! Gilderoy ! 

Le père du jeune garçon se retourna.

- Mes amis ! Quel vent vous amène ?

- Nous nous rendons dans la chatellerie de Grandflots. Le comte attend des nouvelles.

- Alors nous allons parcourir la route ensemble !

- Père, pourquoi allons nous la bas ? 

- Nous allons faire de toi un homme.

-----

J'espère que cette mise en bouche vous aura plu chers lecteurs ! 

N'hésitez pas à me le faire savoir :)

Paulo


Par l'acier, par les motsWhere stories live. Discover now