Chapitre 6.

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Dit le, sorcière.

La jeune femme garda obstinément les lèvres scellées, agenouillée dans une mare de sang – son sang – les poignées à vif à force de s'être débattu contre ses chaînes.

Elle sentit un mouvement d'air dans son dos et de nouveau le fouet s'abattit avec violence sur ses omoplates charcutée. Elle hurla.

Dis-le.

Non...

Le coup qui suivit termina de déchirer les derniers lambeaux de sa robe de novice, la dénudant de moitié.

Dis-le, sorcière, dit le : je suis une abomination.

Maya ouvrit brutalement les yeux, consciente de chaque craquement du bois de la vieille bâtisse.

Encore un cauchemar, réalisa-t-elle.

Elle en avait rarement fait deux en deux jours. Maya frissonna. C'était comme si l'abandon d'Alan les appelait à venir hanter ses nuits. C'était sa foi inébranlable qui lui avait permis de tenir au pensionnat, savoir qu'il serait là quand elle rentrerait, qu'il serait fier d'elle, qu'il la prendrait dans ses bras en utilisant le surnom stupide qu'il lui avait trouvé enfant.

Elle sourit tristement en se demandant à quel moment, elle avait cessé de croire en lui.

Après la vision le montrant fondant une famille avec une autre ? Ou quand il avait cessé de lui écrire des lettres ?

C'était dans ces dernières années où elle avait eu le plus besoin de lui, elle lui avait écrit un millier de lettres, mais il ne lui avait jamais répondu.

Maya secoua vivement la tête.

— Ça suffit, s'ordonna-t-elle.

Elle ne pouvait pas laisser son passé gagner, ou alors elle risquait bien de se noyer.

Tâtonnant dans le noir pour retrouver la bougie qui s'était consumé durant la nuit – elle n'avait pas eu le courage de l'éteindre en se couchant la veille – elle la changea et en alluma un autre. Dehors, il faisait encore sombre. Ça allait finir par devenir une habitude de se lever avant le soleil, songea-t-elle gravement.

Elle se prépara calmement.

Décidant de ne pas prendre le risque de croisé Alan en allant dehors, la guérisseuse se dirigea immédiatement vers l'infirmerie. Elle comptait profiter des quelques heures qu'elle avait avant que le manoir ne se réveille pour remplir les dossiers médicaux qu'elle tenait sur chaque membre de la meute. C'était un travail extrêmement important. Ça lui permettait non seulement de garder un œil sur les maladies génétiques, mais aussi d'aider le vieux bibliothécaire à faire les arbres généalogiques afin d'éviter tout recoupement désastreux entre deux membres trop proches qui risqueraient de faire des louveteaux mal formé. Maya songea qu'elle adorait son travail. Petite, elle n'aurait jamais songé à devenir guérisseuse, finalement le sort en avait décidé pour elle.

Lorsque Maya entra dans son bureau, elle remarqua immédiatement qu'il y avait quelque chose de changer. C'était un étrange don qui semblait aller de pair avec sa clairvoyance et qui lui indiquait toute intrusion indésirable. Elle l'avait développé au monastère, quand elle était alors entourée d'ennemies.

Ce qui avait été déplacé dans son bureau lui sauta aux yeux. Le pot de graine nocturne n'était plus sur l'étagère, mais bien en évidence sur son bureau.

Plein.

Étonnée, Maya s'approcha pour contempler de plus près le bocal remplie de petite graine noire, à côté, il y avait une noctalya, la fleur qui produisait ces graines qui, écrasé avec de l'eau, servait de somnifères.

La guérisseuse souleva le pot pour attraper le mot que quelqu'un avait glissé dessous.

"Belle et mystérieuse mais incroyablement dangereuse"

Au dos, était signé : "Al".

Maya ne put s'empêcher de sourire. C'était comme ça qu'elle appelait Alan lorsque, enfant, elle n'arrivait pas à prononcer son prénom.

Puis la guérisseuse reposa les yeux sur le pot. Pour en avoir ramassé autant, il avait dû prendre des heures... Ou alors il s'était charcuté les mains sans faire attention aux épines. Quoi qu'il en fût, l'attention la touchait.

Sans vraiment comprendre pourquoi, elle plia le petit mot et le glissa entre ses seins, puis elle rangea le pot à sa place sur l'étagère.

Elle allait devoir penser à le remercier, grâce à ça, elle n'aurait pas à le faire elle-même.

Maya s'installa à son bureau et commença à remplir la fiche d'Elina qu'elle avait laissé en suspens la vieille. Elle travailla ainsi jusqu'à ce que le jour se lève.

Quelqu'un toqua à sa porte.

— Entrez, s'exclama-t-elle sereine.

Personne n'était blessé, elle le savait.
— Maya... commença Mike.

Le mâle était l'un des lieutenants les plus hauts gradé d'Ethan. Lorsque Lashlan, l'ancien alpha, avait abdiqué, beaucoup de ses lieutenants avait choisi de partir avec lui, mais pas Mike, l'heureux compagnon de Brigitte et père adoptif de Lanka, était le plus redoutable soldat de la meute. Même alors qu'il atteignait sa cinquantième année et que des rides d'expression déformaient son visage, il avait gardé la forme. Mike était un bel homme. Maya avait entendu Brigitte dire qu'il devenait plus beau d'année en année. La jeune femme se demanda ce que ça pouvait faire de vieillir au côté d'une personne aimée, ça devait être merveilleux. Mais il n'existait qu'une seule personne auprès de laquelle elle voulait vieillir, et elle était inatteignable.

— Oui ?

— Il y a une cargaison en ton nom à l'entrée du manoir... Il grimaça. Je ne sais pas ce que tu as commandé, mais ça sent le sang.

La guérisseuse se leva, une boule au ventre.

— Parfait, merci de m'avoir prévenu.

Elle lui offrit un sourire un peu forcé – la fatigue de deux mauvaises nuits commençait à la faire souffrir – mais le mâle était déjà parti. Alors elle s'autorisa à avoir un air fatigué. Elle n'avait vraiment pas envie de faire ça. Mais elle n'avait pas le choix. Ethan le lui avait demandé, elle se devait d'offrir toute les ressources qu'elle possédait à la meute. Même si ces ressources devaient être sous la forme de visions cauchemardesques d'un avenir qui avait trop de chance de se produire.

Maya releva la tête en soupirant. C'était reparti !

2- La Meute Eclipse - Minuit TorrideWhere stories live. Discover now