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Une semaine qu'il est partit, je ne sais pas pourquoi, je n'arrive pas à vivre, le souffle me manque, ma poitrine me fait mal. Un trou béant m'empêche de respirer normalement, je ne comprends pas mon état. Oui David me manque, mais il n'est pas la première personne à m'abandonner et je me suis toujours relevée, alors pourquoi je n'y arrive pas. Je relis la lettre qu'il m'a laissé mais elle ne m'apprends rien, pas d'indices, j'ai mal.
La maison voisine reste fermée, il ne revient pas. Je l'ai fait fuir, je pense que je lui ai fait peur en lui demandant d'être mon ami, il a dû penser qu'il était responsable de moi.

Hier j'ai reçu une lettre anonyme, me menaçant de mort, si je ne pars pas de la ville, je voudrais bien, mais je ne peux pas. Je ne peux pas partir loin d'ici, je me dis que si il revient et que je ne suis pas là, il ne me retrouveras pas.
Donc mes journées sont ponctuées de pleurs, de siestes et je mange un peu. De moins en moins, plus rien ne passe. Mes quelques kilos en trop ne sont plus qu'un lointain souvenir, seul point positif dans cette histoire.

La porte est fermée toute la journée, il n'y a que la nuit où je suis dehors, je me surprends à espérer que quelqu'un vienne arrêter se sublisse en me tuant.

À 16h, la sonnette de la porte d'entrée retentit, pleine d'espoir, je cours pour ouvrir quand une voix se fait entendre dans ma tête.

"N'y va pas mon ange"
"Reste en sécurité, pour moi, je vais revenir"

Mon imagination me joue des tours, mais pour la première fois depuis longtemps je me sens bien, cette douleur qui me suit depuis une semaine disparaît un peu.

-David...
"Je suis prêt de toi, toujours"
-J'ai mal, je souffre trop, je n'en peux plus.
"Je suis désolé, je fais ça pour toi, pour nous, je te promets de tout t'expliquer"

Je me mets en boule dans un coin, j'attends que la personne derrière la porte parte enfin. Un cri, puis un silence me font lever la tête.

-Éloïse? C'est tante Judith, tu es là?

Que dois-je faire? C'est ma tante après tout, elle ne va pas me faire de mal? Même si je ne suis pas rassurée et que je tremble de tous mes membres, je vais lui ouvrir.
Elle est seule, toujours très classe ma tante est une belle femme de 50 ans, mariée avec un politicien, elle a eu deux garçons et une fille dont je ne suis pas proche malheureusement, son mari ne voulant qu'ils côtoient une black. Je me trouve pourtant très blanche de peau pour une métisse, au pire je suis bien bronzée.

-Bonjour ma chérie! Comment vas-tu?
-Bonjour tante Judith, je suis un peu malade, mais sinon ça va et toi?
-Très bien merci, je peux entrer?
-Bien sur, je t'en prie.
-Merci, je ne vais pas y aller par quatre chemins, je voudrais savoir si tu comptes vendre la maison?
-Bien sur que non! C'est la maison de grand père et de grand mère, je ne pourrais pas m'en séparer.
-Tu me rassures, j'y suis attachée également, j'y ai passée de bon moment avec ma sœur avant qu'elle n'épouse son... ton père. Je vais te préparer un thé, ça te fera le plus grand bien.

J'attends le bruit des tasses, la bouilloire qui chauffe, les portes du placard se fermer, tout pour faire un thé, néanmoins j'ai un mauvais préssentiment. Elle est trop gentille pour être honnête, je n'oublie pas que la dernière fois que l'on s'est vu chez le notaire elle m'insultait de voleuse d'héritage.

Quand elle revient avec un grand sourire, deux tasses à la main, elle me fait asseoir et me tends une tasse.
-Bois pendant que c'est chaud.

J'attends qu'elle pose ses lèvres sur sa tasse et finit par l'imiter, c'est bon et ça fait du bien. Mais au bout de quelques minutes ma tête tourne. Je suis docteur, je sais que je viens d'être droguée, est ce qu'elle veut me tuer? Il va falloir qu'elle attende son tour, la ville entière veut déjà ma peau. A moitié dans les vapes, j'entends des voix.

-Qui êtes vous?
-Sa tante et vous?
-Un ancien ami de collège, que lui avez vous fait?

Je suis cuite, ils veulent ma mort tous les deux et je suis sur qu'ils vont vite trouver un terrain d'entente.

-Je veux la maison.
-Moi, enfin nous, juste qu'elle disparaisse de notre ville.
-On va pouvoir s'entendre alors!

Moi, je veux que David vienne me sauver, je sais qu'il est partit loin, qu'il ne reviendra pas. Je ferme les yeux et j'imagine qu'il est là, près de moi, qu'il me caresse les cheveux, que je suis dans ses bras et que plus personne ne pourra venir me faire mal.

Je sens qu'on me transporte, je sais que bientôt je serais inconsciente, qu'ils pourront faire de moi ce qu'ils veulent.
Ils m'attachent les mains, les pieds, je suis dans un lit, je n'ai plus mal, nul part, je vais rejoindre les gens que j'aime, mes parents et mes grands parents, je souris, quelqu'un me donne une claque.

-Ne souris pas, tu vas bientôt mourir sale garce.

Je ne réponds pas, évidemment, je ne peux pas et pour en être sûr ils me bâillonnent et me mettent un bandeau, je ne suis plus maître de mon corps, seul mon esprit m'appartient encore.
Je n'aurais qu'un seul regret en mourant maintenant, c'est de ne pas avoir dit à David, qu'il me plaisait, je pense qu'on aurait pu avoir une histoire, je ne pourrais jamais comprendre mais une forte attraction nous attire lui et moi. Je sais qu'il le ressentait lui aussi, et ce n'était pas juste du désir sexuel comme il me l'a montré. Je pars, petit à petit, ma vie s'éteint. J'arrive papa, maman. J'arrive papy, mamy.
Àdieu David.

-David...

"Mon autre"Where stories live. Discover now