Chapitre 4

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5 Juillet 2019.

Le stress est total. Est-ce que je dois l'avouer à Patrick, ou bien lui mentir parce que j'ai peur de ma confiance envers Julian ?... Je reprends alors mon souffle :
« - eh bien en fait... On ne t'a pas tout dit, j'annonce à Patrick.
Je vois le regard de Patrick interloqué.
Je continue.
- Quand tu as appelé à l'hôtel, tous les employés étaient en pause... Alors c'est l'un des coureurs qui a décroché lorsqu'il passait par l'accueil, et c'est lui-même qui est venu me prendre en charge...
- L'un des coureurs ?
- Oui...
- Qui est-ce ? Il t'a bien accueilli au moins ? Ne t'inquiète pas, s'il ne t'a pas fait de mal, je le remercierai. Quoi qu'il en soit je ne lui en veux pas.
Je le regarde alors soulagée. Peut-être que Julian voulait juste savoir s'il pouvait me faire confiance ? Serait-ce un test ? Sont-ils proches au point que Julian saurait que Patrick n'en ferait pas tout une histoire ? C'est peut-être pour ça qu'il avait l'air si sûr de lui en remontant dans sa chambre...
- Oui il m'a très bien accueilli et j'ai eu même le droit à une visite du lieu... Il a été très gentleman, je réponds à Patrick.
- Qui soit-il, je le remercierai quand nous dînerons ce soir. Il est déjà bientôt l'heure... J'entends les cuisiniers se mettre au travail. »

Je le remercie puis 'accueil s'occupe de moi, me donne le badge pour l'ascenseur, le numéro de la chambre ainsi que les clés, puis s'occupe de monter mes valises à la suite.
Arrivée devant ma chambre, numéro 205, étage 2, j'attrape mes clés de ma poche puis ouvre la porte. Je n'ai pas de mots pour décrire cette chambre, et honnêtement, je n'ai qu'une envie c'était de prendre une douche, de me changer, puis de me reposer afin de descendre dîner... Et une fois le personnel sorti c'est ce que je fis.
J'ouvre alors mes bagages, cherche ma trousse de toilettes et part à la douche. Quelques serviettes sont déjà installées dans la salle de bain, ainsi qu'un peignoir blanc décoré d'une écriture miniature dorée sur la poitrine. On pouvait y lire "Clara Belain".
Une fois ma douche finie, je m'enroule de ce beau peignoir et me sèche les cheveux. J'ai des cheveux mi-longs, couleurs châtain clair et légèrement ondulés naturellement se mariant avec mes yeux bleu clair. Ça me fait du bien de se défaire de ce chignon que j'avais gardé toute la journée... Je me maquille légèrement avec un minimum de fond de teint afin de cacher les petites imperfections, une touche de mascara pour mes yeux, enfin un rouge à lèvres bordeaux que j'applique discrètement. J'aime beaucoup me faire jolie le soir lorsque j'ai passé toute la journée dans des vêtements plutôt confortables.
Pendant que je me prépare, j'entends mon smartphone vibrer :

*SMS 19h12 - Pat' 💙 : "Je viens te chercher dans 15 minutes pour aller dîner, quel est le numéro de ta chambre ?"*.

Je me dépêche de lui répondre afin de m'habiller, je fouille dans ma valise puis trouve quelques vêtements ; une jupe en cuir noir, et un teeshirt over size noir accompagné d'un léger imprimé blanc que je rentre dans ma jupe afin de casser une image vulgaire.
Je n'oublie pas la montre offerte par mon frère, puis je mets des sandales à talon haut.
Une fois prête, j'entends quelqu'un toquer à la porte. C'est Patrick !
En ouvrant, je vois celui-ci habillé d'une chemise blanche et d'un pantalon en jean bleu basique, portant des chaussures de ville élégantes, ainsi que sa montre et un collier en chaîne argenté très discret :
« - Tu es magnifique ! Me dit Patrick.
- Toi de même ! Je lui rétorque. »

Nous descendons alors jusqu'à la salle à manger puis vois chaque individu dans cette pièce habillé aussi très élégamment. C'est leur dernier soir juste avant le lancement du Tour, pour fêter ça ils se sont alors tous mis sur leur 31 !
Soudain un employé vient nous voir, nous indique notre table, puis on s'assieds. Elle est composée en plus de nous de quatre directeurs sportifs de l'équipe. Autour de nous, nous avons la table des kinésithérapeutes, des photographes, des coureurs, ainsi de suite... Seule celle des coureurs n'était pas encore remplie ;il y avait Kasper Asgreen, Dries Devenyns, ainsi qu'Enric Mas que j'ai rencontré toute à l'heure; les autres coureurs doivent être encore en train de se préparer.
Enric, en face de moi, me reconnais et me fait signe avec son verre comme pour trinquer à distance. Je trinque en retour :
« - C'est Enric qui t'a accueilli ? Me demande Patrick.
- Non, je l'ai juste croisé lorsque l'autre coureur me faisait visiter l'hôtel. En fait c'est Julian Alaphilippe qui m'a accueilli.
- Julian ? Toujours gentleman celui-là ! Je l'aime bien, me dit Patrick.
- Ah oui ? Il est comme ça avec tout le monde ? Je questionne Patrick.
- Non n'exagérons pas, il est souvent gentleman mais il reste comme ça seulement avec les gens avec lesquels il accroche directement. Sinon, s'il ressent d'avance que ça ne collera pas il reste discret. En revanche il n'est absolument jamais désagréable. C'est un gars simple et gentil, m'affirme Patrick le sourire en coin. »

En parlant de lui le voilà qui arrive, un sourire toujours scotché aux lèvres. Il est vêtu d'une chemise noire à manches longues accompagnée d'une veste bleue marine ainsi que d'un jean gris, portant aux pieds des baskets bleues marine très belles. Il a aussi ôté sa casquette afin d'opter pour une belle coiffure. Quand il approche de sa table il ne me remarque même pas. Il salue tous les coureurs et prend place. Il s'assied à côté d'Enric, puis celui-ci lui chuchote quelque chose le sourire en coin. Julian relève la tête et nos regards se croisent ; il retourne sa tête et fait mine de n'avoir rien vu.
Nous commençons le repas, Julian ne lâche pas l'affaire. Il prend mes paroles de toute à l'heure mot pour mot et il a la rancune tenace. Il ne sait pas encore que j'aie informé Patrick de son accueil.
Le repas s'enchaîne, sous une multitude de bavardages, accompagné de musiques douces en fond. Avec Patrick on se raconte nos vies depuis que je ne l'ai pas vu il y avait de ça deux mois, jusqu'à ce que le repas se finisse. Julian n'a toujours pas décroché le moindre regard envers moi. Mais Patrick, ne sachant rien de notre discussion, n'a pas oublié qu'il devait remercier Julian. Tout le monde s'en va dans sa chambre, et profitant de ce moment Patrick appelle Julian, qui arrive. Celui-ci a l'air troublé, je le vois le regard fuyant, ne pensant sûrement pas que j'allais en parler :
« - Ça va Julian ? Demande Patrick.
- Très bien, pourquoi tu voulais me parler ?
- Clara m'a appris pour l'accueil, merci de t'en être occupé. Ce n'était pas ton travail, alors je te remercie vraiment.
- Oh ! Ce n'est rien... Je lui ai fait visiter l'hôtel, je n'allais pas la laisser dehors... »
Patrick remercie encore une fois Julian, puis celui-ci s'en va dans sa chambre, le saluant.
Je ne pensais pas que Julian allait devenir aussi distant... Enfin bref, je ne suis pas venue pour lui, j'ai d'autres choses à faire, alors n'y pensons plus. Nous regagnons tous notre chambre.

Arrivée dans la mienne, je défais mes chaussures et m'allonge sur mon lit, puis je repense à toute cette histoire... Je dois dormir, demain est un autre jour.
Alors que j'allais me changer pour m'endormir, j'entends une musique devenir de plus en plus forte. Je ne peux pas dormir dans ce vacarme, et la musique vient de la chambre d'à côté.
Je prends alors mon courage à deux mains puis toque à la chambre 204. Ne fut pas ma surprise quand j'aperçois Julian avec son compagnon de chambre Elia Viviani, m'ouvrant la porte ! Super... :
« - Qu'est-ce que tu fais là ? Me demande Julian.
- La musique était trop forte... Je ne pouvais pas dormir.
- Tu la connais ? Questionne Elia.
- Oui... Réponds Julian. Excuse-moi Elia, je reviens. »

Julian sort de sa chambre, toujours habillé comme lors du repas. Il referme la porte derrière lui puis s'adresse à moi :
« - Écoute... Je suis désolé pour toute à l'heure je sais que j'ai été très passif... Je ne voulais pas me prendre la tête et il fallait que je redescende. De plus, je ne savais pas que tu avais parlé à Patrick...
- C'est maintenant que tu t'adresses à moi ?... Des belles paroles, comme toujours, je lui répondis déçue.
- Écoute-moi, ce n'est pas ce que tu crois. Toute à l'heure sur le parking tout allait bien... J'étais un peu contrarié de faire le boulot à la place du personnel, mais quand je t'ai vu... Je ne sais pas... J'ai tout de suite senti que ça collait...
Je l'interrompt.
- Tu penses vraiment m'avoir comme ça !?
- Non ! »
Je ne lui laisse pas le temps de continuer sa phrase puis rentre dans ma chambre en vitesse, prenant le soin de lui faire comprendre mon agacement ; en claquant la porte ; sans lui poser un seul regard.
Je m'assieds sur le lit retenant mes larmes. Aujourd'hui n'est pas un bon jour mais ce n'est pas grave, une bonne nuit de sommeil et tout sera réglé pour demain. Je me change, fais ma toilette, puis m'endors...

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