Le bataillon sentinelle

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Théobald se réveilla en sursaut. Il venait d'entendre le bruit des bottes de fer de son père s'appuyer lourdement sur le sol. Gilderoy était sur le départ. Le jeune homme s'empressa alors de se lever pour dire au revoir à son paternel, qu'il n'allait pas revoir de si tôt.

- Père !

- Oh mon fils. Je constate que tu es la pour acclamer ton héros partant en voyage ! dit-il à sa progéniture sur le ton de la connivence. Théobald esquissa un léger sourire.

- Que de drôleries, de bon matin. Je n'arrive pas à réaliser que tu t'en vas si loin. Je devrais t'en vouloir, mais j'ai eu la nuit pour me calmer.

- Et tu connais l'enjeu de ce voyage. Je préfères encore te laisser seul une dizaine de jours que de te perdre.

- Je le sais bien.

- Ouï bien ce que je vais te dire. La distance n'est qu'une petite difficulté. Je suis toujours dans ton cœur tout comme ta mère. Sert toi de ton attachement pour briller aux entraînements. Le devoir m'appelle mon brave. A très bientôt, mon fils. Je t'aime.

A l'entente du mot "mon brave". Théobald sourit.

- Moi aussi, Gilderoy la Limaille ! lança t-il à son père, sur le départ.

Le cheval s'éloigna avec son géniteur. Alors, Théobald ressentit une légère tristesse malgré le discours du commandant. Mais avant tout .... Comment allait-il pouvoir se gérer et gérer entraînement et récolte ? 

Le comté des Champs, dans lequel il se trouve, est riche en agriculture et représente le principal fond de commerce des habitants. Il ne pouvait se résoudre à tout consacrer à sa formation militaire. Théobald devait rejoindre les quartiers des gardes, situé dans la périphérie de la capitale, entre Beauval le Bourg et Grandflots. 10 heures. Il se mit en route.

On pouvait entendre les cris des ivrognes depuis la taverne du village. Pour eux, il n'y avait pas le soucis du devoir, si ce n'est celui d'étancher sa soif. Ce vacarme d'estompa au fur et à mesure que Théobald quitta le bourg pour emprunter un petit chemin longé par une forêt et de vastes plaines où figuraient champs, outils agricoles, maisonnettes en bois et puits. Les rayons du Soleil acculaient le jeune homme qui décida de faire une pause. Fort heureusement, les arbres de la forêt lui procurèrent de l'ombre et il put se poser sans inconfort.


En voyant, de l'autre côté du la route, les paysans travailler, le jeune homme se projeta déjà à la soirée qu'il allait passer : "Saletés de patates ... "se murmura t-il à lui même.

Soudain, deux soldats vinrent dans sa direction. Théobald croisa leur regard et ces derniers semblèrent surpris à la vue du garçon.

- Hola mon gaillard ! Tu es bien Théobald, c'est cela ?

- Heu ? ... Lui même.

- Nous nous rendons vers nos quartiers, nous sommes du bataillon sentinelle. Nos supérieurs ont mentionné qu'une nouvelle recrue devait arriver dans la matinée. J'imagine que c'est toi.

- Vous tombez à pic ! Annonça avec soulagement la nouvelle recrue. 

- Nous allons faire le trajet ensemble ! Je me prénomme Jason et lui, c'est Boris, dit il en direction de son camarade, ayant l'air un peu bougon.

- Enchanté, vous connaissez déjà mon nom.

Jason était grand, blond, cheveux mi-longs et aux yeux bleus. Il ressemblait un peu à Gilderoy, mais en moins robuste. L'autre individu, qui ne daigna pas même dévoiler son nom, était assez petit, roux et les yeux verts.

Alors que les trois hommes se rapprochèrent de leur but, Théobald, qui était curieux, demanda :

- Au fait, de quoi est composé l'entraînement quotidien ?

- A défaut de te faire une liste exhaustive, il y a des pompes, des exercices abdominaux, des duels à l'épée, à la dague et à l'arc. Des poids à soulever t'attendront aussi. Pour le reste je te laisserai découvrir pour ne pas te gâcher le plaisir. Surenchérit Jason, qui était visiblement le seul des deux soldats disposé à parler.

- Mon père parlait au comte de la forêt Assassine.

- Oh ! s'étonna le guerrier. Nous n'y allons que très rarement, et c'est pour chasser le sanglier. Il faudra nous nourrir par nos propres moyens, une fois à la garnison. La forêt est réputée dangereuse et des créatures hostiles y habiteraient. Mais ce ne sont que des rumeurs.

- Je sais à quoi m'en tenir, rétorqua Théobald.

- J'aperçois notre objectif ! 

Il s'agissait là d'une grande demeure constituée de murs en bois, mais d'un toit, des colonnes et une cheminée de pierre. La forêt, que l'on jugerait plus sombre que d'ordinaire, était visible au loin derrière les baraquements. Là encore, au grand désespoir de Théobald, des cris guerriers pleins de fougue fusaient en masse.

En s'avançant vers la porte, la recrue distinguait la phrase "Victori aut mortum" (La victoire ou la mort) gravée dans une fausse épée fixée sur le mur. Le jeune homme ne se sentait pas rassuré.

- Ne t'en fais pas, nous n'en sommes pas à de telles extrémités. Dit Jason, souriant, constatant le mal être de Théobald.

- Je l'espère ...

- Allez les gueux* ! On s'active ! La région sera envahie dans quelques jours et au vu de votre niveau, vos mères seront égorgées pour sûr ! 

- Lui, c'est notre entraîneur. Il n'est pas tendre mais c'est l'alcool qui le rend violent. Obéis à ce qu'il te dit et tout ira bien. 

Théobald acquiesça et croisa malencontreusement les yeux de son supérieur. Celui ci lui lança un regard malaisant et furieux.

- Eh toi ! Viens par ici ! Tu vas voir ! 


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Notre héros va t-il prendre cher ? Affaire à suivre ^^ 

* Les gueux = les misérables

Par l'acier, par les motsTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon