Chapitre 15

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Une fois dans l'autocar, je commençai à me calmer. Ce type avait dû me suivre depuis l'Ecosse. Mais à présent, il ne pouvait pas me retrouver... Enfin, je l'espérais. Arrivée à Oxford, je me traînai jusqu'à mon nouveau chez-moi. La maison était vide. Heureusement, je n'étais pas en état de parler à qui que ce fut. Il y avait plusieurs paires de chaussures de taille différente dans l'entrée, aussi je supposai que j'avais une colocataire de plus. Je m'enfermai dans ma chambre, libérai Hécate qui s'était contentée de dormir dans son panier, lui donnai ses croquettes et, une fois de plus, m'écroulai dans mon lit.

Je ne me réveillai qu'en milieu d'après-midi, lorsqu'elle me poussa du museau, avec insistance. Elle me mena à la porte du jardin, m'indiquant clairement qu'elle avait besoin de prendre l'air. Elle savait ce qu'elle voulait. J'entrepris mécaniquement de vider mon sac à dos sur mon lit. En plus du Tiro Magiae, j'avais le calepin de Vladimir où des passages en cyrillique alternaient avec ce qui semblait être des incantations en grec. Putain, j'étais à la tête d'une vraie bibliothèque magique et potentiellement d'une fortune. Et en plus... Je tirai du compartiment caché la tablette que j'avais récupérée dans la crypte de Maubeuge. En me concentrant, j'eus l'impression qu'elle émettait une très légère vibration surnaturelle, comme l'avait dit Bao. Il avait aussi parlé d'emmerdes. Mais j'en avais déjà. Je parcourus ma chambre à la recherche d'une bonne planque et finis par glisser la tablette et les bouquins sous des planches de parquet disjointes, sous mon lit. C'était bien pratique d'habiter dans une vieille maison non restaurée. En attendant, je n'avais rien à manger et j'avais l'air d'une clodo. Je pris une douche et, après de longues hésitations, me décidai à sortir faire des courses.

Les nuages défilaient dans le ciel, jouant à cache-cache avec le soleil. La rue, bordée de jardins soigneusement entretenus était calme. Le facteur déposait le courrier en face. Quelqu'un faisait tourner son moteur derrière sa maison. Un retraité passait la tondeuse. L'air sentait l'herbe coupée. Il faisait un temps resplendissant. Hécate m'observait d'un regard ensommeillé, allongée sur un mur. Je pris une profonde inspiration et franchis le seuil.

En chemin, je déjeunai d'une barre de Mars et parcourus le supermarché en me retournant toutes les cinq minutes. Finalement, j'achetai des corn flakes, du pain en tranches et quelques surgelés pour moi, des croquettes de luxe, du lait et du blanc de poulet frais pour Hécate. Elle m'avait sauvée la vie, tout de même... Mais les chats familiers, ils avaient peut-être une diète spéciale ? Alors que je finissais de payer, mon téléphone retentit. Je le sortis de ma poche comme si c'était une bombe, jusqu'à ce que je réalise qu'il s'agissait du numéro de Madison.

— Salut, Cam'. Alors ça va?

— Ouais, fis-je un peu hébétée.

— Ça a pas l'air. T'as des problèmes?

— C'est que... Ma mère est malade alors ça vas pas très fort coté thune. Il faudrait que je me trouve vite un deuxième job.

— Ah, je vois. Tu sais qu'il y a une branche de la British Witchcraft Society à Oxford? Ils ont un site web aussi... Bon, ils sont prétentieux et certains croient que les sorciers devraient diriger le monde, mais ils ont des petites annonces parfois, même pour du babysitting. En plus, ça va bientôt être le début des préparations pour la Samain, les boutiques magiques vont chercher des extras.

Je notais mentalement l'information. Encore que je ne savais pas si j'avais vraiment envie d'avoir à nouveau affaire aux sorciers.

— On verra. J'ai aussi prise une chatte dans le refuge.

— Mais c'est super!

— Heu... qu'est-ce que ça mange, les chats familiers?

— Ben les humains chamanes, ça mange comme les autres humains, alors les chats chamanes, ça mange comme les autres chats!

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