Hors du village

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Le lendemain matin, Ensui et Hitomi quittèrent le village aux aurores. Il avait décidé que ce long voyage serait un apprentissage supplémentaire pour elle, qu'il lui apporterait de bonnes choses, et elle était d'accord. Elle se languissait de découvrir le monde dans lequel une entité supérieure avait décidé de lui offrir une vie nouvelle, de mieux comprendre les tenants et aboutissants des situations de chacun ici-bas, du plus puissant des ninjas au plus paisible des civils. Le savoir, c'était le pouvoir.

C'était étrange tout de même pour elle d'être autorisée à franchir les immenses portes de Konoha. Elle les voyait de ses propres yeux pour la première fois – elle n'avait jamais pu s'en approcher à cause de la trop grande concentration de shinobi à proximité, entre ceux qui vivaient tout simplement là et ceux qui travaillaient aux alentours. C'était Shikamaru qui les lui avait décrites, et Chôji qui les avait dessinées pour elle. Hitomi n'aurait jamais soupçonné qu'un garçon aussi maladroit et malhabile de ses mains – il n'avait pas encore, après tout, été forgé par l'Académie puis par un maître doué et attentif – ait un tel talent. Les portes étaient aussi majestueuses qu'il les avait représentées et plus belles encore en vrai, même si elle dut serrer les dents pour ne pas sangloter de douleur en les contemplant.

C'était une journée clémente de milieu d'automne. Les feuilles des arbres n'étaient encore que rarement touchées par le jaune, l'orange et le rouge qui annonceraient leur déclin. Dans l'air, on pouvait encore sentir les fleurs qui s'épanouissaient dans les clairières des bois alentours. À cette faible distance du village, personne n'aurait osé perturber la sérénité des lieux – cela ressemblerait trop à une déclaration de guerre, et il faudrait sérieusement manquer de sagesse et de sens commun pour menacer Konoha.

— Pourquoi est-ce vous qui vous occupez de moi, Ensui-san ? Hier, vous avez sous-entendu que vous connaissiez bien mon... Problème.

Même si sa mère n'était plus là pour entendre parler de son comportement, Hitomi tenait à rester polie avec l'homme qui l'avait prise en charge sans espérer être récompensé pour ce service. Cela demandait une immense loyauté au clan, de mettre sa carrière de ninja en pause pendant deux années entières. Hitomi n'était pas sûre qu'elle en aurait été capable, si les situations avaient été inversées, et pourtant, elle aimait son clan.

— Tu souffres d'hypersensibilité des méridiens. C'est ce qu'indique ton dossier médical – oui, en tant que shishou, j'ai eu le droit de le consulter.

— Vous êtes mon shishou ?

— Erh... C'est ce qu'on a dû dire au Troisième pour qu'il te laisse partir sans que tu sois diplômée. Tu n'es pas obligée de me considérer comme tel, mais je suis sûr que tu ferais une très bonne élève.

Hitomi y réfléchit un instant. Elle s'efforçait de penser au futur, quand les évènements du canon auraient commencé pour de bon et que, par la force des choses, elle devrait avoir une réputation à l'internationale. Élève de l'Ombre Étrangleuse de Konoha sonnait comme un excellent début de réputation, pas vrai ? Le genre à vous faire réfléchir à deux fois avant d'attaquer.

— Ensui-shishou ce sera, alors. Mais est-ce que ça va m'empêcher d'avoir un sensei, après l'Académie ?

— Seulement si le nombre d'élèves qui réussissent n'est pas divisible par trois. Dans ce cas, je te prendrais comme apprentie jusqu'à ce que tu sois Jônin. Mais si tu as un sensei... Rien ne t'empêchera de prendre un autre shishou, ou de revenir vers moi, quand tu seras Chûnin.

— On dirait que vous n'avez aucun doute. Comment pouvez-vous être certain que je vais réussir l'Académie, et après ça, être promue ?

Il répondit d'abord en haussant les épaules et en détournant le regard, mais comme elle le fixait d'un air insistant, il élabora un peu plus pour son bénéfice :

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceDonde viven las historias. Descúbrelo ahora