Partie 2

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Le week-end arriva enfin et Niall avait tenu sa promesse. Il avait convaincu Giles de laisser une soirée de repos aux deux jeunes chasseurs. Une autre équipe s'occupa des rondes. Donc ce soir-là, pas de chasse, pas de combat, pas de sang. Juste l'alcool qui coula à flot, et les tympans de Louis qui se déchirèrent à cause du boum boum entêtant de la sono dix fois trop forte. Sans parler de cette putain de nausée qui menaçait de sortir à chaque instant. Les soirées organisées par les fraternités étaient toujours un gros bordel sans nom !

Louis tanga. Il lutta pour atteindre la salle de bain, espérant pouvoir se soulager dignement, à l'abri des regards, sans faire trop de dégâts. Mais son corps en avait décidé autrement. Ses jambes tenaient à peine debout. Le jeune homme avait poussé ses limites au-delà de ce qu'il pouvait supporter. Il avait juste voulu oublier sa vie parfois trop compliquée. Son esprit déraillait complètement. Il ne captait plus ce qu'il se passait.

On le portait.

Louis eut soudain l'impression de flotter. Il sentit une prise ferme autour de lui mais aimait cette sensation de laisser aller. Puis, ses genoux entrèrent en contact avec le carrelage froid de la pièce. Accroupi, il se vida violemment dans la cuvette d'un blanc immaculé. Sa gorge brûlait.

Harold Edward Styles en avait vécu des choses : les guerres, la violence, les ténèbres, le sang, la misère. Il ne se démontait pas si facilement. Mais assister à la déchéance de Louis Tomlinson, recroquevillé juste à côté de lui, se vidant l'estomac, n'en faisait clairement pas partie. Il était censé rester dans l'ombre, l'observer, mais c'était plus fort que lui. Une force inexpliquée le poussait à aider le jeune homme. Harold avait commis sa première erreur en aidant son protégé au parc, quelques nuits plus tôt. Louis avait vu son visage. Son identité était menacée. Mais ce soir, il ne put résister.

Cela faisait quinze ans qu'il attendait.

De la pulpe de ses doigts, Harold releva les cheveux sur le front humide du jeune homme. Une chaleur lui parcourut toute la main, le bras, le dos, et se logea jusqu'au plus profond de ses entrailles. Il fut secoué par cette sensation nouvelle. Aussi effrayante fusse-elle, elle lui procura une sensation de bien-être. Cette chaleur l'incita à prolonger ses gestes. Louis tremblait et son corps s'affaissait de plus en plus sur les toilettes. Il était à bout de forces. Harold l'adossa contre le rebord de la baignoire et lui appliqua une serviette humide sur le visage. Les caresses au travers du linge apaisèrent Louis. Il se sentit soulagé. La nausée était passée.

Le bouclé se découvrit une douceur insoupçonnée. Son regard glissait inévitablement vers le cou du malade. Au fil des années, il avait appris à se maîtriser mais la tentation était toujours présente. Encore plus lorsqu'une certaine attraction opérait. Mais c'est surtout les tatouages que le jeune chasseur avait gravés à l'encre noire sur sa peau fine que Harold observait. Ils naissaient au creux de ses oreilles et s'étendaient sur ses clavicules. Des symboles, des inscriptions en hébreu, des dessins plus travaillés. Le haut du corps de Louis en était recouvert mais Harold ne put voir ceux qui disparaissaient sous la couche de vêtements. Voyant que le jeune homme était désormais plus apaisé, le protecteur le souleva et le guida jusqu'à une chambre vide. Il l'installa sur le lit et se surprit à lui caresser le visage une dernière fois.
Tu n'es pas encore prêt, Louis, murmura l'étranger.
Au son de la voix, Louis frissonna. La dernière chose qu'il vit avant de fermer définitivement les yeux, et de sombrer dans les bras de morphée, fut ce regard vert réconfortant.
Puis, il se laissa emporter par le sommeil.

Encore une fois, il était là...

Blood MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant