Partie 11

538 66 5
                                    

Laissez-le putain ! hurla Harry, ramenant Louis à la réalité. Elle est pas ici, j'te dis ! Ce sont les Enfants d'Abel qui l'ont, alors dis à tes putain de sbires de le lâcher.
Tu vois quand tu veux, railla Liam en donnant une petite tape sur la joue d'Harry. Ils t'ont vraiment changé, ça me désole, tu sais, ajouta-t-il. Dans le fond, j'ai toujours su que tu étais le plus sensible mais n'oublie pas, Harry, je sais qui tu es. Et tu sais qu'une fois que j'aurai la pierre, bientôt, c'est toi que je viendrai chercher...

Liam relâcha Harry, exigeant aux deux autres vampires d'en faire de même de Louis, et ils disparurent aussi vite que l'éclair.

Un silence pesant planait dans le jardin de la petite chapelle. L'atmosphère était tendue. Louis s'effondra à genoux au sol, reprenant son souffle. Harry se précipita vers lui, et pris son visage entre ses mains.
Louis ça va ? s'inquiéta-t-il.
Pourquoi tu leur as dit ? Pourquoi ? paniqua Louis. Il faut que je prévienne mon oncle, il faut que je la change d'endroit, il faut...
Louis... Louis, calme-toi. Il va bientôt faire jour, Liam ne pourra plus rien faire dès que le soleil se lèvera. 
Mais pourquoi tu leur as dit ça ? Tu te rends compte, Harry, Si Liam la trouve, si...
Louis ne put finir sa phrase, effrayé de tout ce que cette révélation impliquait. Il n'était plus vraiment difficile de comprendre où la pierre était cachée.

Et si William le Tyran parvenait vraiment à accomplir la prophétie ?

Ni le soleil, ni les pieux en plein coeur, ni la force de la croix, ni l'eau bénite ne pourraient l'anéantir.

Il deviendrait alors plus immortel que les Immortels...

Pour la première fois depuis très longtemps, Harry perdit son sang-froid, laissant ses sentiments prendre le dessus. Il venait de commettre une erreur monumentale, comprenant que plus rien, ni personne, ni sa raison, ni son devoir, ne surpasserait cette boule de chaleur qui le consumait.

Il ne pouvait plus lutter.
Je suis désolé, Louis. Ils allaient te tuer et...
Harry, c'est mon destin, c'est ce pour quoi j'existe : pour les chasser mais aussi pour la protéger.
Je sais mais... Je n'veux pas te perdre. Je peux pas, c'est au-dessus de mes forces.
Ces paroles avaient bien trop de sens.
Harry plongea son regard dans les prunelles azur de Louis, lui transmettant tout ce qu'il ressentait à cet instant : la peur, la déception, les regrets, la colère, le désir... l'amour.  Louis avait beau se démener, lui aussi, pour faire taire ces mêmes sentiments qui le submergeaient, la flamme était bien trop brûlante.

La lueur du petit jour éclaira leurs visages résignés, et le temps s'arrêta.

Harry s'empara de la bouche de Louis, lui faisant tourner la tête. Une décharge électrique réveilla en lui cette évidence terrifiante et exaltante. Le voile obscur se leva et le jeune homme se laissa emporter par les lèvres douces de son compagnon.

Elle était là la vérité. Ils s'aimaient à en crever.

Et ce soir-là, ils se le prouvèrent par la force de leurs baisers. Ceux qui affolaient le coeur : sauvages, pressants, enivrants. Ceux qui mettaient en éveil tous les sens.

Harry souleva Louis, le prenant dans ses bras et le transporta jusqu'à l'intérieur de la bâtisse. Le jeune homme enroula plus fermement ses jambes autour de la taille de son partenaire et passa ses mains dans ses boucles soyeuses, les décoiffant, les enveloppant. Il lui maintenait la tête et s'accrochait à lui sans jamais quitter ses lèvres faisant naître au creux de son ventre une vague brûlante de désir. Leurs corps se posèrent délicatement sur les draps frais du propriétaire des lieux. Les deux amants ne s'embrassaient plus seulement avec leurs lèvres, mais aussi avec leurs yeux, leurs nez, leurs mains, laissant parler l'urgence folle de s'appartenir, s'imprégnant de l'odeur de l'autre, caressant chaque infime partie de leur peau.

Harry et Louis se perdirent dans cette étreinte. Les vampires et les chasseurs n'existaient plus. Ils étaient juste deux âmes en parfaite harmonie. Harry découvrit enfin ces sensations qu'il avait toujours refoulées. Quant à Louis, on ne lui avait jamais fait l'amour si passionnément.

Transpirants, le souffle haletant, les tremblements de leurs corps se calmèrent doucement. Enchevêtrés l'un sur l'autre, Harry câlinait le jeune chasseur, jouant délicatement avec ses mèches rebelles de sa main voilée. Ils étaient nus, seul le sparadrap blanc enrobait encore la paume de sa main gauche. Louis caressait du bout des doigts les courbes de son amant, la tête reposant sur son torse, pensif. 
Tu n'as plus besoin de cacher ta main, tu sais. Je te trouverai magnifique de toutes façons, murmura-t-il un peu naïvement, parfaitement conscient qu'il était sous le charme de son bel apollon quoi qu'il arrive. C'est pas une petite brûlure qui va m'effrayer, le rassura-t-il.
Elle n'est vraiment pas jolie à voir, fit remarquer Harry, avalant la culpabilité qui lui brûlait la gorge.
Parfois, j'ai cette sensation bizarre depuis que je te connais, reprit Louis, ne laissant pas le temps à son amant de se morfondre davantage dans les abysses des remords. Je sais que tu es différent, un peu comme une âme solitaire, perdue, cherchant une certaine rédemption.
C'est un peu ça, répondit Harry en souriant timidement.

Les doigts libres d'Harry se perdirent dans la nuque de Louis, puis son cou, ses omoplates, suivant les contours de ses tatouages. Il savait que chaque dessin comptait pour le jeune homme. Ils avaient tous une signification, sans exception. Les caresses d'Harry s'attardèrent sur son dos, là où reposait un papillon pris dans une toile d'araignée.
Et toi, je sais que tu t'es toujours senti prisonnier, Louis. Tu es un chasseur malgré toi. Parce que tu es né comme ça. Ce n'est pas par choix. Tu aimes et détestes à la fois ce que tu es. Tu as toujours été loyal envers l'ordre d'Abel mais tu aurais voulu être un simple humain, sans connaître la face sombre de ce monde.
Louis sentit un frisson parcourir tout son corps. Harry avait su lire entre chaque ligne et avait deviné la solitude dont le chasseur souffrait depuis son enfance. Mais désormais, il savait qu'il n'était plus seul. Son coeur battait plus fort que jamais.

Le jour s'était levé mais derrière les rideaux de velour carmin, les deux amants s'endormirent paisiblement, enlacés, emportant avec eux le souvenir de leur étreinte passionnée.

Blood MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant