465 jours

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Résumé : Une lettre, des maux.

465 jours.

« Bien sûr je te ferai mal. Bien sûr tu me feras mal. Bien sûr nous aurons mal. Mais ça, c'est la condition de l'existence. Se faire printemps, c'est prendre le risque de l'hiver. Se faire présent, c'est prendre le risque de l'absence... C'est à mon risque de peine que je connais ma joie. » Antoine de Saint Exupéry

J,

465 jours. Aujourd'hui, cela fait 465 jours. Je ne sais pas encore si j'aurais dû les compter, cela fait mal, tu sais. J'aurais aimé pouvoir t'écrire aujourd'hui que je vais mieux, t'écrire que cette absence ne me tue pas à petit feu. J'aimerais pouvoir t'écrire que mon cœur n'est plus aussi douloureux, j'aimerais pouvoir t'écrire que je ne pleure plus le soir en entrant dans cette chambre si froide. Mais tout cela ne sera pas pour aujourd'hui, pas encore. Je pense même pouvoir dire que cela n'arrivera jamais. Cette citation est si bien trouvée, n'est-ce pas ? « Bien sûr que nous aurons mal. » J'aurais dû le savoir. J'aurais dû me protéger de ça. Mais bien évidemment, je n'ai pas réussi. Comment aurais-je pu ? Tu savais autant que moi que tout cela nous dépassait, n'est-ce pas ?

465 jours. Je n'aurais jamais pensé faire ça un jour, t'écrire autant. Je ne pensais pas que j'aurais à t'écrire toutes ces lettres, car je pensais que tu serais là pour m'écouter. Et j'aurais tant besoin de toi, à cet instant. Je ne pensais pas arriver à ce nombre : 465. C'est un joli nombre, non ? Je pourrais dire que j'ai résisté tout ce temps, et les jours suivants. Mais combien de temps ?

465 jours. C'est le réveillon de Noël ce soir, et Daniel a voulu qu'on se réunisse. Tu le connais, il adore avoir une excuse pour que l'on se voie tous. Enfin, presque tous. Ce n'est plus pareil depuis que tu n'es plus là, il y a un manque constant, un douloureux manque. Je crois que Teal'c veut veiller sur nous tous, mais il se sent un peu dépassé par la situation. Oui, car tu manques à Daniel, tu sais ? Bien plus qu'il ne l'avouera jamais, mais parfois je vois ses yeux s'emplirent de larmes alors qu'il a un peu trop bu et qu'il devient subitement très silencieux. Je ne sais pas quoi lui dire et je ne suis pas certaine d'être la mieux placée pour lui dire que tout ira bien. À dire vrai, je suis même sûrement la moins bien placée pour ça, mais comme tu me connais, je ne laisse rien paraître, tout va bien aux yeux du monde.

465 jours. Mon monde s'est écroulé et je ne sais pas comment me relever. Je me lève le matin, je mange, je me couche le soir, mais tout est mort en moi. Chaque parcelle de ma peau me rappelle le manque qui en bâillonne mon cœur. Chaque larme que je verse chaque nuit ravive la douleur. J'aimerais que tu puisses me dire que ça ira, que tu me berces dans tes bras.

465 jours. Cassandra sera là, elle souhaite que l'on rencontre Mike. C'est sérieux, je crois, peut-être va-t-elle nous annoncer leurs fiançailles ? Daniel s'étouffera avec la dinde tandis que Teal'c haussera un sourcil. Cam regardera Carolyn avec un œil entendu, Vala sautera de joie, et je sourirai, pour faire bonne figure. Je sourirai, car Cassie mérite ce sourire, mérite ce bonheur, plus que n'importe qui. Elle a été forte, tu sais ?

465 jours. Et demain, ce nombre augmentera encore, et après-demain aussi. Mais dis-moi, jusqu'à quand aurais-je la force de surmonter ça ? N'y a-t-il pas une date limite au chagrin et au manque ? N'y a-t-il pas un moyen d'échapper à ça ? D'échapper à la douleur, à la tristesse, au trou béant qui a pris la place de mon cœur ?

465 jours. Cela fait 465 jours et je vais maintenant me rendre auprès de nos amis pour un repas joyeux, au son des chants de Noël. Je penserai à toi.

RecueilOnde histórias criam vida. Descubra agora