Chapitre 19

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Malgré ma fatigue, je dormis très mal. Peters, puis James, puis l'enquête diligentée par Declairmont... Tout ça n'indiquait qu'une chose : des tas d'emmerdes en perspective. Je tentai d'appeler Madison, mais son répondeur indiquait qu'elle serait absente et hors connexion jusqu'au 2 Novembre. Peut-être allait-elle aussi à ce mystérieux congrès du Mont Chauve. En attendant, je décidai de demander quelques jours de congé et de me rendre invisible au cas où.

En arrivant à la bibliothèque, le lendemain, je découvris un grand camion garé devant l'entrée. Une dizaine d'employés du musée s'activaient à en faire descendre une caisse d'environ deux mètres sur trois, puis l'emportèrent jusqu'au sous-sol sous l'œil aigu de Cordélia.

— Ah, bonjour, Camille, me salua-t-elle. Nous sommes encore en petit comité, aujourd'hui. Dorothy a une inondation chez elle et les autres ont pris leur week-end... Heureusement, nous ne risquons pas d'avoir trop de lecteurs avec Halloween et le week-end...

J'indiquais la caisse.

— Bonjour, Cordélia. Qu'est-ce que c'est ?

— Un sarcophage étrange qu'on a trouvé dans un tumulus en Ukraine. Les services archéologiques de Kiev nous ont demandé de l'examiner. On va l'entreposer au fond de la salle de lecture en attendant que l'un des experts du musée ne vienne l'ouvrir.

— Qu'est-ce qu'il a d'étrange ?

— Et bien le tumulus semblait être scythe. Mais le sarcophage n'avait pas du tout l'aspect habituel. On nous sollicite souvent pour les trucs bizarres...

Ça me sembla trop spécialisé pour moi. J'avais d'autres problèmes.

— Heu, Cordélia, je sais que c'est un peu rapide, mais pourrais-je prendre les deux jours de congé que j'ai accumulé depuis le début de mon contrat juste après Halloween ? Ma mère a été hospitalisée et j'aimerais aller la voir...

Ma cheffe me lança un regard plein de sympathie qui me fit me sentir coupable.

— Mais bien sûr ! J'espère que ce n'est pas grave ?

— Ben je ne sais pas trop. Elle ne m'a rien dit de précis au téléphone...

— Pas de souci. Allez la voir, la famille, c'est important !

La matinée se traina, morose. Je m'occupai du tri des bouquins, tandis que Cordélia s'occupait de la réception dans la salle de lecture souterraine. Je profitai de la pause de midi pour aller sur un ordi public, jeter un coup d'œil sur Historiae.net sous mon nouvel alias, pour voir si quelqu'un avait donné une estimation de mon Tiro Magiae. Il y avait en effet un message et de nul autre que LuCifère :

En tant que livre et suivant son état, il peut valoir de trois à quinze mille euros. Si vous m'envoyez des photos, je pourrais avoir une fourchette plus précise.

Je me mordis les lèvres. Ça n'était pas aussi faramineux que ce qu'avait raconté Brandon, mais même quelques milliers d'euros, m'auraient permis de rester sans travailler pendant deux ou trois mois. Maintenant, comment le vendre ? Pouvais-je simplement le mettre sur ebay ? Pendant que je retournais le problème dans ma tête, une demande de chat s'alluma dans un coin de l'écran. C'était NightKissed.

— Bonjour, j'ai vu que votre grand-père vous a légué un petit manuscrit byzantin ?

— C'est ça, tapai-je perplexe.

L'universitaire ne me semblait pas du genre à être impliqué dans le commerce de bouquins.

— Possède-t-il une grosse tache d'encre au milieu de la dernière page ?

NéosorcièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant