Nous sommes voués à l'échec

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Nous sommes voués à l'échec

« Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis. » Victor Hugo


Nous craignons tous quelque chose dans la vie. Pour certains, la crainte de perdre un proche ; pour d'autres la crainte de mourir. La liste pourrait être longue : la crainte de vieillir, la crainte de perdre la mémoire, la crainte d'être handicapé, la crainte de la solitude...
Si vous demandiez aujourd'hui à Samantha Carter qu'elle est sa crainte, elle vous répondrait certainement ceci : la crainte de perdre espoir. Car si elle perd espoir, qui d'autre en aura pour elle ? Si elle abandonne, qui lui dira de continuer à se battre ? Si elle lâche prise, qui sera là pour la relever ? Si elle se perd, qui la retrouvera ?

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Elle se trouvait seule, dans les vestiaires. Elle n'aurait su dire depuis combien de temps elle était assise sur ce banc, dans l'obscurité ; le temps paraissait comme figé depuis elle avait croisé son regard, ces yeux qui la regardaient pour la dernière fois. Elle n'arrivait pas vraiment à assimiler qu'ils l'aient laissé là-bas, sans rien tenter de plus. Elle n'arrivait pas vraiment à assimiler les mots que Daniel avait prononcés pour traduire ce qu'il venait de dire. Son cœur s'était pétrifié lorsque son meilleur ami lui avait fait comprendre qu'ils ne se trouvaient pas dans la cité d'Atlantis et qu'ils n'avaient donc aucun moyen de le sortir de là. Qu'ils devaient le laisser là. Qu'ils ne pouvaient pas l'aider. Qu'ils ne pouvaient plus le sauver. Elle se revoyait poser la main sur la matière qui l'avait recouvert ; ce n'était ni froid ni chaud, pourtant cela lui avait glacé le sang.

Étonnamment, elle était plutôt calme, son esprit se trouvait dans une brume constante depuis plusieurs heures. Elle n'avait pas pressé les autres scientifiques maintenant arrivés sur le site, elle n'était pas en train de diriger les opérations de recherches, elle n'avait pas craqué lorsque Daniel avait posé une main sur son épaule alors qu'elle contemplait cette prison. Elle avait uniquement souri et s'était éloignée, laissant Daniel surpris et un peu inquiet.

Le retour à la base de Cheyenne Mountain s'était fait dans le silence, elle n'avait pas l'air triste ou énervée, elle ne parlait que très peu et ses mots étaient toujours posés et calmes.

« Trop calme, » pensa Teal'c.

« Trop posé, » pensa Daniel.

Ils avaient échangé un regard inquiet et Daniel s'était finalement replongé dans sa lecture.

Elle aurait voulu retrouver George en arrivant à la base. Pas le Général Hammond, non. Juste George. Malheureusement, ce n'était ni face à George ni face au Général qu'elle devrait être, mais face au Docteur Weir. Elle n'avait rien contre cette femme, elle ne la connaissait pas encore assez pour cela, mais elle aurait aimé retrouver une figure familière, une personne qui les connaissait parfaitement, une personne qui faisait partie de leur « famille ».

Cela faisait maintenant soixante-douze heures qu'ils l'avaient laissé sur place. Qu'ils l'avaient laissé en arrière. Elle marchait dans les couloirs, sans but précis, et cela n'était pas dans sa nature. Daniel et Teal'c l'avaient rejoint dans son errance, se demandant quoi lui dire après ce qu'il venait de se passer. Ils n'étaient pas dupes, ils ne l'avaient jamais été et ils ne le seraient jamais. Il s'agissait de Jack et c'était un détail bien trop important pour que ça ne change pas son caractère entièrement.

— Major Carter, peut-être serait-il préférable que vous rentriez chez vous, afin de vous reposer un peu, dit le Docteur Weir après les avoir croisés dans le couloir de trop nombreuses fois. Vous tous d'ailleurs. Allez prendre l'air, boire un verre, n'importe quoi qui vous fasse souffler un peu.

— Boire un verre ? demanda Sam.

Daniel se tendit à l'entente de ses mots, reconnaissant bien là un ton qui ne lui disait rien qui vaille. Elle semblait soudainement être sortie de son état de choc et de son déni. Et que se passait-il après le déni ?

RecueilWhere stories live. Discover now