Restés au port

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— Je comprends que tu aies envie d'entraîner tes Sharingan, dit Tsunade d'un ton sec, mais tant que je ne connaîtrai pas les conséquences de leurs conditions d'éveil sur le reste de ton organisme, tu feras ce que je te dis !

À moitié cachée derrière un rouleau couvert de l'écriture serrée mais élégante d'Hokage le Quatrième, Hitomi se mordilla la lèvre. Depuis qu'il avait récupéré le plein contrôle de son chakra – non, elle n'était pas du tout jalouse ! – Sai se montrait agité, fébrile. Il ne tenait en place qu'après ses longues discussions en tête à tête avec Katsuo, le fiancé d'Akina. Hitomi se sentait encore un peu sur ses gardes en présence de l'homme, malgré sa gentillesse et sa prévenance. Au moins, Sai semblait trouver une paix qu'elle ne parvenait pas à lui offrir quand il lui parlait, et c'était quelque chose qu'elle devait reconnaître.

— Tsunade-sama a raison, Sai, dit-elle d'une voix douce. Je sais que tu ressens le besoin d'entraîner cette nouvelle capacité, mais tu risques de perdre la vue si tu commets une erreur. D'ailleurs, Tsunade-sama, j'aurai des rouleaux à vous transmettre concernant le Sharingan quand je pourrai à nouveau accéder à mes sceaux de stockage.

— J'espère que tu n'es pas allée chercher ça quand je t'avais donné l'autorisation d'aller fouiller la cache avec Ensui.

Hitomi se raidit, une étincelle de défiance dans le regard.

— Quand ma mère a adopté Sasuke, il nous a emmenés, Naruto et moi, sur les terres de son clan. Il voulait récupérer tout ce qui serait utile pour ne pas avoir à y remettre les pieds.

Une tension subtile alourdissait sa voix. Elle ne voulait pas parler de Sasuke. La blessure était encore trop vive, trop récente – elle se retrouvait à nouveau face au deuil de son frère, le jeune homme qu'elle aimait au point que son absence lui donnait l'impression d'agoniser. Tsunade la regarda dans les yeux pendant une interminable seconde avant de rediriger son attention en direction de Sai.

— Si tu actives ton Sharingan ne serait-ce qu'une fois, je le scellerai jusqu'à ce que tu sois prêt à le faire en tout sécurité. Alors, est-ce que tu vas te conduire comme un adulte ou est-ce que je dois t'anesthésier pour la procédure ?

La menace n'avait vraiment rien d'une plaisanterie ; Sai le sentit aussi clairement qu'Hitomi, cachée derrière son rouleau. Elle se crispa légèrement quand la Hokage tourna son attention vers elle mais se laissa approcher, lâchant son sujet d'étude qui s'échoua sur ses genoux.

— À nous deux, Hitomi-chan. Comment te sens-tu aujourd'hui ?

— Je n'ai plus froid. Les courbatures sont en train de disparaître et mon nez n'est plus bouché.

La médic répondit d'un petit son pensif avant de poser une main contre sa Porte de la Mort, juste à côté de son cœur. Son chakra s'anima, s'éleva dans l'air et traversa sa peau, se frayant un chemin à l'intérieur de ses méridiens. La première fois que Tsunade l'avait examinée de la sorte, Hitomi avait cru brûler de l'intérieur et, dès qu'elle avait remarqué comment la douleur pinçait ses traits, la cheffe de guerre avait interrompu son geste et déclaré qu'elle n'était pas prête à retourner à l'entraînement. Aujourd'hui, elle ne ressentait plus aucune douleur ; au contraire, le Murmure s'agitait en réponse au contact inconnu, sa convoitise brutale à deux doigts d'exiger plus que Tsunade ne voulait lui donner.

— Huit jours, et tu es déjà guérie ? Je pensais que Shizune se montrait optimiste, vu tes réserves, mais elle avait raison. Je sais que Kakashi n'est plus ton sensei mais, comme tu as tendance à toujours trop en faire et qu'Ensui n'est pas toujours suffisant pour te canaliser, il supervisera ton retour à l'entraînement aux côtés de ton père. Ils rentrent bientôt, de toute façon. On trouvera autre chose en attendant.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceWhere stories live. Discover now