L'eau, le fer et la brume

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L'impuissance était sans doute l'émotion la plus intense à la parcourir, plus intense encore que la peur, alors qu'elle regardait Zabuza emprisonner Kakashi dans sa prison aqueuse. Elle ne maîtrisait pas cette technique mais connaissait très bien ses spécificités et le niveau de maîtrise qu'elle nécessitait. Elle n'en était pas là, et encore moins à la version que Zabuza utilisait, avec la pression si intense dans le liquide que tout mouvement y était impossible.

— Ah là là, quelle erreur, Kakashi ! Je te tiens. Il est impossible de s'échapper de cette prison. Ça va être plus simple, maintenant que je t'ai neutralisé.

Le ninja ferma un instant les yeux et composa une mudra d'une seule main, l'autre toujours occupée à retenir son prisonnier. Entre la berge et les Genin, là où Kakashi avait précédemment dispersé un clone, un autre se reforma lentement.

— Je te réglerai ton compte plus tard, Ninja Copieur. Je vais d'abord massacrer tes chers élèves sous tes yeux, pour t'apprendre à leur promettre l'impossible.

Ce fut le clone qui reprit, d'une voix tout aussi glaciale, teintée d'une ironie mordante.

— Alors les enfants, on se prend pour des grands ninjas, avec le bandeau frontal et tout ? Mais vous savez, un vrai ninja a côtoyé la mort de près. Tant que vous ne figurez pas dans le Bingo Book... Bah, c'est à peine si on peut vous appeler des ninjas. Pour moi, vous n'êtes que des moucherons.

Le clone bougea plus vite que les yeux n'étaient capables de voir et soudain Naruto tomba, catapulté sur près de trois mètres par un coup de poing qui lui éclata la lèvre. Hitomi savait qu'il jouait, ou se retenait, l'un ou l'autre. Il aurait pu se contenter de les tuer, en un instant, sans plus d'efforts que celui de lever le bras. Sous son pied, le bandeau frontal de Naruto, celui dont il avait été si fier, était déjà recouvert de poussière.

— Les enfants, écoutez-moi ! hurla Kakashi. Emmenez Tazuna et fuyez ! Vous n'avez aucune chance contre Zabuza, mais il ne peut pas bouger tant qu'il me garde dans cette prison, et il ne peut contrôler son clone que sur quelques mètres ! Fuyez, vite !

Pendant un instant, les mots de Kakashi et l'aura meurtrière qui noyait les environs aussi sûrement que le brouillard faillirent avoir raison d'Hitomi. Elle se sentait si faible, si insignifiante, si consciente de sa propre mortalité et emplie du besoin de survivre que pendant un instant, pas même une seconde, elle envisagea d'abandonner Kakashi, de prendre ses frères et Tazuna et de courir aussi vite que possible. Et puis la honte l'envahit à l'idée de laisser un camarade derrière elle, refoulant la peur avec une efficacité implacable. Lentement, elle se redressa, assura sa prise sur la garde de son tantô.

— Kakashi-sensei, vous êtes trop prompt à vous sacrifier. Reposez-vous et admirez le spectacle, on vient vous chercher.

Le ton ferme et tranquille de sa voix sembla rendre leur courage à Sasuke et Naruto. Celui-ci croisa les doigts et créa son propre clone, qui se dépêcha de prendre Tazuna par le col et de l'éloigner hors de vue – Hitomi sentit sa présence même dans le brouillard, il s'arrêta à quelques dizaines de mètres à peine, hors de portée. À présent, les Genin pouvaient se battre sans se soucier de protéger un maillon faible. Toutefois, Hitomi refusa d'invoquer ses chats : ils étaient mortels, eux aussi, bien que difficiles à tuer, et elle ne voulait pas prendre le moindre risque les concernant. Ils étaient bien trop précieux à ses yeux.

Quand Naruto sourit et chargea droit vers le clone, Hitomi et Sasuke se trouvaient dans son ombre, leurs sabres ternis par le brouillard levés dans une position d'attaque. Ce fut la jeune fille qui prit la tête : elle était la moins forte physiquement, mais la plus rapide, et elle se chargea d'engager le clone de Zabuza pour faire diversion tandis que Sasuke le harcèlerait sur les flancs – Naruto pourrait récupérer son bandeau frontal, et ils seraient débarrassés de cette menace.

Quelque chose s'achève, quelque chose commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant