Chapitre 56.

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— Je n'ai jamais écrit, ces lettres, mes années au pensionnat ont été un véritable enfer. Je t'ai écrit, Alan, je t'ai écrit tellement de fois. Je t'ai supplié de venir me chercher...

Maya sentit des larmes lui monter aux yeux face à cette confession. Seule la pensée qu'Alan était peut-être en route pour la sortir de la lui avait permis de tenir. Mais au bout des années, elle avait fini par perdre espoir, parce qu'il n'était jamais venu.

— Je... je n'ai jamais reçu ces lettres, Mey...

Maya releva les yeux sur lui, il avait à la fois l'air horrifié et plein de culpabilité.

— Je sais.

Tout semblait si clair maintenant. Comme une évidence.

— Je pense que les prêtresses ont intercepté mon courrier quand il a commencé à ne plus aller dans leur sens.

Alan hocha la tête en l'attirant contre lui.

— Je suis tellement désolé, Maya...

— Ce n'est pas de ta faute, assura-t-elle.

— Comme mes lettres ont dû te paraitre horrible...

Elle n'hésita pas, ne douta pas un instant qu'il lui eût écrit.

— Je ne les ai jamais reçues. L'un des souhaits les plus cher des prêtresses étaient de me couper de toi pour toujours. Elles n'auraient jamais toléré que je lise tes lettres.

Le loup noir la prit par la main pour l'attirer vers le lit, elle se laissa faire.

— Raconte-moi ce qui s'est passé là-bas, Mey, tu ne dis jamais rien, mais aujourd'hui je veux savoir.
Maya émit un son entre le sanglot et le rire.

— ça fait partie du contrat ?

— Oui, on parlera des autres clauses plus tard.

Maya s'installa entre ses jambes et puisa de la force dans les battements régulier du cœur de l'homme qu'elle aimait.

— Au début, tout était normal, une école où j'étudiais la médecine par les plantes. Puis les prêtresses m'ont dit qu'elles allaient commencer mon éducation spécialisée sur mes pouvoirs. Ce que personne n'avait compris, c'est que l'idée n'était pas de m'apprendre à les utiliser, mais bel et bien à m'apprendre à les refouler. Pour commencer, ce n'était rien de bien méchant, des chaines en bronze pour retenir mes visions, des médiations. Mais très rapidement, mes pouvoirs se sont développés, et ni la méditation, ni les chaines n'ont suffi à les maintenir enchaînés. Alors les prêtresses on commencer à les associer à la douleur.

Maya sentit les bras d'Alan se refermer sur elle, il tremblait de rage, elle le sentait. En un sens, c'était rassurant, ça n'avait rien à voir avec la rage jalouse des prêtresses, c'était une rage protectrice qui lui donnait l'impression d'être en sécurité. Comme s'il pouvait maintenir loin d'elle les cauchemars et les souvenirs. Elle en tira du courage pour poursuivre.

— C'étaient des guérisseuses, alors elles connaissaient les techniques pour infliger de la douleur sans laisser de marque, ou pour faire disparaitre les marques sans que quiconque s'en rende compte. C'est arriver tellement progressivement, que le temps que je me rende compte que c'était malsain, il était trop tard. J'étais prisonnière de cette tour infernal, incapable de me défaire de mes chaines. Les prêtresses disaient que j'étais le fruit du mal, et qu'il fallait l'exorciser de ma peau. Elles m'ont forcé à dire des choses...

Sa voix s'étrangla en songeant à toute les tortures qu'elle avait endurées jusqu'à ce qu'elle cède et le dise. Ces phrases qui la définissaient selon elles, ces phrases contre lesquelles elle se battait chaque jour depuis qu'elle avait été arraché de sa bouche. On sous estimait le pouvoir des mots.

2- La Meute Eclipse - Minuit TorrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant