Chapitre 14

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Je me réveillai vers quatre heures du mat' et passai la fin de la nuit à me retourner dans mon lit, tout en retournant les idées dans ma tête. A présent, que j'avais décidé d'entretenir ma mère pour une durée indéterminée, comment allais-je gagner du fric pour deux? C'est alors que je me rappelais du fameux grimoire. 100 000 dollars de récompense. Et encore plus, au marché noir. Mais le vendre sans me faire arnaquer ou trucider... Sans faire de bruit, j'allais le tirer de mon sac à dos et l'examinai à la lumière de ma petite lampe-torche. Il était vraiment très vieux, épais, pas plus grand que la paume de ma main et écrit serré, en grec ancien. Ses pages étaient épaisses et rigides, cousues ensemble et coupées irrégulièrement. Avec un choc, je réalisai que je tenais un vrai livre antique, en parchemin, comme dans mes fantasmes. Peut-être l'un de ces textes écrits sur des feuilles éparses et rassemblées par la suite. Putain, qu'allais-je y apprendre ? La recette de la Pierre Philosophale ? Les mains tremblantes je l'ouvris.

La magie est désir fait matière. La magie est pouvoir, la magie est pure, mais le pouvoir corrompt. Méfie-toi, ô apprenti de ton appétence pour elle. Nul sortilège ne doit être lancé à la légère.

Des leçons de morale. Pourquoi tout le monde était-il si obsédé par ce bouquin? Je continuai. La phrase suivante contenait des mots que je ne connaissais pas, puis :

...l'apprenti doit être exempt de tout péché mortel, s'être confessé la veille et n'être soumis a aucune passion violente lors de la pratique de la magie. Il doit en outre s'être abstenu de toute boisson forte...

Cela continuait ainsi sur quelques lignes. Vladimir avait raison. Il s'agissait d'une espèce de manuel de magie écrit par un prêtre ou un moine, vu le nombre d'injonctions morales dont il était parsemé. Il énumérait soigneusement en les commentant toutes les passions dont l'apirant-mage devait se méfier, dont la colère, la luxure, la vanité... Après un rapide examen de conscience, je me dis que je n'étais sous l'emprise d'aucune d'entre elles. Heureusement, la trouille n'était pas mentionnée. Je passai le paragraphe suivant où l'auteur insistait lourdement sur l'interdiction de mentionner la moindre information magique à une femme quelle qu'elle fut, leur nature les rendant totalement incapables de manier un tel pouvoir sans causer de catastrophe. Le texte continuait sur l'importance de ne pas utiliser la magie pour faire du mal et les châtiments divins dans ce monde et l'autre qui s'abattraient sur le contrevenant. Elle ne devait jamais être utilisée pour tuer, même un fieffé pécheur. Cependant, un bon mage pouvait en user de façon détournée pour défendre sa vie ou celle d'innocents. Cela me rappela la façon dont Alistair s'était débarrassé des deux fanatiques. Un petit tour de magie et pouf ! plus d'agresseurs. Cool ! Même Vladimir avait presque réussi a se débarrasser des siens. Quant à moi, je ne m'en étais tirée jusqu'ici que grâce a un bol incroyable et la bienveillance de quelques individus. Cela n'allait pas durer. Mais si je connaissais quelques sortilèges... Je n'aurais plus rien à craindre de tous les Ethans du monde. Je serais en sécurité. Peut-être pourrais-je apprendre un truc ou deux pour me protéger dans ce bouquin ?

Le réveil, dans le lit au-dessus du mien sonna. Six heures. Je cachai prestement mon trésor sous la couverture. Le ballet bâillements, lever, brossage de dents commençait doucement tout autour de moi. Qu'allais-je faire ? Je repoussai fermement la vague de cafard qui menaçait de m'envahir. Je pensais revenir à Oxford, mais rien ni personne ne m'y attendait. Je finis par décider de dépenser un peu de fric et rester une journée à Londres pour me changer les idées. J'allais me faire la totale : Trafalgar square, Buckingham, la Tamise... Merde, j'avais le droit de me détendre, une fois de temps en temps.

NéosorcièreWhere stories live. Discover now